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La pause estivale est terminée pour le Parlement

Session d'automne 2010 à Berne. Keystone

L’élection de deux nouveaux ministres est au centre de la session d’automne du Parlement suisse, qui a débuté lundi. D’autres thèmes devraient toutefois provoquer le suspense: les loups, les moutons, les chiens de combat et l’âge de la retraite des femmes.

Immédiatement après les annonces de démission des ministres socialiste Moritz Leuenberger et libéral-radical (PLR / droite) Hans-Rudolf Merz, les candidatures et les spéculations sont allées bon train.

Médias et politiciens ont surtout spéculé sur le fait de savoir si le PLR, qui perd depuis des années des électeurs, pouvait conserver son second siège au gouvernement ou s’il devait le céder à l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice). Il était aussi parfois question d’attribuer le second siège socialiste aux Verts, qui constituent l’actuelle force montante de la gauche.

Mais finalement, cette agitation est assez vite retombée. Tout d’abord au niveau du nombre de candidatures. Ainsi, les démocrates chrétiens (PDC / centre-droit), qui parlaient encore de «candidatures de combat» il y a quelques semaines, ne présenteront finalement personne.

Du côté de l’UDC, c’est un peu la même chose. Alors que la direction du parti avait parlé dans un premier temps de cinq candidatures possibles de personnalités de tout premier plan, elle n’en présente finalement qu’une.

Très bonnes chances pour les candidats officiels

Dans l’intervalle, la vision de l’élection et de son issue s’est quelque peu éclaircie. Les libéraux-radicaux et les socialistes ont finalement choisi chacun un ticket où figurent deux candidats qui ont fait leurs preuves et qui sont susceptibles d’être reconnus au-delà de leur famille politique.

Il est donc plus que probable que ces deux partis conserveront leur siège. En ce qui concerne les libéraux-radicaux, reste à voir si les parlementaires préféreront le député bernois Johann Schneider-Amman ou la ministre st-galloise Karine Keller-Sutter pour prendre la succession du ministre des Finances Hans-Rudolf Merz.

Les jeux restent également très ouverts pour les deux candidates socialistes, la sénatrice bernoise Simonetta Sommaruga et la députée zurichoise Jacqueline Fehr.

L’ombre des élections fédérales

La direction de l’UDC a dû se rendre à l’évidence. Leurs meilleurs candidats n’avaient guère envie de se brûler les ailes dans une candidature sans espoir. «La variante la plus probable est que nous n’y parviendrons pas», a d’ailleurs récemment résumé le président du parti, Toni Brunner. Le groupe UDC a cependant désigné l’entrepreneur et député fribourgeois Jean-François Rime pour aller au combat.

L’UDC pourrait cependant recueillir quelques voix en dehors de ses rangs, et ce pour des raisons stratégiques liées aux élections fédérales qui auront lieu en automne 2011. Ainsi, une partie des Verts aimerait que Jean-François Rime soit élu, afin d’éviter que l’UDC n’utilise cet échec pour jouer les martyres et gagner ainsi encore des voix.

Une minorité du PDC est également tentée de voter pour le candidat UDC. Objectif: faire tomber le second siège libéral-radical et conserver intactes les chances du PDC de récupérer plus tard le second siège perdu en 2003.

Mais malgré ces quelques soutiens, les chances de Jean-François Rime sont réduites. Notamment parce que ce dernier est Romand et que les parlementaires n’éliront certainement pas un troisième francophone au gouvernement, alors que les deux postes à repourvoir reviennent à des germanophones.

Menace de référendum

Outre cette double élection au gouvernement, quelques dossiers devraient encore retenir l’attention au cours de cette session d’automne.

Ce sera notamment le cas lors du débat sur les dernières divergences entourant la 11e révision de la Loi sur l’assurance vieillesse et survivants (AVS).

Il est prévu de relever l’âge de retraite des femmes de 64 à 65 ans. Mais l’utilisation de l’argent ainsi économisé fait débat. La gauche aimerait l’employer pour favoriser la retraite anticipée des revenus modestes, ce que la droite refuse. Au cas où elle n’obtiendrait pas satisfaction, la gauche menace donc de recourir une nouvelle fois au référendum.

Bons et mauvais animaux

Les animaux tiendront aussi une place importante durant la session. En premier lieu, les élus traiteront une nouvelle fois du thème sensible des chiens dangereux. Les sénateurs doivent en effet déterminer si les cantons peuvent édicter des lois plus sévères que la Confédération dans ce domaine, ainsi que les souhaitent les députés. Jusqu’à présent, la Chambre haute a préféré une solution harmonisée pour l’ensemble du pays.

Les députés se pencheront pour leur part sur les loups en débattant de pas moins de 14 interventions parlementaires. La question concrète est de savoir si le loup doit rester ou non une espèce protégée.

En juin dernier, les sénateurs s’étaient prononcés pour le maintien de cette protection. C’est maintenant au tour des députés de trancher, et le débat s’annonce d’ores est déjà passionné. Deux camps vont d’affronter avec, d’un côté, la gauche et les députés bourgeois des zones urbaines, qui militent depuis des années pour une réintroduction du loup et, de l’autre côté, les représentants bourgeois des zones montagneuses, qui voient dans le loup et le lynx un danger pour les moutons et d’autres espèces.

L’élection des deux nouveaux ministres aura lieu dans la matinée du 22 septembre.

Ils seront élus par l’Assemblée fédérale, c’est-à-dire les deux Chambres du Parlement réunies.

Les différents partis devraient émettre des consignes de vote. Mais les parlementaires sont parfaitement libres de leur choix.

Il est déjà arrivé, par le passé, qu’ils ne choisissent pas des candidats figurant sur les «tickets» officiels des partis. Mais ce sont des exceptions; en règle générale, ce sont des candidats officiels qui sont élus.
Les socialistes présentent deux femmes: la sénatrice Simonetta Sommaruga, une réformiste appréciée par la droite, et la députée Jacqueline Fehr, une politicienne pragmatique bien connue sous la coupole.

Les libéraux-radicaux présentent le député Johann Schneider-Amman, qui fait partie des plus grosses fortunes du pays, et la ministre st-galloise Karin Keller-Sutter, qui s’est fait connaître sur la scène nationale pour sa fermeté dans les dossiers des étrangers et de la violence domestique.

Les démocrates du centre présentent un candidat (Jean-François Rime) et les Verts trois candidats (Brigit Wyss, Geri Müller et Marlies Bänziger). Mais leurs chances sont des plus réduites.

Traduction de l’allemand: Olivier Pauchard

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