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La pauvreté commence à inquiéter les Suisses

Les Suisses ont peur de tomber dans la pauvreté. swissinfo.ch

Les Suisses placent toujours le chômage en tête de leurs inquiétudes. Mais, cette année, la pauvreté fait son apparition au cinquième rang.

Comme l’année passée, le dernier Baromètre des préoccupations du Credit Suisse mentionne aussi la santé, la prévoyance vieillesse et la question des étrangers.

Le problème majeur des Suisses (71% des sondés, en progression de 2%), c’est le chômage, malgré un taux qui a été ramené à quelque 4% cette année. Mais, selon l’étude du Credit Suisse, plusieurs éléments entrent en ligne de compte.

Les personnes interrogées par l’Institut gfs.bern pour le Credit Suisse ont, certes, la crainte d’être elles-mêmes touchées, mais elles ont surtout peur de voir le coût du chômage freiner, voire paralyser la croissance.

A quoi s’ajoutent les délocalisations d’emplois, souvent évoquées dans la presse, le débat sur le contexte économique et les perspectives conjoncturelles considérées comme peu souriantes, autant de facteurs qui participent à l’inquiétude ambiante.

Santé, vieillesse… et pauvreté

De même pour les soucis exprimés ensuite. Pour le moment, le système de santé fonctionne, le financement de l’Assurance vieillesse et survivants (AVS) et de la prévoyance vieillesse est toujours assuré et le nombre de requérants d’asile est en baisse.

Mais 51% des personnes interrogées doutent que des changements majeurs soient vraiment initiés par les dirigeants politiques pour assurer les financements nécessaires à long terme.

Ce qui est nouveau dans le Baromètre 2005, c’est la nouvelle pauvreté, qui prend dorénavant la cinquième place, avec 29% des réponses (8e place en 2004 avec 22% des réponses).

Une avancée logique, pour les prévisionnistes, car la peur du chômage et celle de l’appauvrissement personnel vont probablement de pair.

Les peurs suivent les statistiques

Les quatre dernières années n’ont pas été dramatiques sur le plan économique, mais la peur du chômage continue de croître depuis cinq ans.

Dans son enquête, gfs.bern fait apparaître différents groupes d’opinion. Le sujet du chômage semble particulièrement brûlant pour les employés et les cadres du secteur privé ainsi que pour les salariés aux revenus moyens et élevés.

Par contre les personnes à très hauts revenus, tous secteurs confondus, s’en inquiètent moins. Ce groupe d’opinion comprend aussi les indépendants, les propriétaires immobiliers, les citoyens exerçant activement leur droit de vote et les personnes sans activité lucrative.

D’une manière générale, cependant, la courbe (ascendante depuis 2000) évolue parallèlement aux statistiques officielles du chômage. Plus l’éclairage de la presse est négatif, plus le chômage est cité par les personnes interrogées.

Santé et vieillesse

La situation se présente un peu différemment pour les problèmes du système de santé et de la prévoyance vieillesse. Les seniors et les personnes à bas niveau d’instruction et de revenus manifestent plus d’inquiétude pour l’évolution du système de santé et de l’AVS.

Sur ce point, les jugements varient plus fortement que les autres années entre les différentes régions linguistiques, la Suisse romande se montrant nettement plus inquiète que la Suisse italienne ou la Suisse alémanique.

Couches moyennes plus sceptiques

Malgré leurs problèmes, les Suisses restent sereins face à leur situation économique personnelle. Tout semble aller très bien pour 9% d’entre eux, tandis que 44% estiment que leur situation est «bonne».

gfs.berne souligne néanmoins que l’appréciation est plus négative pour les couches de revenus moyens, qui sont sceptiques quant à une nette amélioration de la situation économique générale dans un proche avenir.

Il n’en reste pas moins que, malgré le contexte global, l’évolution de la situation économique personnelle est jugée un tout petit peu plus favorable que ces trois dernières années.

Les politiques pas toujours à la hauteur

Etant donné l’opinion plutôt critique sur les dernières années et les attentes circonspectes pour l’avenir, le bilan n’est pas particulièrement flatteur pour les milieux politiques et économiques.

48% des citoyens estiment que, bien souvent, les hommes politiques ne sont pas à la hauteur de leur tâche, et 46% pensent qu’il en est de même dans la vie économique. Cela correspond à peu près au niveau de l’an passé.

Les analystes de gfs.berne émettent l’hypothèse que de plus en plus de gens sont déçus par les politiques. Cependant, au lieu de prendre leurs distances, ils s’y adonnent davantage… mais dans l’opposition.

swissinfo

Selon le Baromètre des préoccupations 2005, le chômage vient en 1re place, avec 71% (69% en 2004), puis:
le système de santé, 51% (56%)
la prévoyance vieillesse 45% (49%)
la question des étrangers, 30% (24%)
la pauvreté, 29% (22%)

– Le Credit Suisse fait effectuer l’enquête du Baromètre des préoccupations depuis 1976 auprès de la population suisse en âge de voter.

– Ce baromètre, réalisé par l’Institut gfs.bern, reflète les jugements des citoyens, collectés dans des entretiens personnels.

– Cette année, l’enquête a été réalisée entre le 15 août et le 2 septembre auprès de 1000 personnes représentatives de l’ensemble de la population en âge de voter.

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