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La pianiste et l’ingénieur faits conseillers fédéraux

La battante socialiste Simonetta Sommaruga et l'industriel libéral-radical Johann Schneider-Ammann une fois leur élection acquise. Keystone

Le Conseil fédéral change de visage avec l’élection mercredi de la sénatrice socialiste bernoise Simonetta Sommaruga et du député libéral-radical, bernois lui aussi, Johann Schneider-Ammann. Le portrait des deux nouveaux élus, qui faisaient souvent figure de favoris.

Simonetta Sommaruga a confirmé mercredi son rôle de favorite à la succession de Moritz Leuenberger au Conseil fédéral. A 50 ans, la socialiste réformiste est populaire et appréciée d’une partie de la droite.

La Bernoise n’a commis aucun faux pas depuis qu’elle a annoncé le 11 août qu’elle était candidate. Elle a bénéficié aussi du soutien unanime de la section bernoise du Parti socialiste (PS). Dans ses déclarations, Simonetta Sommaruga s’est surtout attachée à relever l’importance de la recherche du compromis en politique.

Membre du PS depuis 1986, Simonetta Sommaruga est l’une des signataires du Manifeste du Gurten élaboré en 2001, document qui plaide pour davantage de concurrence et moins d’Etat dans certains secteurs. Une prise de position qui avait fait grincer les dents de certains dans son parti.

Politicienne réputée pour sa pugnacité sur les dossiers, Simonetta Sommaruga n’appartient pas à l’aile syndicale du Parti socialiste. Elle se profile plutôt comme la représentante de la classe moyenne et des consommateurs. Elle n’a d’ailleurs pas hésité à remettre en cause certaines orientations de son parti.

Une battante

Considérée comme une battante, la Bernoise est entrée en 2003 au Conseil des Etats (Chambre haute), en réalisant un excellent score. De 1999 à 2003, elle a siégé au Conseil national (Chambre basse). La candidate au Conseil fédéral peut se prévaloir d’une expérience de l’exécutif après avoir été conseillère municipale de Köniz, commune de près de 40’000 habitants, de 1997 à 2005.

Présidente de la Fondation pour la protection des consommateurs, la sénatrice n’hésite pas à s’attaquer au «lobby» pharmaceutique comme lorsqu’elle réclame une baisse du prix des médicaments. Elle dénonce aussi la cherté de la Suisse et entend protéger le consommateur de la conclusion de contrats sur Internet.

Depuis 2009, elle est membre de la Fondation Slow Food Suisse, une organisation qui milite en faveur d’une alimentation écologiquement responsable. Des convictions qui lui permettent d’être proche sur ce point des Verts. Simonetta Sommaruga a également présidé durant plusieurs années le conseil de fondation de Swissaid.

Musique et mots

Avant d’entamer sa carrière politique, cette Tessinoise d’origine née le 14 mai 1960 à Sins (canton d’Argovie) a suivi une formation de pianiste au Conservatoire de Lucerne. Elle est mariée à Hans-Rudolf Lehmann, écrivain de 15 ans son aîné connu en Suisse alémanique sous le nom de Lukas Hartmann.

Toujours donné parmi les favoris, Johann Schneider-Ammann a lui aussi franchi l’étape ultime et succède à Hans-Rudolf Merz. Libéral ancré à droite, cet industriel bernois avait les faveurs des milieux économique.

Au Conseil national depuis 1999, le libéral-radical de 58 ans n’est pas un ténor de la politique fédérale. Il fait plutôt figure de leader en matière d’absentéisme. A la tête d’un empire industriel, il avoue devoir consacrer du temps à ses affaires. Selon le palmarès des plus grosses fortunes de Suisse du magazine Bilan, les Schneider-Ammann disposeraient de 500 à 600 millions de francs.

Au Parlement, ce patron, vice-président d’economiesuisse, est un ardent défenseur du libéralisme économique. Il soutient la concurrence fiscale, la libéralisation des heures d’ouverture des magasins et combat le salaire minimum.

Bien à droite

Johann Schneider-Ammann s’oppose résolument à l’extension des assurances sociales et a fait campagne contre l’assurance maternité. Selon lui, les prestations doivent plutôt être revues à la baisse et l’âge de la retraite porté à 67 ans. En politique européenne, il défend avec ardeur la voie bilatérale.

Selon son profil politique établi par smartvote, le Bernois est, hors des rangs UDC (droite conservatrice), le plus à droite des candidats à l’élection au Conseil fédéral du 22 septembre. Il se distingue toutefois du démocrate du centre Jean-François Rime par une plus grande ouverture en matière de politique étrangère et une ligne moins dure en matière de sécurité intérieure.

Le capitaine d’industrie a par ailleurs une image d’homme intègre ayant les pieds sur terre. Il n’a pas attendu la crise pour s’en prendre aux salaires abusifs et a fustigé l’attitude des banques durant la tempête. Si ses qualités de représentant de l’économie réelle sont souvent mises en avant par ses partisans bourgeois, elles lui valent aussi un certain respect de la part des syndicats.

Comme président de Swissmem, l’association faîtière de l’industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux, il sait ce qu’est un partenariat social, plaide ainsi Corrado Pardini. Membre de la direction du syndicat UNIA, ce dernier a négocié avec le libéral-radical la convention collective de travail de l’industrie des machines.

Un industriel

Fils de vétérinaire, Johann Schneider a rejoint le groupe de son beau-père Ulrich Ammann au début des années 1980, sis à Langenthal. Ingénieur de formation et diplômé de l’Insead, institut européen d’administration à Fontainebleau (France), ce père de deux enfants a étendu et internationalisé les activités du groupe, comme son partenaire commercial Nicolas Hayek.

Il a plus que quadruplé le chiffre d’affaires réalisé avec des machines de production d’asphalte, de béton et de machines, la portant à plus d’un milliard de francs. Il peut afficher d’autres succès sur le terrain. En 2003, il a sauvé la société biennoise Mikron.

Sur son site internet, le capitaine d’industrie se targue surtout d’avoir réussi à maintenir les emplois en Suisse malgré la crise. L’entreprise familiale créée en 1869 y occupe entretemps 1200 personnes (3000 dans le monde).

Quand Depuis 1848, l’Exécutif de la Confédération suisse se nomme Conseil fédéral.

Combien Le Conseil fédéral se compose de sept membres.

Par qui Le Conseil fédéral est élu par le Parlement.

Incapacité Le Parlement ne peut pas démettre le Conseil fédéral tout comme ce dernier ne peut pas dissoudre le Parlement.

Ensemble Les sept membres du gouvernement prennent leurs décisions en commun.

Chef Les fonctions de président de l’Etat ou de chef du gouvernement n’existent pas en Suisse. Le président de la Confédération, toujours élu pour une période d’un an, préside les séances du Conseil fédéral et assume une fonction protocolaire. Il n’a pas davantage de pouvoir que les six autres membres du gouvernement.

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