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La population de Tchernobyl a toujours besoin d’aide

Les enfants continuent aussi à payer un prix fort à cette catastrophe majeure. Keystone / AP Photo / Str

A l´instar de nombreux pays, la Suisse a apporté son soutien à la population touchée par la catastrophe nucléaire. Après les premières interventions médicales, l´aide suisse se concentre aujourd´hui sur la promotion de la santé.

En 1986, le quatrième réacteur de Tchernobyl explosait. Il contenait 192 tonnes de combustible irradié. Aujourd’hui, il est toujours impossible de mesurer avec précision le réel impact de la plus grave catastrophe nucléaire civile connue à ce jour.

Certes, l’accident n’a pas provoqué les dizaines de milliers de morts et de malades annoncés il y a 15 ans. Mais le bilan reste des plus alarmants. Pollution durable des eaux et du sol, maladies psychologiques, cancers de la thyroïde sont aux nombre des fléaux qui se sont abattus sur les populations de la région.

Pour faire face à une situation sanitaire des plus difficiles, l’aide internationale s’est rapidement organisée. Pour sa part, depuis 1992, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a choisi de soutenir la lutte contre les cancers de la thyroïde. La Confédération a investi près de 7 millions de francs dans ce programme chapeauté par l’Organisation mondiale de la santé.

«Les résultats ont été réjouissants, explique Jürg Marti, responsable du service de formation de l’OFSP. Grâce à des interventions rapides et ciblées, nous sommes parvenus à sauver la majorité des 640 cas de cancers enregistrés dans le périmètre à risque autour du site de Tchernobyl.»

Selon les chiffres disponibles, seules une dizaine de personnes seraient mortes des suites de cancer de la thyroïde. Pourtant, dans les régions les plus touchées par les retombées radioactives, on a pu enregistrer une recrudescence de cette maladie jusqu’à trois fois supérieure à la normale.

«Il n’y a toutefois pas eu un nombre de cas de cancer de la thyroïde de leucémies aussi important qu’on le craignait, précise Jürg Marti. Le programme de l’OMS sera d’ailleurs interrompu à la fin de cette année.»

Pour autant, sur le terrain la lutte pour la survie est loin d’être terminée. «Les maladies déclarées ne sont pas les pires, déclare Christina Bigler, chef du programme Socmed (Social and medical Care) de la Croix-Verte suisse.

Dans la zone contaminée, il n’y a pas un enfant qui ne présente pas une, voire plusieurs pathologies indéterminées. C’est cela la véritable catastrophe. Elle est permanente et quotidienne.»

A l’instar de presque toutes les organisations humanitaires, par le biais de Socmed, depuis 1995, la Croix-Verte suisse œuvre en Ukraine, en Russie et en Biélorussie

Son objectif: assurer la promotion de projets médicaux et sociaux destinés prioritairement aux mères et aux enfants. Elle organise notamment des camps thérapeutiques ainsi que des programmes de formation et d’alimentation visant à améliorer l’existence quotidienne de la population.

«Il faut aider les gens à retrouver leur équilibre, souligne Christina Bigler. Par delà les maladies physiques, on doit également faire face à de nombreux problèmes psychologiques qui aggravent les situations. Ici, la moindre maladie infantile peut déclencher des crises de panique.»

En effet, les populations proches de la centrale ont dû affronter l’incertitude et la peur. Selon les spécialistes, Tchernobyl a causé une flambée de dépressions et de maladies psychosomatiques graves. Sans compter une recrudescence de l’alcoolisme, l’augmentation du nombre de suicides et une baisse de la natalité tangible.

Vanda Janka

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