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La population veut fêter le 1er Août au Grütli

La prairie du Grütli sera-t-elle déserte le 1er Août? Keystone

Les Suisses veulent que la fête nationale du 1er Août sur la symbolique prairie du Grütli ait lieu. C'est ce que révèle un sondage publié par le journal alémanique 'SonntagsBlick'.

De son côté, la présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey se montre ferme dans sa volonté d’être présente le 1er Août au Grütli. Selon elle, renoncer reviendrait à capituler devant les extrémistes de droite.

Pour la première fois depuis 58 ans, la Fête nationale du 1er Août sur la mythique prairie uranaise a été annulée.

Les cantons riverains et la Confédération n’ont en effet pas réussi à s’entendre sur la prise en charge des frais de sécurité liés à la venue, ces dernières années, de groupes d’extrême droite et de contre-manifestants.

L’affaire n’en continue pas moins de provoquer des remous en Suisse. Selon un sondage commandé à l’Institut Isopublic par le ‘Sonntagsblick’ et portant sur 500 personnes, 57,5 % des Suisses souhaitent que la fête du 1er Août au Grütli ait lieu, alors que 35,7 % sont contre.

Plus de la moitié des personnes sondées (56,2 %) estiment en outre que la Confédération doit participer financièrement aux frais de sécurité. Elles sont 39,4 % à ne pas approuver une telle participation.

Enfin, pour près de deux tiers des sondés (64,3 %), le Grütli est un «symbole national». Les propos du président de l’Union démocratique du centre (UDC, droite nationaliste) Ueli Maurer, qui avait qualifié l’endroit d’une «simple prairie parsemée de bouses de vaches», ont dès lors été majoritairement perçus comme un affront. Seuls 6% des sondés partagent son opinion.

Liberté d’expression

Quant à la présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey, qui devait cette année être présente sur le Grütli aux côtés de la présidente du Conseil national (Chambre basse) Christine Egerszegi, elle n’entend pas renoncer, comme elle l’a d’ailleurs laissé entendre dès jeudi.

Dans la presse dominicale, elle appelle donc les Suissesses et les Suisses à la rejoindre le 1er Août. «Il en va de notre liberté de mouvement et d’expression (…). La meilleure manière d’affirmer qu’on tient à ces valeurs, c’est d’être nombreux là-haut. Venez tous avec moi au Grütli!», lance-t-elle dans des interviews accordées au ‘Matin Dimanche’ et à la ‘SonntagsZeitung’.

«Ce qui est en cause avec certains extrémistes, c’est leur volonté d’interdire l’expression des autres. Et c’est sur ce point que les démocrates ne doivent en aucun cas se résigner», explique la socialiste. Selon elle, le Grütli doit rester ouvert à tous, y compris aux extrémistes qui devraient connaître «les fondements de notre démocratie, le respect de l’autre et l’acceptation de sa liberté».

Bataille en vue sur le Grütli?

Interrogée sur la responsabilité qu’elle prend en faisant venir des familles en cas d’éventuelles violences, elle répond être «pleinement confiante dans la capacité des Suissesses et des Suisses de vivre ensemble de manière pacifique.» Elle n’arrive par ailleurs pas à croire «qu’on puisse se battre sur la prairie du Grütli.»

A propos de la sécurité, Micheline Calmy-Rey rappelle de plus qu’elle est de la responsabilité primaire des cantons. Et il n’y a selon elle pas de raison pour que cela change. Pour elle, le problème n’est pas financier. Il découle «de la crainte des cantons de Suisse centrale de voir la cérémonie se transformer en forteresse protégée par l’armée et la police, face à des mouvements d’extrême droite qui s’affairent à troubler la fête.»

Micheline Calmy-Rey se refuse toutefois à préciser par quels moyens elle se rendra sur la prairie et comment elle entend contrer d’éventuels chahuts.

Affront à la ‘suissitude’

Revenant sur les propos d’Ueli Maurer, Micheline Calmy-Rey déclare être «un peu surprise que ceux qui se gargarisent tous les jours avec la liberté d’expression, précisément ceux-là, refusent à deux femmes de pouvoir s’exprimer librement» sur ce site.

Quant à la présidente de la Commission du Grütli Judith Stamm, elle ne comprend pas que le Conseil fédéral n’ait pas voulu faire un geste et participer aux frais de sécurité. Il est «culturellement en retard» car la «suissitude est ‘in’», a-t-elle déclaré.

swissinfo et les agences

Selon la légende, c’est sur la prairie du Grütli que les représentants des cantons d’Uri, Schwytz et Unterwald se sont réunis pour fonder la Confédération, en 1291.

La prairie est devenue un lieu de mémoire patriotique dès le 17e siècle. Le souvenir du mythe fondateur s’est encore renforcé tout au long du 19e siècle.

C’est sur le Grütli qu’en 1940 le chef de l’armée suisse – le général Guisan – a fait un discours historique aux principaux officiers pour ranimer la volonté de résister à une éventuelle invasion allemande.

Une petite fête nationale est organisée chaque année sur le Grütli.

Par deux fois, en 2000 et 2005, des manifestants d’extrême-droite y ont insulté le président de la Confédération alors qu’il tenait un discours. C’est depuis lors que les mesures de sécurités ont été renforcées.

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