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La question palestinienne s’invite au BIT

Travailleurs palestiniens reconstruisant une maison détruite par les Israéliens à Naplouse en avril 2002. swissinfo.ch

A Genève, la Conférence internationale du travail veut aider les travailleurs palestiniens dans les territoires occupés. L'essentiel reste à faire.

La situation des travailleurs palestiniens dans les territoires occupés aura été le sujet le plus chaud, pour ne pas dire le plus périlleux des trois semaines du rendez-vous annuel du Bureau international du travail (BIT).

«La Conférence n’a pas dérapé», constate l’ambassadeur Jean-Jacques Elmiger qui, au nom de la Suisse, présidait les travaux de l’assemblée.

Il avait d’ailleurs lui-même invité les quelque 3’000 délégués à placer les débats à un niveau de dignité et de recherche de consensus.

Au bout du compte, s’agissant de la thématique proche-orientale, la conférence a pris acte de la proposition du directeur général du BIT de créer un Fonds spécial pour les travailleurs palestiniens.

Le dire et le faire

L’objectif est de soutenir des emplois dans des travaux publics de petite échelle pour la reconstruction d’infrastructures de base, des programmes de formation professionnelle ou encore des micro-crédit en faveur de projets de travailleurs indépendants et de petites entreprises.

Encore faudra-t-il mettre tout cela en pratique. Procéder à une étude de faisabilité. Puis convaincre gouvernements et institutions internationales d’en financer la réalisation. Il y aurait déjà, dit-on, des promesses dans ce sens. Mais, de toute évidence, cela prendra du temps.

Reste le contexte politique sur lequel le BIT n’a évidemment aucune prise. Son seul créneau d’intervention possible, c’est ce que son directeur, Juan Somavia, appelle «les aspects subjectifs» de la situation, c’est-à-dire les frustrations des travailleurs palestiniens et les répercussions négatives du blocus économique des territoires.

«Le BIT a-t-il encore des dents ?»

La Conférence se termine donc sur des promesses, mais sans aucune résolution formelle. Le projet soumis par le monde arabe n’a pas passé le cap des commissions. D’où les critiques: le BIT n’a plus de mordant, il esquive les problèmes.

«Qu’aurait apporté une résolution politique, demande l’ambassadeur Jean-Jacques Elmiger, aurait-elle fait avancer la cause de la justice sociale dans la région?»

Poser la question, c’est y répondre. Il y aurait eu blocage. «Les gouvernements ont eu un doute, poursuit le diplomate suisse, ils ont donc préféré se rabattre sur des mesures techniques sur lesquelles il y a consensus». Y compris du côté israélien et américain.

Le BIT, dit-on, veut aussi exploiter au mieux son excellent crédit dans la région. Soit dit en passant, c’est en effet la seule organisation spécialisée des Nations Unies à avoir pu se rendre sur place et prendre contact avec toutes les parties concernées par le conflit israélo-palestinien.

Soutien helvétique

Du côté suisse, on soutient fermement les propositions du BIT. «A l’évidence, déclarait l’autre jour son chef de délégation, Jean-Luc Nordmann, sans assouplissement ou levée des bouclages, aucun progrès économique et social ne sera possible du côté palestinien.»

Mais Berne n’est pas indifférente non plus à cette autre analyse du BIT qui appelle à des réformes des institutions de l’Autorité palestinienne pour en accélérer la démocratisation et la transparence.

Tout cela est-il bien réaliste? L’ambassadeur Jean-Jacques Elmiger – pour qui la fin de cette conférence est synonyme de fin de mandat pour la Suisse au sein du Conseil d’administration du BIT (tournus oblige) – espère en tout cas que le travail de ces trois semaines sera pris en compte dans les plans de paix élaborés à Washington et à l’ONU.

swissinfo/Bernard Weissbrodt à Genève

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