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La ruée des transsexuels thaïlandais vers les cabarets suisses

La filière thaïlandaise constitue un vrai réseau de trafic d'être humains. Keystone Archive

Les milieux interlopes de Londres, Zurich ou Hambourg sont une terre d'élection privilégiée pour les transsexuels thaïlandais. La police de Bangkok vient d'alerter les différentes chancelleries concernées sur l'existence de réseaux de passeurs très bien organisés pour aider les travestis siamois à se rendre en Europe.

En Thaïlande, leur intégration à la société est souvent citée en exemple. Les travestis ou les transsexuels thaïlandais – les Kratoey comme on les appelle là-bas – ne sont pas victimes dans l’ancien royaume de Siam de la discrimination qu’ils rencontrent d’ordinaire ailleurs.

Mais cette intégration ne les empêche pas d’émigrer en masse. Beaucoup se rendent en particulier en Europe pour travailler dans les cabarets voire s’y prostituer. La police locale, alertée par les ambassades thaïlandaises en Europe, vient de se saisir du dossier.

La première démarche effectuée par les policiers thaïlandais a consisté à rédiger une note d’information a l’intention des chancelleries. L’ambassade de Suisse à Bangkok va bientôt recevoir ce document, qui sensibilise les diplomates aux trafics de visa et aux multiples combines utilisées par les transsexuels pour franchir les frontières légalement.

Le cas de la Confédération n’est toutefois pas jugé prioritaire à Bangkok. L’Allemagne est le premier pays concerné par cet exode d’un nouveau genre, facilite par la présence outre-Rhin d’une forte communauté thaïe, estimée à 36 000 personnes.

En Suisse, la destination prioritaire de ces transsexuels opérés en Thaïlande – ou de nombreux hôpitaux proposent des changements de sexe – est le canton de Zurich. Beaucoup échouent dans les cabarets de la ville déjà connus pour entretenir des liens étroits avec les réseaux dans l’ancien royaume de Siam.

Les autorités thaïlandaises ont en outre entamé une enquête sur la délivrance des visas dans les différentes ambassades européennes. Le gouvernement de Bangkok juge certaines chancelleries trop laxistes sur l’attribution de ces derniers, d’où l’afflux de prostituées déguisées en artistes ou, comme pour la Suisse, en danseuses de cabaret.

Le nouveau Premier ministre Thai Thaksin Shinawatra a récemment regretté l’image déplorable que donne de son pays ces trafics d’êtres humains de l’Asie vers l’Europe.

Philippe Marret, Bangkok

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