Après 16 dossiers bouclés en trois semaines, la 3e session extra muros du Parlement fédéral a pris fin vendredi à Flims, dans les Grisons.

Le 4 décembre, les Chambres fédérales se retrouveront au Palais fédéral - en pleine rénovation - pour la session d'hiver.

Le Parlement est satisfait de son séjour de trois semaines à Flims. Les présidents des deux Chambres ont tiré un bilan positif.

Pour le président du Conseil national (Chambre basse) Claude Janiak, le Parlement a pris une «bonne décision» en donnant son feu vert à l´organisation d´une session dans les Grisons. Elle a été un «plein succès», s´est félicité le socialiste bâlois, qui souhaite «emmener à Berne l'esprit de Flims».

Le Parlement a, selon lui, beaucoup travaillé et pris beaucoup plus d'importantes décisions politiques que d'habitude.

De son côté, le soleurois Rolf Büttiker, président du Conseil des Etats (Chambre haute) a estimé que «Cette session nous a permis de vivre la réalité grisonne».

Elle a été l´occasion d´aborder des problématiques locales comme celle du rhéto-romanche, du tourisme ou de la Porta Alpina (nom donné au projet de gare ferroviaire en construction à Sedrun, au milieu du Tunnel de base du Saint-Gothard). «Les revendications exprimées sont toutes justifiées, mais pas forcément réalisables», a ajouté Rolf Büttiker.

Electricité et transports

Quatre ans après le refus populaire de libéraliser le marché de l'électricité, le Conseil des Etats s'est rallié au national en reconnaissant la nécessité d'adapter le marché à la nouvelle donne internationale.

Dans une première phase, les entreprises les plus gourmandes en énergie pourront choisir librement leur fournisseur lors de l'entrée en vigueur de la loi. Le marché sera ouvert pour tous dans une 2e phase, en principe cinq ans plus tard.

Le Conseil des Etats a aussi approuvé la création d'un fonds d'infrastructure de 20,8 milliards pour financer pendant 20 ans les travaux d'amélioration des transports dès 2008.

Baisse fiscale et réforme de l'armée

Le Conseil national a, de son côté, suivi les sénateurs en acceptant une réforme fiscale. Malgré la menace de référendum brandie par la gauche, les députés ont décidé de ne taxer les dividendes sur les actions des entreprises qu'à 50%

Le projet prévoit également des déductions fiscales en faveur des couples mariés, jusque là discriminés par rapport aux concubins. Ainsi, les époux avec double revenu obtiendront une déduction plus élevée (12'500 francs au maximum) sur l´impôt fédéral direct.

Enfin, le Conseil national a vivement critiqué la réforme de l'armée prévoyant la diminution du nombre de troupes de combat défendant le territoire suisse dès 2008. Armée 21, la dernière réforme, avait été accepté en 2003.

A noter que vendredi, la Chambre du peuple a pris congé de deux de ses membres, le Saint-Gallois Felix Walker (parti démocrate-chrétien, centre) et le Vaudois Yves Christen (parti radical, droite). M. Christen, qui a présidé ce conseil en 2002/2003, était «un collègue pas avare en amitié et un parlementaire de premier plan», a commenté Claude Janiak.

Plus de 10'000 visiteurs

Pour le président du gouvernement grison Claudio Lardi, le bilan est aussi positif. Les Chambres ont siégé dans des conditions acceptables. Le public a répondu aux attentes, avec 10'032 visiteurs en trois semaines. La région a gagné en visibilité et les décideurs grisons ont bénéficié de nombreux contacts politiques, a-t-il déclaré.

Avant que les parlementaires ne sablent le champagne et ne prennent congé, ils ont pu découvrir une plaque commémorative en bronze marquant la tenue de la session.

Scellée dans un morceau de rocher de 2,1 tonnes placé dans les jardins du palace où s'est déroulée la session, elle affiche le logo de l'Assemblée fédérale et porte l'inscription: «Sessiun d'atun da las chombras federalas - 18 da settember 6 d'october 2006».

Après cet exil de trois semaines dans les Grisons, les parlementaires fédéraux ont pu regagner leurs pénates vendredi. Le rythme de travail de la session d'automne a été soutenu, mais certains ont su profiter des délassements offerts dans une région touristique.

Parlementaires partagés

Contrairement à ce qui s'était passé lors des sessions délocalisées à Lugano et à Genève, cette édition n'avait rien d'allégé, a assuré l'écologiste fribourgeois Hugo Fasel.

Yves Christen, député vaudois sortant, a estimé que l'un des mérites de la session «extra muros» aura été de faire prendre conscience que le romanche n'est pas une «langue folklorique».

Mais d'autres n'ont pas apprécié l'exil, comme le conseiller national zurichois Christoph Mörgeli (Union démocratique du centre, droite dure), qui a jugé indécent de se réunir dans un hôtel cinq étoiles alors qu'il est question de faire des coupes budgétaires dans le domaine de la sécurité.

swissinfo et les agences

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