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La Suisse appelle le monde à lier sécurité et droits de l’homme

Didier Burkhalter est apparu lundi à Genève avec des béquilles et une attelle à la cheville. Le ministre des affaires étrangères s'est fait une entorse lors de l'inauguration du tunnel du Gothard. KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Pas de sécurité sans droits de l’homme. A l’occasion des 10 ans du Conseil des droits de l’homme, le conseiller fédéral Didier Burkhalter a appelé lundi à Genève à rapprocher ces éléments fondamentaux à l’ONU.

Cet Appel du 13 juin pour mettre les droits de l’homme au coeur de la prévention des conflits est soutenu par plus de 60 pays. Il prévoit de rapprocher Conseil des droits de l’homme et Conseil de sécurité. Les rapports pertinents du premier sur la prévention des conflits devront être soumis au second par le secrétaire général de l’ONU.

Autre demande, les Etats membres du Conseil de sécurité devraient solliciter plus régulièrement des briefings du Haut Commissaire aux droits de l’homme. Et se baser sur les rapports et mécanismes du Conseil des droits de l’homme. La Suisse appelle également les membres de l’ONU à soutenir le Haut Commissariat et à mieux intégrer les droits de l’homme dans leur prévention des conflits.

“C’est ainsi que nous progresserons réellement dans notre capacité commune à prévenir la guerre et la souffrance”, a indiqué le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) à l’ouverture de la 32e session du Conseil. Dans les dix prochaines années, M. Burkhalter souhaite une enceinte capable d’anticiper et de promouvoir davantage la paix et la sécurité.

Condamnation réaffirmée

En dix ans, le “Conseil des droits de l’homme a permis de revitaliser l’action des Nations Unies en matière de droits de l’homme”, estime M. Burkhalter. Notamment grâce à l’Examen périodique universel (EPU) qui a évalué la situation dans tous les Etats membres de l’ONU. Mais aussi aux procédures spéciales.

Pour autant, le conseiller fédéral tire un bilan contrasté de la situation des droits de l’homme. “Une décennie a suffi pour prouver que ce Conseil est capable de réagir rapidement aux violations des droits de l’homme”, dit-il. Mais elle n’a en revanche pas suffi, “de loin, pour progresser largement dans le respect des droits de l’homme”.

Un débat de haut niveau est prévu dans l’après-midi avec la participation sur place ou par vidéo de tous les anciens présidents du Conseil. Après le président de la Confédération Johann Schneider-Ammann, M. Burkhalter a par ailleurs réitéré la condamnation suisse de la tuerie en Floride.

De son côté, le Haut Commissaire aux droits de l’homme Zeid Raad al-Hussein a salué les approches “innovatives” de nombreux Etats face aux défis économiques et sociaux. Il a salué l’initiative pour un revenu de base inconditionnel (RBI), rejetée toutefois récemment par le peuple suisse. D’autres pays expérimentent de nouveaux moyens de protection sociale et de revenus de base.

Irak et Erythrée

M. Zeid s’est en revanche demandé si la communauté internationale existait encore. Au moment où la Commission interaméricaine des droits de l’homme a dû couper son personnel de 40%. Et où des Etats s’en sont retirés, alors que d’autres menacent d’une action similaire auprès de la Cour pénale internationale (CPI), de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), de l’ONU ou de l’UE.

Un paradoxe alors que tous les 193 Etats membres de l’ONU assistaient lundi à l’ouverture du Conseil des droits de l’homme, une première. D’autant plus que “la haine se généralise” dans le monde, indique le Haut Commissaire qui a évoqué de nombreux abus des droits de l’homme et des atteintes aux institutions.

Parmi les nombreuses situations soulignées, M. Zeid dénonce la détention d’enfants dans les centres d’accueil de réfugiés en Grèce ou en Italie. Mais aussi la situation de dizaines de milliers de civils toujours bloqués à Falloujah, en Irak.

Après le rapport de la Commission d’enquête sur l’Erythrée la semaine dernière qui a dénoncé de nombreux abus, le Haut Commissaire a proposé son soutien au gouvernement pour la mise en oeuvre des recommandations. Il a salué la relaxe récente d’anciens prisonniers de guerre étrangers et d’anciens combattants érythréens.

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