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La Suisse attend une issue positive de la Conférence de La Haye sur le climat

Depuis le sommet de Rio, la qualité de l'environnement s'est encore dégradée. Keystone

La Conférence de l´ONU sur le réchauffement du climat a vu lundi l´entrée en scène des ministres de l´environnement. Les diplomates ont fait leur travail, aux politiques de conclure. Côté suisse, on croit encore que l´esprit de compromis l´emportera.

À La Haye, les ministres de l’environnement des États de la planète ont pris le relais des diplomates qui pendant une semaine avaient travaillé d’arrache-pied sur les dossiers épineux de la Conférence. L’ambiance était très studieuse, mais également tendue, dit-on dans la délégation suisse: «on a avancé sur certains points techniques, c’est aux ministres de prendre maintenant les décisions politiques».

Ce ne sera pas facile, car grosso modo trois camps s’affrontent. Les pays en développement, d’abord, attendent fermement que les pays industrialisés les aident financièrement et de manière substantielle à poursuivre leur croissance économique sans polluer davantage. C’est une condition sine qua non de leur feu vert aux autres décisions que pourrait prendre la Conférence d’ici jeudi soir ou vendredi matin au plus tard.

Les pays riches, eux, sont loin de faire cause commune. Les Européens d’un côté, les États-Unis, le Japon et l’Australie de l’autre, ont des vues fort divergentes sur la meilleure façon de mettre en œuvre le protocole conclu à Kyoto en 1997, qui fixe pour chaque pays des objectifs chiffrés en matière de réduction des gaz à effets de serre.

«C’est trop dire que de parler véritablement de conflit, explique José Romero, l’un des experts de la délégation suisse. Mais c’est vrai qu’il faudra absolument trouver un compromis entre ceux qui comme les Américains réclament un maximum de flexibilité et ceux qui comme les Européens et les Suisses prônent au contraire des normes de prudence.»

«Nous autres Suisses, poursuit-il, avons tout intérêt de faire valoir notre point de vue dans ce débat, car nous faisons partie de ce groupe de pays qui ont les plus grandes obligations de réduction des gaz à effet de serre». C’est-à-dire 8 pour cent à l’horizon 2010 par rapport aux données relevées en 1990.

«Ce que nous cherchons, dit-encore José Romero, c’est une clarté totale sur la mise en application du Protocole de Kyoto pour pouvoir ensuite le proposer aux parlementaires qui devront le ratifier. Si nous manquons d’éléments de certitude, nous ne pourrons pas les convaincre de souscrire à ce traité international.»

Et en cas d’échec? Ce serait vraiment très grave, juge-t-on dans la délégation suisse. Ce serait mal perçu non seulement par les opinions publiques, mais aussi par les acteurs de l’économie privée dont on attend un effort pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Et encore par les consommateurs qui interpréteraient cet échec comme une incapacité des hommes politiques à sauver une qualité de climat essentielle à toute vie.

Son point de vue, la Suisse aura l’occasion de le défendre une fois encore mardi soir dans l’assemblée plénière de la Conférence de la Haye. En l’absence du conseiller fédéral Moritz Leuenberger, retenu par d’autres tâches à Berne, c’est Philippe Roch, le patron de l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage qui rappellera que c’est d’abord chez eux que les pays industrialisés doivent réduire les émissions de gaz carbonique.

Ce message, la délégation suisse s’efforce aussi de le faire passer dans les coulisses de la Conférence à travers un groupe informel dit «de l’intégrité environnementale» qu’elle a constitué avec la Corée et le Mexique, et auquel s’est joint lundi le Liechtenstein. Avec ces pays, explique José Romero, «nous échangeons nos informations et nos idées; parfois nous entrons même en négociation et nous nous faisons entendre d’une seule voix s’il y a accord; dans le cas contraire, chaque pays parle pour lui.»

Bernard Weissbrodt

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