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La Suisse championne de la lutte contre le cancer

La Suisse compte de nombreux hôpitaux très qualifés dans le traitement du cancer. Keystone

Deux Suisses sur cinq risquent de développer un cancer mais tous n'en meurent pas forcément. Si la Confédération figure au-dessus de la moyenne européenne, cela s’explique par un meilleur dépistage et l’allongement de l’espérance de vie.

Deuxième cause de décès en Suisse après les maladies cardio-vasculaires, le cancer touche plus de 35’000 personnes et plus de 16’000 en meurent. Ce qui place la Suisse au-dessus de la moyenne de 40 pays européens s’agissant de la fréquence des nouveaux cas de cancer.

Telles sont les conclusions d’une publication conjointe de l’Office fédéral de la statistique (OFS), du Registre suisse du cancer de l’enfant et de l’Institut national d’épidémiologie et d’enregistrement du cancer.

Les explications du professeur Giorgio Noseda, co-fondateur de cet institut.

swissinfo.ch: Selon les résultats statistiques, «la fréquence des nouveaux cas de cancer en Suisse se situe dans la moyenne haute par rapport à 40 pays européens», notamment pour les nouveaux cas de cancer de la peau, du sein et de la prostate. Comment expliquez-vous ces chiffres?

 

Giorgio Noseda: Nous n’avons pas de réponse précise pour le moment et ne pouvons que formuler des hypothèses. Par exemple, le nombre plus important de carcinomes de la prostate s’explique vraisemblablement par l’excellente qualité du système suisse de santé, notamment en matière de dépistage et d’allongement de l’espérance de vie. Détecté chez un nombre important de patients âgés, le cancer de la prostate n’est pas pour autant la cause de leur décès.

L’augmentation du mélanome de la peau s’explique, elle, par la propension des Suisses à s’exposer au soleil sans protection adéquate. Quant au cancer du sein, l’augmentation peut s’expliquer par un traitement de la ménopause par hormones de substitution plus répandu que dans les autres pays.

swissinfo.ch: Dans quels secteurs de la lutte contre le cancer les efforts ont-ils été les plus importants en matière de prévention et de traitement?

G.N.: Au niveau de la prévention, on a suivi les recommandations générales de la Ligue suisse contre le cancer. Notamment la suppression de la fumée, la diminution de la consommation d’alcool et de viandes rouges, l’augmentation de fruits et légumes et la pratique d’une activité physique.

En Suisse, on investit aussi beaucoup dans le diagnostic précoce. Par exemple, la mammographie pratiquée tous les deux ans sur toutes les femmes de plus de 50 ans permet de détecter les formes tumorales à un stade plus précoce et, donc, potentiellement plus faciles à soigner. C’est ainsi que la Suisse connaît une forte augmentation des tumeurs du sein en même temps qu’une diminution de la mortalité.

Autre exemple avec la tumeur du col de l’utérus: le diagnostic précoce a souvent permis d’intervenir à temps et d’empêcher la maladie de dégénérer. De même pour le cancer du côlon: dans ce cas aussi, l’augmentation des coloscopies facilite le diagnostic précoce et, donc, le succès des interventions chirurgicales.

swissinfo.ch: Quand vous relevez la qualité du système suisse de santé, qu’est-ce que cela signifie en termes de lutte contre le cancer? Les traitements sont-ils meilleurs qu’ailleurs?

G.N.: En Suisse, nous n’avons pas d’autres traitements qu’ailleurs puisque les standards pour soigner les tumeurs sont les mêmes au niveau international. En effet, les possibilités sont fondamentalement la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie ou, souvent, une combinaison des trois.

Mais en Suisse, ces standards sont appliqués de manière plus capillaire que dans d’autres pays et les résultats sont meilleurs par rapport aux pays d’Europe orientale mais aussi des pays voisins comme l’Allemagne, la France et l’Italie.

En fait, il n’y a pas en Suisse un unique centre national spécialisé dans la recherche contre le cancer, comme c’est le cas dans d’autres pays. On y trouve certes des hôpitaux universitaires, mais aussi des centres de compétence spécialisés dans plusieurs cantons. Par conséquent, toutes les régions du pays disposent de soins de qualité et offrent un accès facilité aux patients.

swissinfo.ch: Quel sera le chantier le plus important de ces prochaines années?

G.N.: En Suisse, quatre personnes sur dix sont confrontées à une tumeur et environ 16’000 en meurent chaque année. Par conséquent, tous les acteurs actifs dans ce secteur se concentrent pour élaborer un programme national de lutte contre le cancer.

Ce programme, qui doit être publié en mars ou avril, se base sur l’épidémiologie. En d’autres termes, il s’agit d’établir une photographie détaillée de la réalité pour comprendre les causes, définir les mesures préventives et recommander les thérapies les plus efficaces.

Deux Suisses sur cinq risquent de développer un cancer.

2e cause de mortalité, le cancer est responsable de 30% de la mortalité chez les hommes et de 23% chez les femmes.

Chaque année, 35’000 tumeurs sont enregistrées (soit plus que la moyenne de 40 pays européens) et 16’000 malades en meurent.

45% des décès sont occasionnés par des cancers du poumon et du côlon-rectum, avec celui de la prostate chez les hommes et du sein chez les femmes.

90% des tumeurs sont décelées chez des plus de 50 ans.

Sur 170 tumeurs décelées chaque année chez des enfants, une quarantaine sont fatales. Avec l’Allemagne, l’Autriche et la Finlande, la Suisse compte les meilleurs résultats d’Europe.

Basée sur une extrapolation, la statistique se base sur 60% de la population, précise l’OFS.

Né en 1938, a étudié la médecine à l’Université de Berne puis y a été professeur de cardiologie et médecine interne.

1989-1992: président de la Ligue suisse contre le cancer.

1990–2006: président d’Oncosuisse.

Depuis 2000: président de l’Institut de recherche en biomédecine de Bellinzona (Tessin).

Co-fondateur de l’Institut national d’épidémiologie et d’enregistrement du cancer ainsi que de Swiss Biobank, fondation de promotion de la recherche.

(Traduction de l’italien: Isabelle Eichenberger)

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