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La Suisse cherche à donner une place aux animaux domestiques

L´initiative de la Fondation Franz Weber, intitulée «Les animaux ne sont pas des choses», a été déposée jeudi à la Chancellerie fédérale. Au-delà du débat politique, le sort des animaux intéresse toujours plus les députés et la société.

Les animaux ne doivent plus être considérés comme des choses: c’est la principale exigence du texte de Franz Weber. Celui-ci demande par ailleurs que des avocats puissent représenter les animaux sur le plan juridique.

Mais Franz Weber n’a pas le monopole de l’intérêt porté aux animaux. En effet, une autre initiative, déposée en août dernier, va dans la même direction. Une chose est sure: ce foisonnement n’est certainement pas le fruit du hasard.

En décembre dernier, le Conseil National avait balayé deux initiatives parlementaires qui demandaient précisément une révision du statut juridique des animaux. Ce qui a relancé le débat porté par les amis des animaux.

Mais, les conseillers aux Etats ont vu les choses différemment. Ils ont approuvé en septembre dernier l’initiative parlementaire de Dick Marty (PRD/TI). Ce texte demande d’introduire le droit des bêtes dans la loi, plutôt que dans la constitution comme le propose l’initiative de Franz Weber.

Si le Conseil National suit le Conseil des Etats, «ce serait déjà un grand pas en avant», reconnaît Franz Weber. Le militant ne peut toutefois pas se prononcer pour l’instant sur un éventuel retrait dans un tel cas de figure. Un projet de message sera présenté d’ici au 17 août 2001 au plus tard à l’intention des Chambres fédérales.

En Suisse, le débat est donc ouvert, il dépasse largement les cercles politiques: peut-on encore considérer les bêtes comme des choses? «Non, ce n’est pas normal, répond Evelyne Teroni, comportementaliste et éthologue. Les animaux de compagnie, par exemple, apportent désormais tellement de choses aux humains.»

Mais gare aux excès! «Le problème, c’est lorsque l’humain considère l’animal comme un congénère, et utilise des codes humains pour communiquer avec lui», avertit cette co-auteur de l’ouvrage «Le Chien, un loup civilisé».

Un avis que partage Patrice Meyer-Bisch, coordinateur de l’Institut interdisciplinaire d’éthique et de droits de l’homme à Fribourg. Selon lui, l’homme ne s’est pas forcément rapproché de l’animal en le faisant entrer dans son appartement.

«L’animal de compagnie est important, mais il ne faut pas en faire une potiche, souligne-t-il. L’extraordinaire développement du commerce pour chiens et chats, par exemple, réduit les animaux au rang d’objets de consommation.»

Selon lui, certaines bêtes se retrouveraient alors piégées par les êtres humains. «Les chats, les chiens doivent être à leur place, courir, être libre, avoir une vie propre, poursuit-il. C’est également cela le respect.»

Mais le débat ne s’arrête pas aux seuls animaux de compagnie. «Tous les problèmes liés à la mal bouffe montre qu’on a considérablement méprisé certaines bêtes et, du même coup, notre propre corps», argumente ce philosophe.

Patrice Meyer-Bisch va encore plus loin: selon lui, la question du respect des animaux s’inscrit dans un contexte très large, celui du rapport des êtres humains avec leur milieu naturel.

Caroline Zuercher

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