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La Suisse demande des comptes à Madagascar

Walter Arnold, coopérant de la DDC, a été assassiné voici six ans. La Suisse interpelle à nouveau les autorités malgaches.

Le 17 juillet 1996, le corps sans vie de Walter Arnold, un ingénieur uranais de 52 ans, est retrouvé dans sa voiture.

Il avait les mains attachées derrière le dos, dans une petite rue d’Antananarivo, capitale de Madagascar. Les autorités locales n’ont jamais montré d’empressement pour retrouver les coupables.

Justement, la Suisse a profité de la récente cérémonie du 1er août, qui s’est déroulée en présence du nouveau Premier ministre, Jacques Sylla, pour demander aux autorités malgaches de lui présenter enfin un rapport final.

Cinq enquêtes suisses

Il faut dire que ce drame a fortement détérioré les relations entre les deux pays.

L’aide de la Confédération, qui atteignait 15 à 20 millions de francs avant l’assassinat de Walter Arnold, est tombée à 7 millions par an. Elle est essentiellement consacrée à des programmes de lutte contre la pauvreté.

Si la justice malgache n’a jamais sérieusement cherché à élucider le meurtre de ce responsable de projets routiers, les enquêteurs suisses, en revanche, n’ont pas ménagé leur peine. Pas moins de cinq déplacements dans l’océan Indien se sont succédés entre 1997 et 2001.

L’important rapport remis l’année dernière par le Ministère public de la Confédération aux autorités malgaches privilégie la piste mafieuse.

Walter Arnold, installé dans la Grande Ile depuis sept ans, travaillait à la construction de deux liaisons essentielles pour ce pays plus vaste que la France.

L’une concernait la route nationale 2, reliant Antananarivo, la capitale, située sur les hauts plateaux, à Toamasina (ex-Tamatave), distante de 500 kilomètres environ, le seul grand port de la côte orientale.

L’autre, la route nationale 44, était une bretelle montagneuse rejoignant la région pluvieuse autour du lac Alaotra.

La mafia du riz

Or, cette région est le grenier à riz de Madagascar. Et le riz est l’aliment de base des 15 millions d’habitants. En raison de l’état catastrophique du réseau routier, le prix des transports, contrôlés par une mafia locale, ne cesse de grimper. Un sac de riz peut coûter 20 francs suisses, la moitié du salaire mensuel.

Dans ces conditions, la réhabilitation de cet axe stratégique allait à l’encontre des intérêts de cette mafia. L’assassinat de Walter Arnold a eu pour conséquence de mettre fin aux projets routiers de la Direction du développement et de la coopération (DDC) dès 1997.

Trois ans plus tard la DDC fermait son bureau de coordination à Antananarivo. «Le meurtre et l’enquête qui piétine ont pesé dans la balance», reconnaissait l’année dernière Sarah Grosjean, porte-parole de la DDC.

Un éventuel renforcement de l’aide suisse dépendra de l’attitude des nouvelles autorités malgaches, en particulier dans l’affaire Arnold.

swissinfo/Ian Hamel

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