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La Suisse doit stimuler son économie

Pour l'OCDE, il faut injecter de la concurrence dans l'économie suisse. Keystone

L’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) estime, une fois encore, que la Suisse doit se montrer plus compétitive.

Si elle veut maintenir un haut standard de vie, elle doit accélérer sa croissance économique. Notamment en réformant immédiatement certains secteurs.

Dans son étude publiée vendredi, l’OCDE s’inquiète de la «relative médiocrité de la performance économique de la Suisse au cours des vingt dernières années».

L’organisation, basée à Paris, parle de sérieuses imperfections dans le domaine des marchés de produits, qui se reflètent notamment par des prix très élevés comparés à d’autres pays.

L’OCDE souligne également une attitude relativement laxiste à l’égard des comportements anticoncurrentiels. Il est grand temps que les réformes prévues dans ce domaine se concrétisent.

Accélérer les réformes

D’ailleurs, ce problème est global. Selon l’étude, plusieurs autres secteurs nécessitent des réformes immédiates: l’électricité, les télécommunications et les services postaux notamment.

Même les domaines moins exposés à la concurrence, comme les services de santé, devraient être plus compétitifs.

Une fois de plus, les auteurs de l’étude pointent du doigt la politique agricole. Ils estiment que l’intervention de l’Etat pénalise le marché et débouche sur des prix extrêmement élevés en comparaison internationale.

En se fixant des objectifs plus ambitieux dans ces secteurs, la Suisse pourrait augmenter son produit intérieur brut de 8% sur dix ans, prédit l’OCDE.

Marché du travail

Dans son rapport, l’Organisation pour la coopération et le développement économiques s’est également intéressée au marché du travail.

L’OCDE affirme notamment que la mise en œuvre d’un environnement plus compétitif devrait être accompagnée de mesures visant à augmenter l’activité des femmes et des travailleurs les plus âgés.

Grâce à un marché du travail flexible et un système éducatif de qualité, les ressources humaines sont bien utilisées et très qualifiées. Ce qui explique en partie, selon l’étude, le niveau de vie élevé de la population.

Education

L’OCDE préconise toutefois une réforme du système éducatif. Malgré les budgets relativement importants investis dans ce secteur, la Suisse n’est pas parvenue à obtenir de résultats satisfaisants.

Selon l’étude, il faudrait envisager de réaffecter des ressources – actuellement destinées à l’enseignement supérieur – à l’enseignement préscolaire qui dispose de peu de moyens.

C’est l’un des domaines où la Suisse est particulièrement en retard par rapport aux pays voisins.

S’agissant de l’enseignement supérieur, l’OCDE estime qu’il serait possible d’améliorer l’efficacité des Hautes écoles spécialisées (HES).

Elle suggère, entre autres, de supprimer les filières peu demandées ou de les regrouper dans certains établissements.

Reprise économique

Pour les auteurs de l’étude, la priorité est toutefois de favoriser la reprise économique tout en réduisant les risques de déflation.

Pour y parvenir, il ne faut pas accentuer la pression fiscale, suggère l’OCDE. Et la Banque nationale suisse (BNS) devrait, pour sa part, maintenir des conditions monétaires favorables.

La banque centrale devrait se préparer à utiliser des instruments inhabituels pour lutter contre la déflation, en intervenant sur les marchés des changes étrangers.

Résultats appuyés

«Nous appuyons les principaux résultats de l’étude de l’OCDE, indique le chef économiste du Secrétariat d’Etat à l’économie (seco). Et particulièrement les constats liés à la croissance à long terme, problème central de la politique économique suisse».

Selon Aymo Brunetti, «le renforcement de la concurrence sur le marché intérieur est un souci majeur pour stimuler la croissance. Nous sommes tout à fait d’accord là-dessus».

S’agissant des mesures envisagées, le chef économiste souligne les lenteurs inhérentes au système suisse.

Mais Aymo Brunetti certifie à swissinfo que plusieurs enseignements de l’OCDE feront partie des plans de réforme de la politique économique que présentera sous peu le gouvernement.

EEE regretté

Cela dit, Aymo Brunetti regrette que la Suisse n’ait pas rejoint l’Espace économique européen (EEE).

«L’EEE aurait stimulé les reformes du marché intérieur. Nous aurions pu mener l’exercice en bloc. Il est maintenant plus difficile de les entreprendre seul», assure le chef économiste.

Avant de rappeler que «le gouvernement a toujours estimé qu’en termes économiques, l’EEE aurait été avantageux pour la Suisse».

swissinfo, Robert Brookes
(Traduction: Alexandra Richard)

L’enquête de 200 pages comporte un chapitre intitulé «Concurrence sur les marchés de produits et performance économique».
Un comité a passé en revue la situation économique et la politique de la Suisse en novembre 2003.
Le texte final a été approuvé en décembre.
La précédente enquête concernant la Suisse a été publiée en mai 2002.

– Selon l’OCDE, la croissance ne dépassera pas 1,25% en Suisse cette année. En 2005, elle pourrait atteindre 1,75%. En conséquence, le chômage ne devrait pas passer en dessous des 3,5% l’an prochain.

– L’organisation appuie la politique monétaire expansionniste de la Banque nationale suisse. Elle l’enjoint toutefois à la prudence afin d’éviter toute hausse brutale du franc.

– L’OCDE qualifie la dette publique suisse de «modérée», mais relève la dégradation des finances publiques ces dernières années. D’où à terme le risque de difficultés budgétaires.

– L’organisation considère que la Suisse doit devenir plus compétitive et effectuer des réformes structurelles «agressives». Elle affirme aussi que la faible croissance économique suisse est en partie due à la lenteur des réformes entreprises.

– L’OCDE estime que la relance de la croissance est le défi majeur de la Suisse, et recommande une action déterminée associant des réformes structurelles ambitieuses et la poursuite d’une politique macro-économique stable.

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