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La Suisse est l’un des pays les plus chers d’Europe

Le panier de la ménagère suisse est très cher. swissinfo.ch

Pour remplir le même panier, la ménagère suisse paie 26% de plus que la française, 63% de plus que l'espagnole, et même 81% de plus que la bulgare.

Sans surprise, la Suisse – sur la base des chiffres 2001 – reste un des pays les plus chers d’Europe.

Publié mardi, le rapport «Manger, boire et fumer en Europe» est le fruit d’enquêtes réalisées au printemps 2001 dans 31 pays du continent.

Eurostat, l’Office de statistiques de l’Union européenne (UE) a pris en compte non seulement les quinze membres de l’Union, mais également les treize pays candidats et les trois membres de l’AELE que sont l’Islande, la Norvège et la Suisse.

Basée sur 550 produits, la comparaison dessine l’image d’une Suisse où alimentation, boisson et tabac coûtent globalement 36% plus cher qu’ailleurs en Europe.

Seuls quelques rares produits y sont plus avantageux. Parmi eux, le tabac, relativement peu taxé en Suisse par rapport à ce qu’il peut être ailleurs. Ainsi, le paquet de cigarettes est-il ici 8% plus avantageux que la moyenne européenne.

La viande presque deux fois plus chère

La Suisse participe depuis 1990 à ce programme de comparaison européenne des prix. Et se classe régulièrement parmi dans le peloton de tête des pays les plus chers.

Ainsi, en 2001, la viande coûtait ici 89% de plus que la moyenne continentale. Viennent ensuite les huiles et les graisses (+67%), le poisson (+59%) et les légumes (+57%).

Côté liquides, les boissons sans alcool coûtent en Suisse 13% de plus que la moyenne européenne et les boissons alcoolisées 20% de plus.

Grosses disparités

Globalement, l’indice du prix des marchandises considérées est de 136 pour la Suisse, la moyenne européenne étant fixée à 100. Seules la Norvège (172) et l’Islande (154) sont plus chères.

De fortes disparités existent également entre les pays de l’UE. Ainsi le Danemark se classe-t-il juste derrière la Suisse, avec un indice de 131. A l’autre bout de l’échelle, l’Espagne est, avec son indice de 78, le champion européen de la vie moins chère.

Quant aux grands voisins de la Suisse, soit la France (indice 105), l’Allemagne (97) ou l’Italie (96), le niveau de leurs prix tourne plus ou moins autour de la moyenne continentale.

Et sans surprise, ce sont les anciens pays du bloc communiste qui restent les moins chers. Les treize candidats à l’UE sont tous en-dessous de la moyenne, avec des indices allant de 78 pour l’Estonie à 50 pour la Bulgarie.

Le syndrome du pays riche

Pour Régine Chatagny, économiste à la Fédération romande des consommateurs (FRC), le niveau élevé des salaires et des frais généraux que doivent payer les commerçants suisses ne suffit pas à expliquer toutes les différences.

«Des prix jusqu’à 20% plus élevés peuvent se justifier, admet l’économiste de la FRC. Mais nous refusons de considérer une différence de 40% comme une chose normale.»

Pour justifier ces écarts, on invoque souvent l’attitude des exportateurs qui vendent leurs marchandises à la Suisse. S’agissant d’un pays riche, on lui fera forcément payer plus cher.

Faudrait-il également y voir une sanction des pays voisins en raison du refus de la Suisse d’entrer dans l’UE? Régine Chatagny n’y croit pas trop. «Il faudrait examiner la chose au cas par cas, mais je pense plutôt qu’il s’agit d’un réflexe purement commercial», estime l’économiste de la FRC.

Le poids des cartels

Restent ces disparités que la FRC juge inacceptables. Et ici, c’est l’aspect encore fortement cartellisé du marché suisse qui est montré du doigt.

«Prenez par exemple le cas d’une chaîne de grandes surfaces qui voulait acheter ses pellicules photo directement en Angleterre, raconte Régine Chatagny. Elle a dû y renoncer car la filiale suisse du fabricant garde la haute main sur les importations.»

Globalement, la FRC estime que les structures rigides des cartels qui règnent encore sur le marché suisse seraient responsables d’une majoration des prix de l’ordre de 20 à 25%.

Reste à voir si une meilleure applications des règles de la concurrence et l’entrée en vigueur des accords bilatéraux suffiront à amorcer un mouvement à la baisse.

swissinfo/Marc-André Miserez

Par rapport à la moyenne européenne, les prix suisses sont plus élevés
De 51% pour la nourriture
De 13% pour les boissons sans alcool
De 20% pour l’alcool
Le tabac est par contre 8% meilleur marché

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