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La Suisse met fin à son aide d’urgence au Liban

Selon les estimations des Nations Unies, le conflit au Liban a fait 1187 victimes civiles et détruit 15'000 maisons. Keystone

Un an après la guerre au Liban, les programmes d'aide d'urgence suisses sur place prennent fin. Au total, quelque 12'000 personnes en ont profité.

La Direction du développement et de la coopération (DDC) maintiendra néanmoins certains projets dans le Pays du Cèdre afin d’être également présente lors de la phase de reconstruction.

«Nous avons pu apporter notre soutien où cela était nécessaire», déclare Friederich Steinmann, de la DDC. Malgré la situation politique qui s’est dégradée au cours des derniers mois au Liban, le travail sur place a pu être mené à bien, estime le responsable.

Peu après le conflit ayant opposé l’armée israélienne au Hezbollah libanais durant l’été 2006, le Conseil fédéral avait débloqué 20 millions de francs pour aider les victimes. Plus de la
moitié de cette somme a été affectée à l’ONU et au Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Quelque 10 millions ont en outre servi aux programmes d’aide bilatérale.

De son côté, le gouvernement libanais avait estimé que les 34 jours d’affrontement entre Tsahal et la milice chiite libanaise avaient causé des dommages pour 3,6 à 4,4 milliards de dollars.

Argent bien investi

Pour mettre en place l’action d’urgence de la Suisse, six experts helvétiques ont œuvré au Liban durant une année. Une douzaine de collaborateurs locaux ont également été à pied d’oeuvre. La Suisse n’était pas le plus important pays donateur.

«Nous avons bien investi l’argent» de la Confédération, souligne toutefois convaincu Friederich Steinmann. La DDC a mandaté le cabinet d’audit PriceWaterhouseCoopers afin d’évaluer les programmes d’urgence de la Suisse.

L’un d’entre eux s’est traduit par le versement d’argent liquide aux victimes civiles du conflit. Près de 2,5 millions de francs ont ainsi permis aux habitants de sept villages du sud du Liban, qui avaient tout perdu, de redémarrer une vie nouvelle. Les bénéficiaires ont pu utiliser cet argent à leur convenance.

En partenariat avec des ONG, la DDC a cependant mené plusieurs contrôles afin de vérifier que cet argent servait bien aux personnes réellement dans le besoin et qu’il était employé de manière utile.

Rapidité de la Suisse

«Nous avons été les seuls au Liban à oser un tel projet», déclare satisfait Friederich Steinmann. L’expérience a été si positive que d’autres pays se sont intéressés à cette manière d’agir, ajoute-t-il.

Le maire de Maroun ar-Ras, Mustafa Allawiyeh, a des mots très élogieux pour ce type d’aide. Aucune des 340 maisons de son village n’avait échappé aux conséquences du conflit de l’été 2006.

Les autorités libanaises mentionnent aussi d’autres actions menées par les Suisses. Plus de 60 écoles ont par exemple été réhabilitées pour un montant d’un million de francs. La DDC a également contribué au nettoyage des côtes libanaises souillées après le bombardement israélien de cuves de mazout d’une centrale électrique. 420’000 francs ont été consacrés à cette action-là.

Ingénieur au ministère libanais de l’éducation, Jamal Abdallah salue la rapidité de l’aide suisse. Les travaux menés dans les écoles ont permis aux classes d’être prêtes à temps pour la rentrée scolaire.

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Direction du développement et de la coopération

Ce contenu a été publié sur La Direction du développement et de la coopération (DDC) est l’agence du ministère des Affaires étrangères chargée de la coopération internationale. Cet organisme effectue des actions directes et finance les programmes d’organisations humanitaires suisses et internationales, en particulier dans les domaines du développement, de l’aide humanitaire et de la coopération avec l’Europe de l’Est.

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Pas encore la normalité

En dépit de toutes ces louanges, le Liban, un an après la guerre, est néanmoins loin de la normalité. Le Pays du Cèdre est en effet confronté à une grave crise politique.

Dans ce contexte, Friederich Steinmann reconnaît que les autorités libanaises ont exprimé à plusieurs reprises le souhait que l’aide suisse se poursuive. De fait, la Suisse ne quitte pas complètement le Liban. Deux collaborateurs locaux continueront leur travail dans le bureau de Beyrouth.

Ambassadeur suisse au Liban, François Barras indique par ailleurs que la Suisse a en vue un projet pour promouvoir la bonne gouvernance dans le sud du pays.

Berne a également mis à disposition de l’ONU un ingénieur afin d’aider à la reconstruction du camp de Nahr al-Bared, dans le nord du pays, détruit à la suite des combats meurtriers entre l’armée libanaise et la faction islamiste Fatah al-Islam.

swissinfo et les agences

Le conflit entre la milice chiite du Hezbollah et Israël a duré 34 jours et s’est terminé le 14 août. Depuis un cessez-le-feu est maintenu.
Selon les estimations des Nations Unies, le conflit a fait 1187 victimes civiles, détruit 15’000 maisons, 80 ponts et 94 routes.
Le gouvernement libanais estime à 3,6 milliards de dollars (4,5 milliards de francs suisses) les dégâts causés aux infrastructures.

En été 2006, un mois après la fin du conflit de 33 jours qui a opposé l’armée israélienne au Hezbollah libanais, la Suisse a débloqué un montant de 20 millions de francs pour les victimes de la guerre. Sur cette somme, 5 millions sont allés au Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Le 6 septembre 2006, le gouvernement suisse a accordé un crédit complémentaire de 14,4 millions de francs en faveur des programmes d’assistance au Liban.

Par ailleurs, 5,6 millions de francs ont été destinés à des programmes pour les personnes dans le besoin dans les territoires palestiniens occupés.

Au Liban, la Suisse a pris part à des projets pour favoriser le retour des réfugiés, pour reconstruire les infrastructures d’acheminement de l’eau. Elle a également participé à la reconstruction d’écoles, à des opérations de déminage et au nettoyage des côtes souillées par le pétrole.

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