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La Suisse regagne du poids sur la scène mondiale

Micheline Calmy-Rey avec Colin Powell en janvier à Davos. Keystone Archive

Dirigée depuis le début de l’année par Micheline Calmy-Rey, la diplomatie suisse aura été particulièrement active en 2003.

Avec pour temps forts la Conférence humanitaire sur l’Irak, l’Initiative de Genève sur le Proche Orient et le Sommet mondial sur la société de l’information.

Janvier 2003: un vent nouveau se lève sur la diplomatie suisse avec l’arrivée à sa tête de la socialiste genevoise Micheline Calmy-Rey.

Avec son franc-parler, la nouvelle ministre a régulièrement fait les gros titres de la presse. Et pas toujours forcément pour les bonnes raisons.

Très vite, on parle de «diplomatie publique.» Un nouveau style qui ne va pas tarder à se retourner contre celle qui l’incarne.

Dès le mois de février, ses collègues du gouvernement lui reprochent vertement d’avoir annoncé la tenue d’une conférence humanitaire sur l’Irak avant le déclenchement de la guerre sans même les avoir prévenu.

Après la controverse, le succès

La bisbille interne au Palais fédéral se double d’une polémique sur le plan international. Le régime irakien n’est pas invité et les Américains refusent de se rendre à Genève.

Finalement, cette conférence de deux jours réunit 21 organismes d’entraide et 29 Etats. Pour Micheline Calmy-Rey, c’est un succès. La réunion a permis de faire s’asseoir à la même table des partenaires qui sans cela ne se seraient pas concertés.

La Conférence de Genève a également permis de rappeler au monde que ceux qui préparent une guerre ne doivent pas oublier ses conséquences humanitaires sur les populations civiles.

Une opinion publique anti-guerre

En Suisse, l’opinion publique est fermement opposée à l’intervention militaire en Irak. En février, les manifestants anti-guerre seront jusqu’à 40’000 à défiler dans les rues des grandes villes du pays.

Quant à la Suisse officielle, elle condamne l’idée d’une guerre américano-britannique, déclenchée sans l’aval des Nations Unies.

Mais quand Washington lance les hostilités, Berne se contente de réaffirmer la neutralité de la Suisse et de fermer son espace aérien aux avions de la coalition dont les missions ne seraient pas strictement humanitaires ou médicales.

Cette position neutre irrite ceux qui pensent qu’en tant que membre de l’ONU – à laquelle elle vient d’adhérer -, la Suisse aurait dû adopter une attitude plus critique envers les Etats-Unis.

Gouvernement divisé

Le gouvernement lui-même semble divisé. Même s’il dit regretter le déclenchement de la guerre, le président Pascal Couchepin se garde d’attaquer directement les Américains.

Micheline Calmy-Rey, elle, n’hésite pas à se dire «choquée.» Et des dizaines de milliers de personnes descendent à nouveau dans la rue.

Berne refuse d’expulser les diplomates irakiens, comme l’exige Washington, et organise début avril une nouvelle rencontre à Genève, afin de planifier l’aide humanitaire en Irak et dans les pays voisins.

Un pas historique en Corée

Tandis que l’actualité de la guerre en Irak éclipse rapidement les efforts de la diplomatie suisse, le premier grand voyage à l’étranger de sa cheffe lui permet de franchir un pas historique.

Au mois de mai, Micheline Calmy-Rey est la première ministre étrangère à franchir la ligne de démarcation entre les deux Corées, gardée depuis 50 ans par un contingent de soldats helvétiques.

Sur place, Micheline Calmy-Rey en profite pour proposer les bons offices de la Suisse dans la résolution du différend nucléaire entre les frères ennemis du Nord et du Sud.

Le regard du monde sur Genève

De retour au pays, la ministre des Affaires étrangères célèbre le premier anniversaire des accords bilatéraux avec l’Union européenne.

Pendant ce temps, son collègue Pascal Couchepin accueille à Evian le président américain George W. Bush, venu assister au Sommet du G-8.

Cette réunion des maîtres du monde aux portes de la Suisse déclenche des manifestations à Lausanne, et surtout à Genève, où des dizaines de milliers de manifestants anti-mondialisation mettent une partie de la ville à sac.

Et en décembre, l’attention du monde entier se tourne à nouveau deux fois vers la cité de Calvin.

D’abord grâce au lancement de l’Initiative de Genève, un plan de paix pour le Proche Orient, soutenu par la diplomatie suisse. Puis à l’occasion du Sommet mondial sur la société de l’information.

C’est la première grande manifestation onusienne organisée par la Suisse depuis son entrée aux Nations Unies. Deux jours durant, les Etats, la société civile et le monde de l’économie débattent de la réduction de la fracture digitale entre le Nord et le Sud.

Un style qui marque des points

Au terme de cette année chargée, on peut dire que la diplomatie publique style Calmy-Rey semble rapporter des dividendes, en tous les cas en termes de popularité en Suisse même.

La presse nationale admet volontiers qu’en une année, la nouvelle patronne des Affaires étrangères a marqué son ministère de sa griffe.

Et le 10 décembre, le parlement a confirmé cette bonne cote de popularité, en réélisant brillamment Micheline Calmy-Rey pour quatre ans, avec 206 voix sur 226 bulletins valables.

swissinfo, Jonathan Summerton
(traduction et adaptation: Marc-André Miserez)

– L’année 2003 a vu la diplomatie helvétique déployer une activité particulièrement intense. Sous l’impulsion de la nouvelle ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey, la Suisse a adopté un profil plus marqué sur différents fronts.

– Berne a ouvert le débat humanitaire en marge du conflit irakien. En Corée comme au Proche Orient, la Suisse a joué les médiateurs avec succès. Et en organisant le Sommet mondial sur la société de l’information, elle a montré qu’elle avait quelque chose à offrir à la communauté internationale.

– Dans le dossier des relations avec l’Union européenne par contre, les choses n’ont guère bougé. La seconde ronde de négociations bilatérales bute toujours sur la question de l’adhésion de la Suisse aux accords de Schengen et de Dublin.

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