La Suisse sur la piste de l'or yougoslave
Alors qu'à Belgrade les pressions s'accentuent autour de Milosevic, Berne confirme l'ouverture d'une enquête suite à l'importation d'or en provenance de Yougoslavie. Mais impossible, pour l'instant, d'établir un lien entre ces transactions et l'ancien président yougoslave.
Slobodan Milosevic va t-il se retrouver en prison, à cause d'un trafic d'or passant par la Suisse? On peut se poser la question après l'annonce, mercredi par le parquet de Belgrade, de l'ouverture d'une enquête sur une série de soupçons.
L'ancien maître du pays aurait fait parvenir de l'or en Suisse, peu avant et peu après son renversement, le 5 octobre dernier, puis aurait placé l'argent de la vente de cet or en Grèce et à Chypre.
A Berne, le Secrétariat d'Etat à l'économie (seco) confirme que quatre livraisons d'or, en provenance de Belgrade, ont bien eu lieu entre septembre et novembre 2000 - 173 kg au total. Le métal précieux a été importé par une société romande, raffiné au Tessin, puis réexporté. Enfin, des paiements ont été faits à des compagnies grecques et à une compagnie chypriote.
Et c'est sur ce dernier point que travaille en ce moment le seco: «On a lancé une enquête contre cette société suisse, explique Othmar Wyss, responsable du contrôle à l'exportation et des sanctions, pour voir si les sociétés grecques et chypriote en question sont contrôlées par une entreprise étatique yougoslave. Dans ce cas, le paiement aurait été illégal».
Car la Suisse applique des sanctions à l'égard de la Yougoslavie, depuis juillet 1998. Des mesures allégées le 11 octobre de l'année passée, juste après le renversement de Slobodan Milosevic, mais qui jusque-là interdisaient notamment les versements à l'intention des autorités yougoslaves ou d'entreprises contrôlées par Belgrade.
Les recherches se poursuivent, donc. Et pas seulement en Suisse. Ce jeudi, le ministère grec des Affaires étrangères a écarté la possibilité que de l'argent provenant d'une vente d'or par l'ancien président yougoslave ait pu être placé en Grèce.
De son côté, à Berne, Othmar Wyss est clair: les autorités suisses n'ont pas d'indications sur une éventuelle implication de Slobodan Milosevic dans ces transactions. 173 kg d'or qui gardent donc, pour l'instant, une partie de leur mystère.
Pierre Gobet, Zurich

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