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La Suisse veut améliorer l’accès à Gaza

Soldats israéliens contrôlant des travailleurs palestiniens à Rafah, dans la bande de Gaza. Keystone

Les propositions d’un expert de l’Université de Harvard mandaté par Berne pour développer le plan d’accès à Gaza ont rencontré moins de résistance que prévu.

Claude Bruderlein explique à swissinfo les détails de la consultation menée avec Israéliens et Palestiniens en vue du retrait des forces israéliennes de la bande de Gaza.

Le plan proposé par la ministre suisse des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey, en février, a pour objectif d’assurer le transit des populations et le flux commercial dans les territoires occupés.

Un expert de l’Université américaine de Harvard a été mandaté par Berne afin de développer un plan d’accès à Gaza en procédant à des recherches et des consultations avec toutes les parties concernées.

Ainsi, Claude Bruderlein et son équipe ont-ils déjà mené deux rondes de négociations avec des représentants d’Israël, de l’Autorité palestinienne, des Nations Unies et de diverses organisations non gouvernementales (ONG).

Pour swissinfo, l’expert américain revient sur ce projet, qui sera présenté la semaine prochaine par le Département fédéral des Affaires étrangères.

swissinfo: D’où vient cette idée de garantir l’accès à Gaza?

Claude Bruderlein: Elle n’est pas nouvelle puisqu’elle avait déjà été discutée lors des accords de paix d’Oslo en 1993, mais un peu laissée de côté ensuite. Elle a donc été à nouveau soumise aux deux parties.

Le plan de désengagement israélien prévoit que l’Etat hébreu conserve le contrôle de l’accès à la bande de Gaza. L’ancienne loi en vigueur pendant l’occupation continuera d’être appliquée.

Mais Israël devra respecter les quatre Conventions de Genève (sur le droit humanitaire) garantissant l’accès à la bande de Gaza. Or, l’application de ces règles (notamment pour les cas d’urgence garantissant la survie et la dignité de la population) n’a jamais été définie avec précision.

swissinfo: Quelles mesures concrètes proposez-vous?

C. B.: Il s’agit de quelques règles claires qui peuvent être appliquées avec transparence en invitant en particulier Israël, l’Autorité palestinienne et l’ONU à installer un système d’enregistrement et de traçage des demandes.

Actuellement, l’accès est possible mais difficile. Et il n’y a aucune trace des demandes accordées, de celles qui ont été refusées comme des motifs invoqués. Par conséquent, il est difficile de contrôler comment Israël remplit ses obligations.

Enfin, une autre proposition vise à mettre en place un système de contrôle qui permette d’améliorer l’accès à l’avenir. Car le retrait des forces israéliennes de la bande de Gaza pourrait engendrer de l’insécurité aux points de contrôle.

En résumé, en nous basant sur les Conventions de Genève, nous proposons une sorte de système de surveillance qui permette de protéger les droits des gens vivant dans la bande de Gaza.

swissinfo: Comment les responsables israéliens ont-ils réagi à ces propositions?

C. B.: Toutes les parties étaient intéressées par l’aspect technique et cela a contribué à alimenter les négociations. Mais aussi par la constatation que le droit international ne sert pas seulement à punir mais aussi à donner des pistes.

swissinfo: Quelle a été la contribution de la Suisse dans ce débat?

C. B.: Dans ce contexte, l’apport de la Suisse est considérable. Car elle rappelle l’importance du droit international et souligne également l’importance de maintenir un accès minimum à tout moment.

swissinfo: Quels obstacles avez-vous rencontrés dans votre travail?

C. B.: Ayant travaillé depuis plus de 15 ans dans la région, j’ai été surpris de la facilité avec laquelle nous avons pu mener à bien notre tâche. Il s’avère que tout le monde a intérêt à ce que le retrait israélien s’effectue en douceur et que la vie de la population de la bande de Gaza s’améliore.

La réticence manifestée par certains milieux ne m’inquiète pas trop. L’ONU, le Comité international de la Croix-Rouge et les ONG ont déployé beaucoup d’efforts dans les négociations.

Mais le processus est compliqué, imprévisible et repose sur les relations personnelles entre responsables de la sécurité des deux camps. Cela prendra donc du temps de passer des procédures actuelles à un système plus fiable.

Interview swissinfo: Elham Manea Knecht
(Traduction: Mathias Froidevaux)

Claude Bruderlein est directeur du programme de politique humanitaire et de la recherche sur les conflits ainsi que professeur de santé internationale à l’Université de Harvard, aux Etats-Unis.
Né au Canada de parents suisses, il a étudié à Montréal et Genève. Il est titulaire d’un Master en droit de Harvard.
Il a travaillé pour le Comité international de la Croix-Rouge avant de devenir conseiller en affaires humanitaires à l’ONU à New York.

– La ministre suisse des Affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey, a proposé en février d’améliorer l’accès des personnes, des biens et des services dans la bande de Gaza occupée.

– Sous la direction de Claude Bruderlein, des experts de l’Université de Harvard doivent présenter le résultat de leurs consultations la semaine prochaine.

– La Suisse est dépositaire des Conventions de Genève qui garantissent les droits de l’homme en cas de conflits.

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