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La Suisse veut trier ses réfugiés à la frontière

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Renvoyer certains demandeurs d'asile dès le centre d'enregistrement: c'est ce que veut l'Office fédéral des réfugiés (ODR). Prévue pour 2002, cette mesure vise à améliorer la procédure d'asile. Mais elle est contestée par l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR).

Concrètement, l’ODR prévoit de déplacer quelques-uns de ses collaborateurs dans les centres d’enregistrement. Selon l’hebdomadaire alémanique Facts, une trentaine de fonctionnaires pourraient ainsi s’installer aux frontières. Et auditionner les demandeurs d’asile.

«Avec une première audition de très bonne qualité, nous pourrons repérer les cas qui ne relèvent pas de l’asile», résume Dominique Boillat, porte-parole de l’ODR. Déjà pratiquée dans les aéroports, ce type de procédure «accélérée» permettrait de régler rapidement des centaines de cas pas année.

«Nous ne sommes pas opposés au fait que la procédure soit accélérée, commente Yann Golay, à l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR). Les demandeurs d’asile vivent difficilement l’attente et l’incertitude. Mais ce gain de temps ne doit pas se faire au détriment de l’équité».

Une allusion au fait que, dans ce cas particulier, les requérants n’ont que 24 heures pour recourir. Ce qui, selon l’OSAR, est nettement insuffisant. En effet, les étrangers fraîchement débarqués ne connaissent ni la Suisse, ni ses langues. Et ne sont généralement pas en mesure de respecter ce délai.

«La Commission de recours en matière d’asile se montre souple, rétorque Dominique Boillat. Dès qu’un recours est déposé, même de façon informelle, elle accorde facilement une prolongation de délai au requérant pour qu’il puisse rédiger une demande dans les formes».

Pour l’ODR, il ne s’agit pas seulement d’une question de rapidité. En effet, 80% des demandes sont réglées dans les six mois. Le problème se situe ailleurs.

«Neuf demandeurs d’asile sur dix ne possèdent aucun document d’identité», souligne Dominique Boillat. Or, la Confédération ne peut pas renvoyer un étranger sans documents. Et elle ne peut pas lui en fournir tant qu’elle ne connaît pas son identité.

C’est donc cette difficulté qu’essaie de résoudre l’ODR. «A son arrivée en Suisse, un demandeur d’asile donne généralement une version correcte de son histoire, estime Dominique Boillat. Mais, par la suite, il modifie souvent certains éléments de cette histoire, notamment son identité ou son pays d’origine».

Autre avantage de la procédure accélérée prévue par l’ODR: les requérants fraîchement arrivés sur sol helvétique possèdent encore des objets, des papiers ou des monnaies étrangères qui permettent de reconstituer leur parcours.

«Ce résonnement est byzantin, s’étonne Yann Golay de l’Organisation d’aide aux réfugiés. Autant que je sache, la version des demandeurs d’asile ne varie pas».

Caroline Zuercher

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