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La télémédecine fait un carton à Zurich

Le programme eHealth prévoit que tous les Suisss aient accès à la télémédecine d'ici à 2015. Keystone

Depuis 1999, l’hôpital universitaire de Zurich propose des consultations médicales sur Internet. Un service de plus en plus apprécié par les usagers, dans un secteur dans lequel les sources disponibles en ligne ne sont pas toujours très fiables.

Après la naissance de son fils, cette internaute, une maman dans la trentaine, se plaint de perdre ses cheveux. Pas entièrement convaincue par le diagnostic établi par son médecin, elle souhaite un second avis médical. Autre exemple: un jeune homme de 25 ans veut connaître les effets secondaires d’un médicament contre l’acné. Il expose son cas aux experts et leur demande conseil.

Deux exemples qui illustrent les centaines de requêtes qui parviennent au service de «télémédecine» (eHealth) de l’Hôpital universitaire de Zurich, grâce à des formulaires électroniques ad hoc. Les six médecins de ce service examinent les cas et répondent dans les 24 heures, moyennant une taxe de 75 francs. Le constat peut être rédigé, au besoin, en allemand, en français, en italien ou en anglais.

Un interlocuteur actif

«Le service de consultation en ligne a été créé en 1999. Au départ, il s’agissait de cumuler de l’expérience dans ce domaine», explique la doctoresse Christiane Brockes, qui dirige le centre de l’hôpital zurichois depuis 2005.

Dès la fin des années 90, Christiane Brockes avait travaillé auprès d’un institut privé à Bâle, qui garantissait une consultation téléphonique et électronique aux managers en voyage. Une expérience qui lui a permis de «comprendre l’énorme potentiel de la télémédecine».

Et les chiffres lui donnent raison: en une dizaine d’années, ce service zurichois, le seul du genre dans la région alémanique, a reçu plus de 50’000 demandes, malgré une baisse de 6000 à 2000 formulaires par an, depuis l’introduction de la taxe en 2008. Les évaluations des patients font état d’une grande satisfaction.

Selon la responsable, le succès qui couronne cette expérience s’explique aussi du fait que «grâce au développement des technologies de la communication, le rôle du patient aussi a changé. Il ne s’agit plus d’un usager passif, mais bien plus d’un interlocuteur actif et informé quant au système sanitaire, et qui veut décider avec les médecins de la meilleure thérapie».

Aujourd’hui, grâce à Internet, les individus se documentent beaucoup sur les questions de santé. Mais la médaille à son revers: «Il est souvent difficile d’évaluer la qualité des informations trouvées et de décider comment les utiliser. Et c’est la raison pour laquelle, un service comme le nôtre est important pour mettre les choses au clair et améliorer également les compétences du patient», affirme Christiane Brockes.

D’une manière générale, le recours aux technologies de l’information et de la communication dans un hôpital, représente un «chantier» fondamental de l’ensemble de la politique sanitaire: «Les applications sont multiples. Elles vont du dossier électronique du patient à la consultation et aux interventions à distance, le tout dans l’objectif d’améliorer la qualité et de contenir les coûts».

Un peu de tout

Et que désirent savoir les patients qui s’adressent au service de télémédecine de l’Hôpital universitaire zurichois? «Nous recevons des demandes de toutes sortes. Comme par exemple, des questions relatives à des symptômes, des causes possibles, des thérapies, des demandes de précision sur des diagnostiques peu clairs ou d’analyses de laboratoire, et des diagnostics complémentaires», relève la doctoresse Brockes.

A ceci s’ajoute une autre catégorie de questions, «celles que l’on ne pose pas volontiers directement à son médecin traitant, comme notamment, les questions relatives à la sphère intime et sexuelle. Dans ce domaine, Internet constitue indéniablement un atout».

Christiane Brockes mentionne encore un autre aspect: «Les personnes qui nous écrivent ont la possibilité de rédiger leur question tranquillement chez elles, en prenant leur temps. Par conséquent, les textes sont en général très clairs et détaillés, accompagnés de questions précises, ce qui présente un grand avantage puisque nous ne pouvons pas examiner les patient physiquement», précise la spécialiste.

Expérience indispensable

Christiane Brockes a commencé à s’occuper de télémédecine après avoir exercé en milieu hospitalier durant plusieurs années. A ce propos, la doctoresse souligne que, «hormis la formation complète en médecine, une solide expérience pratique est aussi nécessaire pour exercer cette activité».

Contrairement à la consultation médicale téléphonique, les «patients impriment souvent notre réponse pour la montrer à leur médecin traitant ou à d’autres docteurs. Il s’agit donc d’être très attentifs à la formulation des évaluations. Ces réponses écrite sont plus contraignantes qu’un conseil oral».

De plus, «les standards de la consultation médicale par Internet sont en constante amélioration». Les collaborateurs du service zurichois suivent régulièrement des cours de perfectionnement ciblés, afin de garantir le développement constant de cette offre «électronique». Sans oublier les cas pratiques dont s’occupe le service, et qui sont aussi utilisés dans le domaine de la recherche médicale de l’hôpital universitaire.

«Lorsque nous estimons que c’est nécessaire, nous n’hésitons pas à conseiller au patient de s’adresser à son médecin traitant.»

Le terme désigne l’ensemble des connaissances et des applications de la télématique à la médecine, développée en particulier durant la recherche spatiale.

Services proposés: l’assistance à distance, le télémonitorage hospitalier, les applications pour la thérapie à distance (par exemple le système de contrôle des dialyses grâce à des instruments télématiques), les soins dans des régions reculées à faible population.

Concerne aussi l’intégration des services et desressources scientifiques. Par exemple: le système d’information sanitaire, les laboratoires d’analyses, le registre des tumeurs, les services bibliographiques et didactiques des universités.

Téléchirurgie: application des moyens télématiques dans des interventions chirurgicales à distance. Le chirurgien peut observer en permanence le champ opératoire sur son écran, réaliser les gestes de l’intervention, qui seront répétés sur le patient par un robot.

La Confédération et les cantons ont élaboré une Stratégie eHealth Suisse, formellement adoptée par le gouvernement en juin 2007 et dont les objectifs doivent être mis en œuvre d’ici 2015.

Le projet vise en particulier l’introduction de la carte électronique et la création d’un site d’information en ligne de qualité sur la santé.

Le 3 décembre 2010, le gouvernement suisse a chargé le département fédéral de l’Intérieur de présenter d’ici septembre 2011 un avant-projet de loi et un rapport explicatif pour l’introduction du dossier médical sous forme informatique intégrée.

Les deux documents seront soumis à consultation.

Traduction de l’italien: Nicole della Pietra

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