Des perspectives suisses en 10 langues

La tourmente des télécoms frappe aussi la Suisse

Bien que la ComCom dresse un constat positif du marché des télécommunications, le secteur souffre de problèmes structurels.

Face à Swisscom qui voit la vie en rose, la concurrence cherche une rentabilité et les clients payent des prix trop élevés.

«La Suisse peut se prévaloir d’un marché des télécommunications performant et attrayant». Dans son dernier rapport annuel, la Commission fédérale de la communication (Comcom) dresse un tableau plutôt optimiste sur ce secteur.

Un gagnant, plusieurs perdants

Pourtant, l’industrie mondiale des télécoms subit depuis trois ans un véritable raz-de-marée qui a laminé de nombreuses entreprises et supprimé des centaines de milliers d’emplois. La Suisse ferait-elle exception?

La réponse est double. D’un côté, Swisscom a su tirer son épingle du jeu. Bien que son chiffre d’affaires stagne autour des 14 milliards de francs depuis deux ans, grâce à une stratégie prudente l’ex-monopole a accumulé des milliards de réserves.

Mais, face au géant bleu, peu de ses concurrents peuvent se vanter d’un bilan aussi positif. L’euphorie de la libéralisation de 1998 a laissé place à la morosité et à la dure réalité des chiffres.

De nombreuses sociétés n’ont toujours pas rentabilisé les importants investissements consentis pour se lancer dans le marché et sont aujourd’hui fortement endettées.

Dans le domaine de la voix, la consolidation du marché suisse a déjà eu lieu. «Il reste actuellement moins de dix opérateurs réellement actifs dans ce secteur», estime Philippe Roditi, directeur de la société lausannoise VTX.

Une chute de l’emploi

Pour Internet en revanche, la restructuration est en cours. «On dénombre de nombreux fournisseurs d’accès régionaux, notamment en Suisse alémanique, dont l’avenir est très incertain», poursuit Philippe Roditi.

Par ailleurs, le monopole de Swisscom sur le dernier kilomètre (le fil de cuivre qui relie le central téléphonique à l’abonné), bloque la concurrence et freine le développement de nouveaux services.

Au niveau de l’emploi, le retour de balancier commence à se faire sentir. Le marché suisse des télécommunications a perdu 900 personnes l’an dernier, passant de 24 400 à 23 500 postes. C’est le premier recul enregistré depuis la libéralisation.

Pour le consommateur, qu’il s’agisse du réseau fixe ou mobile, les prix pratiqués par les fournisseurs n’ont pratiquement pas changé entre 2001 et 2002.

Les tarifs sont encore élevés notamment dans la téléphonie mobile. Une situation qui, admet la ComCom, ne devrait pas changer de sitôt.

Ce blocage résulte à la fois d’un manque de concurrence entre les trois opérateurs mobiles (Swisscom, Sunrise et Orange) et de la position dominante de Swisscom qui détient 63% de ce marché.

Un opérateur mobile de trop?

Souvent considéré comme une poule aux œufs d’or, le secteur du téléphone portable souffre lui aussi d’un problème structurel.

«Actuellement les cinq milliards de chiffre d’affaires générés chaque année par le marché mobile helvétique ne permettent pas la survie à long terme de trois opérateurs, il manque un milliard», estime Carsten Schloter, CEO de Swisscom Mobile.

Le problème c’est qu’il ne sera pas facile d’accroître les revenus. Avec un taux de pénétration de 79%, le marché suisse du cellulaire est proche de la saturation et, en plus, les clients deviennent très attentifs à leurs dépenses.

Quant au futur, il est plein d’incertitudes. Le modèle économique de l’UMTS, la téléphonie mobile de la troisième génération, demeure une inconnue. Quel prix les clients sont-ils disposés à payer et pour quels services?

Pour l’heure, la prudence est de mise car chat échaudé craint l’eau froide. Les sociétés veulent éviter de répéter le flop réalisé lors du lancement du Wap, le protocole qui nous promettait un accès à Internet depuis son mobile.

Chez Swisscom, bien que son réseau UMTS soit déjà opérationnel et couvre plus de 50% de la population du pays, on ne prévoit de l’ouvrir au grand public qu’en 2004.

Mais, même s’il est adopté par les consommateurs, la plupart des spécialistes estiment que l’UMTS ne sera pas rentable avant 2010.

swissinfo, Luigino Canal

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision