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La Turquie bat la Croatie et vole en demi-finale

Keystone

La Turquie a une nouvelle fois renversé un scénario largement en sa défaveur vendredi pour se qualifier pour les demi-finales de l'Euro 2008. Elle a éliminé la Croatie aux tirs au but alors qu'elle était menée 1-0 à une poignée de secondes de la fin de la prolongation.

L’attaquant croate Ivan Klasnic – et avec lui tout le stade de Vienne – pensait avoir offert la victoire à son équipe en ouvrant le score à la 118e minute d’un match que l’on pensait promis à la séance de tirs au but. Mais jetant ses dernières forces dans la bataille, la Turquie a égalisé à la toute dernière seconde de la prolongation (122e) par Semih Sentürk.

Sonnés après être passés si près de la qualification, les Croates n’allaient pas se remettre de ce scénario incroyable lors de la séance de tirs aux but. Trois échecs de Luka Modric, Ivan Rakitic et Mladen Petric ont scellé le sort des hommes de Slaven Bilic.

Tétanisé par l’enjeu

Il aura donc fallu 118 minutes pour voir la situation évoluer dans ce match. Auparavant, les joueurs des deux équipes ont semblé quelque peu tétanisé par l’enjeu, malgré toutefois quelques belles actions ponctuelles.

Au coup d’envoi, Slaven Bilic alignait les onze vainqueurs de l’Allemagne en poule tandis que son homologue turc Fatih Terim, handicapé par six absences (quatre blessés et deux suspendus), devait composer une équipe de départ inédite. L’entame de match était à l’avantage des Turcs, plus présents au milieu de terrain et agressifs dans les duels, et Hamit Altintop allumait la première mèche sur une frappe violente de 25 mètres non cadrée (5e).

Mais, à la 18e minute, les Croates se créaient la plus franche occasion. Sur une inspiration géniale du meneur de jeu Luka Modric, Ivica Olic, seul au second poteau, voyait sa reprise heurter la transversale et Niko Kranjcar, qui avait suivi l’action, plaçait une tête au-dessus. Peu à peu, les Croates trouvaient des espaces derrière la défense turque, notamment côté gauche où le danger se précisait avec des déboulés d’Olic ou Rakitic dont les centres mettaient au supplice l’arrière-garde ottomane.

Des débats qui s’équilibrent

Après cette période de forte poussée croate, les débats s’équilibraient à nouveau et les Turcs s’offraient une belle occasion sur une frappe surpuissante de Mehmet Topal de 30 mètres (38e), encore une fois non cadrée. Plus frais grâce à leur délai de récupération supérieur aux Turcs, les Croates se montraient supérieurs au début du deuxième acte.

Maîtres du ballon et bien dirigés par le chef d’orchestre Modric, les hommes de Slaven Bilic posaient des problèmes à leurs adversaires sans pour autant se montrer très dangereux. Les deux équipes, désireuses d’éviter une erreur fatale, se montraient au fil des minutes de plus en plus prudentes et le rythme de la rencontre perdait en intensité.

A la 70e minute néanmoins, un une-deux entre Rakitic et Olic mettait le premier nommé dans un intervalle mais sa frappe à l’entrée de la surface s’envolait dans les gradins. Auteur d’une belle entrée en jeu, Petric créait le danger dans la défense turque sur un déboulé plein axe et était fauché à 25 mètres des buts (84e).

Le coup franc qui s’en suivait était remarquablement tiré par Srna en pleine lucarne mais Rüstü, très hésitant jusque là, sauvait les siens d’une parade de classe mondiale. A la 89e minute, Rüstü encore s’interposait sur une reprise d’Olic consécutive à un bon centre de Modric et les deux équipes, toujours à égalité 0-0, étaient forcées de disputer une prolongation.

Un miracle permanent

La Turquie est une miraculée permanente puisqu’elle doit sa qualification dans le groupe A à deux renversements de situation face à la Suisse – victoire 2-1 dans les arrêts de jeu après avoir été menée 1-0 – et la République tchèque – victoire 3-2 grâce à trois buts dans le dernier quart d’heure après avoir été menée 2-0.

Elle devra encore puiser dans ses ressources insoupçonnées face à l’Allemagne en demi-finale, mercredi à Bâle, où elle sera privée d’une demi-douzaine de joueurs (trois nouveaux suspendus face à la Croatie et plusieurs blessés).

swissinfo et les agences

Stade Ernst-Happel de Vienne (Autriche).
51’428 spectateurs: Arbitre: Roberto Rosetti (ITA).

Buts:
119’Klasnic 1-0, 122’Semih 1-1.


Croatie. Pletikosa; Corluka, R.Kovac, Simunic, Pranjic; Srna, Modric, N.Kovac, Rakitic; Kranjcar (65’Petric); Olic (97’Klasnic).

Turquie. Rustu; Sabri, Goekhan, Emre Asik, Hakan Balta; Topal (76’Semih); Kazim (61’Boral (J)), Ham.Altintop, Tuncay (J), Arda (J); Nihat (117’Goekdeniz).

Samedi 21 juin:
Parc Saint-Jacques, Bâle
Pays-Bas-Russie, 18h45 GMT

Dimanche 22 juin:
Stade Ernst-Happel, Vienne
Espagne-Italie, 18h45 GMT

Fatih Terim (sélectionneur turc): «Le 1-0 des Croates n’était pas mérité. Nous n’avons pas cédé et avons été récompensés aux tirs au but. Je suis fier de mon équipe. Ce fut un beau match, nous avons lutté et sommes allés au-delà de nos limites lors des tirs au but. C’est unique dans l’histoire de notre football. Notre peuple peut être fier.»

Slaven Bilic (sélectionneur croate): «C’est incroyable et c’est aussi pour cela que le football est le plus beau sport du monde. Je croyais déjà que c’était fini, que l’on avait gagné et, tout d’un coup, est arrivé ce but fantastique du numéro 9 turc (Semih, ndlr). Après, c’est le drame de la séance de tirs au but. C’est comme cela, la vie continue. Demain est un autre jour. Et on va se relancer dans la qualification pour la Coupe du monde.»

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