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La violence adolescente dans sa banalité

'Yann se sent de plus en plus largué, et il ne trouve comme solution que le roller. Aller au bout du roller.' Image tirée de la BD

Après Jo, Sandra, le bédéaste vaudois Derib nous présente Yann et Luis, deux adolescents en difficulté. L´album «No Limits» s'inscrit parmi les livres «pédagogiques» de Derib.

«Pédagogique», Derib n’aime pas le mot, sans le rejeter pour autant. «Disons que ce sont des albums conçus pour essayer de créer un dialogue avec autrui». «Jo» évoquait le Sida, «Pour toi Sandra» la prostitution; «No Limits» a pour but de sensibiliser les jeunes au problème de la violence, et cela notamment par la voie scolaire.

Mais la violence qu’on trouve dans «No Limits» n’a rien d’extrême. Pas de baston débridée, de coups de feu ravageurs, de déglingue permanente. C’est la violence au quotidien, celle qui découle d’un mal-être adolescent, dû à des problèmes familiaux ou scolaires, pour aboutir à un premier dérapage, qui mènera lui-même à de plus «grosses bêtises».

«Yann se sent de plus en plus largué, et il ne trouve comme solution que le roller, aller au bout du roller… C’est-à-dire que pour prouver qu’il existe, il ne fait que des conneries» explique Derib. Des exemples? Le braquage d’un homme dans l’idée de s’acheter des rollers neufs, puis des paris fous, qui le mèneront, lui et son ami Luis, à l’hôpital.

La rédemption aura lieu par la grâce d’un grand-père attentif, qui a les traits du chanteur Ricet-Barrier, et d’un éducateur sportif, ferme quoique compréhensif, auquel l’alpiniste Jean Troillet a prêté son visage.

Lors de la création du scénario, Derib s’est entouré d’un «comité de lecture» constitué de personnes issues des milieux concernés: psychologue, enseignant, médiateur… et adolescents. A l’arrivée, et c’est ce que Derib souhaitait, un récit à la fois très réaliste, et très «édifiant».

Un adolescent qui se serait déjà engagé dans la spirale de la délinquance pourrait-il s’y identifier, et y être sensible? «Je ne pense pas», répond Derib. «Un cas tel que celui que vous évoquez relève d’un traitement, ou de la répression. Le but de cet album, c’est de faire de la prévention. La distribution va commencer dès l’âge de 12 ans. Donc il s’agit vraiment de prévenir les jeunes des dangers potentiels. Je n’ai pas l’ambition de pouvoir toucher des jeunes qui ont dépassé un certain cap. Ceux-là trouveront que cette BD est vraiment très légère, et que cela ne les concerne pas.»

«No Limits», produit par la «Fondation pour la vie», créée par Derib, est soutenu par le Canton de Vaud. Celui-ci a largement contribué au financement de l’édition des 150 000 exemplaires destinés aux écoliers suisses, une version accompagnée d’un dossier pédagogique. Les cantons de Genève et du Jura envisagent également une distribution scolaire.

Outre la Suisse, l’édition pédagogique intéresse aussi la France et la Belgique. Ce sont 200 000 exemplaires qui ont été prévus pour ces deux pays. Par ailleurs, l’album fait aussi l’objet d’un tirage commercial de 30 000 exemplaires aux éditions Le Lombard, dans la collection «Signé». Les droits des ventes en magasin sont versés à la «Fondation pour la vie», qui utilise ces fonds pour l’édition de nouveaux emplaires.

Bernard Léchot



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