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La violence contre les femmes n’épargne pas la Suisse

La Journée de l'ONU est organisée le 25 novembre depuis 1981. swissinfo.ch

A l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence contre les femmes, les milieux concernés rappellent que le problème touche largement la Suisse.

De nombreux événements sont organisés dans tout le pays pour attirer l’attention sur le sujet, avec la distribution d’informations sur les centres de conseil et les refuges pour femmes battues.

«La campagne annuelle est organisée au niveau local», explique à swissinfo Monique Aeschbacher, du Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes.

Ainsi, les refuges pour femmes lancent une campagne d’affichage et une initiative centrée sur les cas de meurtres en famille, mais également une série de réunions d’experts.

A Zurich par exemple, on procédera à la distribution de badges portant le message «Halte à la violence contre les femmes».

De son côté, la branche suisse de Terres des Femmes essaie d’attirer l’attention sur les mariages forcés, qui selon l’organisation touchent principalement de jeunes migrantes entre 16 et 19 ans.

En Suisse, on estime qu’une femme sur cinq entre 20 et 60 ans est victime de violence physique ou sexuelle de la part de son partenaire. Le coût policier et social en est estimé à 400 millions de francs par année.

Action

Les autorités fédérales rappellent que la Suisse est active dans la lutte contre cette violence, aussi bien dans le pays qu’à l’étranger.

Au niveau national, le Bureau de l’égalité soutient les abris pour femmes et les centres de consultation sur la violence domestique. Il organise également des tables rondes pour la lutte contre la traite d’êtres humains.

En 2004, la loi a été modifiée pour permettre à la police d’intervenir en cas de violence familiale même sans plainte de la victime. Et en juin de cette année, le parlement a approuvé un article permettant d’éloigner temporairement le conjoint violent de son domicile.

Mais certaines ONG s’inquiètent du sévère manque de place dans les refuges pour femmes battues et estiment que l’on n’en fait pas assez pour combattre la violence domestique.

Une étude récente a également montré que plus de la moitié des homicides commis en Suisse ont lieu dans le cadre familial. L’exemple le plus médiatisé cette année aura été celui de l’ancienne championne de ski Corinne Rey-Bellet, abattue avec son frère par un mari qui s’est ensuite donné la mort.

Excision: en Suisse aussi

Et ce n’est pas tout: les mutilations génitales ne sont depuis longtemps plus un problème essentiellement africain. Elles touchent aussi la Suisse, selon l’UNICEF, qui estime à 6000 ou 7000 le nombre de femmes excisées ou menacées de l’être dans le pays.

Or, si l’Autriche, le Danemark, la Norvège, la Suède, la Belgique et l’Espagne interdisent explicitement ces pratiques, le droit suisse protège insuffisamment les filles, affirme le Fonds de Nations Unies pour l’enfance.

Les mutilations génitales féminines se divisent en effet en quatre catégories. Au sens du Code pénal suisse, deux d’entre elles, l’excision et l’infibulation, sont des lésions corporelles graves. Par contre, un avis de droit établi par l’Université de Fribourg montre que l’incision et les pratiques non classées ne sont que des lésions corporelles simples.

Pour sanctionner toutes les formes de mutilations de manière appropriée, il faudrait modifier le Code pénal, estime l’UNICEF. Une mention explicite faciliterait considérablement la prévention et l’abolition de telles pratiques.

Problème mondial

Depuis 1981, les Nations Unies dédient chaque année la journée du 25 novembre à l’élimination de la violence contre les femmes.

Selon l’organisation au moins une femme sur trois dans le monde sera battue, contrainte à des relations sexuelles non souhaitées ou abusée d’une manière ou d’une autre au cours de sa vie, et le plus souvent par une personne de son entourage proche.

Dans son message à l’occasion de cette journée, le secrétaire général de l’ONU rappelle que ces agressions constituent une «misère cachée», qui empêche les femmes de développer leur potentiel

«Si l’on parle de violence contre les femmes, il n’y a pas de sociétés civilisées», lance Kofi Annan.

swissinfo et les agences

En Suisse, une femme sur cinq est au moins une fois dans sa vie victime de violence domestique, qu’il s’agisse de menaces, de chantage, de coups ou d’abus sexuels.
Entre 2000 et 2004, 28 femmes et 13 hommes en moyenne ont été tués par des proches en Suisse, selon les derniers chiffres de l’Office fédéral de la statistique.
54% des homicides se produisent dans le cadre familial, pourcentage élevé si on le compare par exemple avec celui des Etats-Unis, qui est de 20%.

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