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Le bénéfice de la BNS fond comme neige au soleil

Malgré la chute de son bénéfice, la Banque nationale reste dans les chiffres noirs. Keystone

Au premier semestre 2006, le bénéfice de la Banque nationale suisse est tombé de 72,4% sur un an, à 1,96 milliard de francs.

La BNS subit de plein fouet la faiblesse persistante du dollar ainsi que la hausse des taux d’intérêt.

Ce puissant recul des bénéfices engrangés par l’institut d’émission intervient moins de deux mois avant la votation sur l’initiative COSA sur les bénéfices de la BNS. Cette dernière répète depuis le dépôt de l’initiative en 2002 que COSA, si elle devait être acceptée, remettrait en cause son indépendance.

«La capacité distributive à moyen terme de la Banque nationale s’établit à hauteur d’un milliard de francs par an seulement», a assuré son président Jean-Pierre Roth à fin avril, lors de l’assemblée générale de la BNS.

En lançant la campagne sur la votation du 24 septembre, les socialistes affirmaient au contraire que les bénéfices de la BNS devraient continuer à grimper en raison de la progression du prix de l’or.

Plusieurs sources de profits et pertes

A l’issue du premier semestre, les faits donnent raison aux dirigeants de la banque centrale. En raison des provisions légales, le bénéfice distribuable s’inscrit aujourd’hui à 1,51 milliard de francs.

Les énormes gains apportés par l’or ont été plus qu’effacés par les colossales pertes essuyées sur les changes ainsi qu’en raison de la hausse des taux.

L’or tout d’abord: le stock de 1300 tonnes de la BNS valait 3,25 milliards de francs de plus à la fin juin dernier que six mois plus tôt. Une année auparavant, la plus-value était de 2,7 milliards. La croissance du bénéfice à ce poste est donc de 20,5 % sur un an.

La situation est en revanche clairement tempétueuse sur le front des monnaies étrangères. La perte semestrielle s’y monte à 1,15 milliard de francs, contre un gain de 4,24 milliards entre janvier et juin 2005.

L’effet du billet vert

La baisse du dollar est responsable à elle seule d’une moins-value de 963 millions de francs. La hausse des taux a de son côté entraîné des pertes en capital de 1,07 milliard de francs sur les titres de créances en monnaies étrangères, car les prix des obligations évoluent mécaniquement à l’inverse des taux d’intérêt.

«Les pertes en capital ont été plus élevées que le produit des intérêts, de sorte que, si l’on fait abstraction des influences des cours de change, le résultat de ces placements a été négatif à hauteur de 285 millions de francs», contre un gain de 1,87 milliard au premier semestre 2005, indique la BNS.

Les placements en actions ont généré, hors répercussions des cours de change, un gain de 91 millions de francs. Quant aux placements en francs, ils ont débouché sur une perte de 51 millions de francs du fait de la hausse des taux d’intérêt.

swissinfo et les agences

La banque nationale suisse (BNS) est la banque centrale de la Suisse. Elle est indépendante du gouvernement. Cela signifie qu’elle fixe les taux d’intérêt de manière autonome.

Son objectif prioritaire est la stabilité des prix, condition importante à la croissance économique. La BNS base sa politique monétaire sur une prévision d’inflation à moyen terme, son taux de référence étant le Libor à trois mois (London Interbank Offered Rate).

Elle a également pour tâche d’émettre les billets de banque et de distribuer la monnaie. Ses bénéfices sont redistribués aux cantons (deux tiers) et à la Confédération (un tiers).

– Selon une convention passée en 2002 et valable jusqu’en 2012, la distribution du bénéfice à la Confédération et aux cantons se fait sur un montant maximum de 2,5 milliards. Un dividende est versé aux actionnaires et le solde éventuel est attribué à la réserve pour des versements futurs.

– L’initiative «COSA», lancée par les socialistes et les syndicats, propose d’affecter les bénéfices de la Banque nationale suisse (BNS) à l’AVS, à l’exception du milliard de francs réservé aux cantons. Elle sera soumise à votation le 24 septembre prochain.

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