Des perspectives suisses en 10 langues

Le badminton suisse se cherche des ailes

Le 7 mars à Bâle, la finale du Swiss Open a été remportée par le Chinois Dan Lin. Keystone Archive

Après un Swiss Open de haute volée la semaine dernière à Bâle, Genève accueille le championnat d’Europe en avril.

Le badminton helvétique quant à lui se cherche un second souffle. Mais l’espoir subsiste de pouvoir applaudir des Suisses aux JO d’Athènes.

La semaine dernière à Bâle, tout le top ten mondial était de la partie. Les Chinois y ont effectué une véritable razzia, puisque seul le double mixte leur a échappé.

Organisé depuis quatorze ans dans une région bâloise considérée comme la Mecque suisse de ce sport de raquette, le tournoi a attiré quelque 16’000 spectateurs.

D’un point de vue médiatique, les volants n’ont guère fait souffler de vent favorable. Alors que le Swiss Open était retransmis en direct sur plusieurs chaînes de télévision asiatiques, la chaîne suisse alémanique SF DRS a osé une heure de diffusion. Et encore, en différé.

Cette absence d’intérêt de la part des médias suisses est symptomatique de la santé actuelle du badminton helvétique.

Bien sûr, les Suisses ne sont jamais parvenus à régater avec les joueurs asiatiques – Indonésiens, Chinois et Coréens surtout. Là-bas, le badminton, sport national, destine ses champions à la richesse et à la reconnaissance sociale.

Mais la Suisse ne figure plus non plus parmi les douze meilleures nations européennes, comme c’était le cas il y a encore trois ou quatre ans. Ni du reste au nombre des seize premières, rangs synonymes de qualification aux prochains championnats d’Europe à Genève (du 16 au 24 avril).

Une phase de transition

En charge des équipes nationales (Elite) à la Fédération suisse de badminton, Werner Riesen parle d’une phase de transition.

Une génération de bons joueurs a en effet progressivement quitté les courts. Et les cinq ou six juniors suisses qui flambent à l’échelle européenne auront besoin de deux ans au moins pour faire le poids dans l’élite.

«Encore faudra-t-il qu’ils soient bien pris en charge, estime Werner Riesen. Car ils sont à l’âge où la vie active entre en concurrence avec le sport. Et contrairement au tennis, gagner sa vie en devenant champion de Suisse de badminton n’est pas envisageable.»

Si la relève existe donc, la Suisse risque toutefois de devoir faire l’impasse sur les JO d’Athènes. En simple comme en double, les joueurs masculins sont classés au-delà des cent meilleurs mondiaux.

La paire de double dames Judith et Fabienne Baumeyer a, par contre, encore des chances de qualification. Elle devra pour cela passer du 28e au 24e rang mondial d’ici à la mi-mai, date de la sélection.

Quant à la championne de Suisse – Santi Wibowo – il faudra qu’elle sorte le grand jeu lors des prochains tournois de qualification pour espérer une nouvelle participation aux JO, après ceux d’Atlanta 96, où elle avait atteint les 16e de finale.

Le nombre de joueurs explose

Cette «phase de transition» du badminton suisse ne s’arrête pas aux résultats. Si la fédération s’estime suffisamment soutenue par les autorités du sport, elle est en effet confrontée à un paradoxe coûteux.

Alors que le nombre de joueurs a explosé en Suisse depuis une dizaine d’années, la population de licenciés connaît une baisse sensible.

Il faut en chercher l’explication dans les infrastructures insuffisantes des clubs, soumis à rude concurrence par les complexes sportifs qui louent leurs courts à l’heure.

Or, la cotisation des licenciés constitue la principale ressource de la fédération. Résultat: son budget (200’000 francs pour l’élite) a fondu d’un quart depuis les JO de Barcelone. D’où un risque d’asphyxie.

Au moment où elle célèbre son demi-siècle, la fédération tente de sortir de ce cercle vicieux. Une modernisation de ses structures est en cours et l’engagement d’un directeur technique envisagé.

Tout en cherchant à attirer des sponsors, elle veut multiplier ses 6000 licenciés par deux en cinq ans, surtout grâce à l’amélioration des infrastructures des clubs et à la multiplication des compétitions.

La fédération cherche aussi à susciter l’intérêt des médias, au moyen d’événements comme les championnats d’Europe.

«Mille joueurs nous rapportent entre 100 et 120’000 francs, explique Werner Riesen. Dans ces conditions, pas besoin d’adhésions massives pour donner de véritable moyens financiers à cette fédération».

swissinfo, Pierre-François Besson

– Le badminton est apparu en Suisse vers 1920, apporté, dit la petite histoire, par les fonctionnaires internationaux, notamment anglais.

– En 1980, la Suissesse Liselotte Blumer est championne d’Europe. Mais la Fédération suisse de badminton ne saura pas exploiter ce succès.

– Au-delà du coach national, de quelques entraîneurs et du petit secrétariat de la fédération, le badminton ne fait pas vivre grand monde en Suisse.

– Actuellement, on compterait 50’000 joueurs réguliers et quatre fois plus d’occasionnels. Plus de 10’000 adeptes sont membres de clubs et près de 6000 possèdent une licence.

– La Chine domine le badminton mondial, suivie par l’Indonésie et la Corée. En Europe, les Scandinaves (le Danemark surtout) et la Grande-Bretagne figurent aux avant-postes.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision