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Le Baratanâtyam révélé à Genève

Le Bharatanâtyam implique une gestuelle des mains très complexe (photo J. Watts, Musée d'ethnographie de Genève). Le Bharatanâtyam implique une gestuelle des mains très complexe (photo J. Watts, Musée d'ethnographie de Genève).

Le Musée d'ethnographie de Genève présente la plus ancienne danse de l'Inde. Ou quand le corps sert l'âme en quête de vérité.

C’est la première exposition en Europe consacrée à la plus vieille danse classique et populaire de l’Inde. Le Bharatanâtyam date en effet de plus de 4000 ans. C’est aussi la première fois qu’un livre-catalogue sur cet art est publié en français et en anglais.

L’auteur de ces deux projets: Manjula Lusti-Narasimhan, la commissaire invitée du Musée d’ethnographie de Genève. Née il y a une trentaine d’années au sud de l’Inde, elle vit depuis longtemps à Genève, où elle a ouvert son école de danse Silambam.

C’est à quatre ans qu’elle a commencé à apprendre cette danse appelée Bharatanâtyam. «En Inde, on est très tôt initié à cet art. Et comme la danse a été initialement conçue comme une méditation pour les femmes, je vis ma spiritualité au travers de la danse.»

Sur le modèle d’un temple

L’exposition, elle, se concentre sur l’aspect du sacré du Bharatanâtyam. Elle est construite sur le modèle du temple Chidambaram, situé à 200 km au sud de Madras, à la pointe de l’Inde. Car cette danse s’est d’abord développée dans l’enceinte des temples indiens.

Ainsi, une partie de l’exposition explique toute la gestuelle du Bharatanâtyam. Une autre évoque l’enseignement de cette danse en Inde et de par le monde. Un autre espace décrit l’endroit privilégié où résidaient les danseuses dans le temple. Et il y a même une cour consacrée à la musique liée au Bharatanâtyam.

On apprend aussi pourquoi et comment cette discipline artistique initialement sacrée est devenue une danse classique et populaire. En Inde et dans le monde entier, puisque des écoles l’enseignent également aux Etats-Unis, en Europe et dans plusieurs villes suisses.

Danse complexe et complète

Au Musée d’ethnographie de Genève, des journées scolaires et des ateliers le week-end sont prévus pour initier enfants et adultes au Bharatanâtyam. Mais que l’on ne s’y méprenne pas, «il faut en moyenne une trentaine d’année pour maîtriser cet art»!

Les danseuses interprètent le Bharatanâtyam drapées dans des saris de soie aux couleurs vives (rose fuchsia par exemple) ornés de fils d’or. Elles se parent aussi de très nombreux bijoux.

Ceux portés sur leur tête, par exemple, représentent les planètes selon la cosmologie indienne. Alors que leurs clochettes aux pieds leur permettent de marquer le tempo de la musique.

Dimension spirituelle

Cette danse exige une participation de toutes les parties du corps. Cela va d’un battement subtil du sourcil à des mouvements plus amples des hanches ou des jambes, en passant par une gestuelle complexe des mains et des bras. Bharatanâtyam est une performance pour le corps et l’âme.

En effet, cette danse véhicule cette dimension spirituelle indienne ou hindoue d’une seule et même vérité nommée «Brahman». En tant que dieu de la danse, Shiva en est une manifestation.

Et la danse Bharatanâtyam est une façon de vivre cette vérité. Ne serait-ce qu’en regard de l’une des théories philosophiques indiennes qui explique la création de l’univers par le son et la danse.

swissinfo/Emmanuel Manzi

Bd Carl-Vogt 65 à Genève; 8 mai au 17 novembre, ma-di 10-17h
tél.: (022) 418.45.50

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