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Le boom des exportations d’armes suisses

Le Pirana, un des blindés suisses les plus vendus à l'étranger. www.mowag.ch

Selon le Secrétariat d'Etat à l'économie (seco), les exportations suisses de matériel de guerre ont atteint leur plus haut niveau depuis 14 ans.

Malgré l’embargo lié à la guerre en Irak, elles ont augmenté l’an dernier de 36,5% pour atteindre 379 millions de francs.

La valeur des exportations a effectivement augmenté de 101,4 millions de francs par rapport à 2002, a annoncé mercredi le secrétariat d’Etat à l’économie (seco).

A noter toutefois que cette somme ne représente que 0,28% du montant total des exportations de marchandises de l’économie suisse. Cette part était de 0,2% l’année précédente.

L’Europe avant tout

Près des trois quarts du matériel exporté l’a été à destination des 25 pays mentionnés dans l’ordonnance sur le matériel de guerre (OMG).

Ces pays ont tous adhéré aux quatre régimes internationaux de contrôle des exportations: le Groupe des pays fournisseurs nucléaires, Groupe d’Australie, Régime de contrôle de la technologie des missiles, Arrangement de Wassenaar.

Plus précisément, pas moins de 68,3% du matériel de guerre était destiné à l’Europe. Viennent ensuite l’Asie (12,5%), l’Amérique (9,8%), et l’Afrique (8,7%).

Le principal pays importateur de matériel de guerre suisse a été l’Allemagne avec des livraisons d’une valeur de 77,3 millions de francs, suivi de l’Espagne (60,1 millions).

On trouve ensuite la Suède avec 34,4 millions, le Botswana (32,5 millions) et les Etats-Unis (32,2 millions).

Refus pour Israël et la Turquie

L’embargo sur les armes à destination des parties en conflit en Irak décidé en mars 2003 par le gouvernement suisse (Conseil fédéral) n’a pas eu d’influence sur les exportations, souligne Othmar Wyss, responsable des exportations au seco.

D’ailleurs, la forte progression des exportations s’explique surtout par la livraison d’importantes commandes de matériel de conduite de tir et de véhicules blindés.

Ces derniers, qui ont représenté près d’un tiers des exportations, ont été principalement livrés en Espagne, au Botswana et en Allemagne.

Le matériel de conduite de tir et les munitions – 40% des exportations – ont pris le chemin de l’Autriche, de l’Espagne, de l’Allemagne, de la Malaisie, de Singapour et des Etats-Unis.

Parmi les 2’069 demandes de permis d’exportation, 16, relatives à 12 pays, ont été refusées. Elles concernaient des armes à épauler ainsi que des armes de poing, leurs composantes et leurs munitions.

Si le nom des 12 pays concernés n’est pas publié, Othmar Wyss a tout de même précisé que Israël et la Turquie en faisaient partie.

swissinfo et les agences

Le volume des ventes a atteint 379 millions de francs, soit 101,4 millions de plus qu’en 2002.
Les deux secteurs les plus importants sont les véhicules blindés (30,1% des exportations) et le matériel de conduite de tir, 20,6%.

– L’exportation de matériel de guerre est réglementée par la loi fédérale sur le matériel de guerre (LFMG) de 1996, complétée par l’ordonnance sur le matériel de guerre (OMG) en 1998. La dernière révision date de 2002.

– L’exportation de matériel de guerre n’est autorisés que s’il est conforme aux règles du droit international public et aux principes de la politique étrangère suisse.

– En clair, toute exportation d’armes par la Confédération est interdite vers les pays en conflit.

– Mais une interdiction moindre frappe les entreprises privées. Et la loi est relativement floue.

– La plupart des exportations d’armes suisses continuent à se faire à destination des pays de l’ouest.

– Toutefois, la Suisse prête davantage attention, depuis les années 90, aux exportations d’armes à destination de pays où le respect des droits de l’homme n’est pas garanti et où les conflits peuvent être fréquents.

– Un contrôle triangulaire est depuis assuré par les autorités administratives (Seco notamment), le Conseil fédéral et une commission du Parlement (CdG).

– Les exportations de matériel de guerre sont formellement interdites dans les pays suivants: Irak, Birmanie, Zimbabwe, Soudan, Inde, Pakistan et Turquie.

– Le 8 juin 1997, le peuple suisse a été consulté sur l’initiative populaire «Pour l’interdiction d’exporter du matériel de guerre». Le projet a été nettement rejeté avec 77,5% de non.

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