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Le carton jaune de Sepp Blatter a réveillé le Brésil

A Rio, le mythique stade de Maracana est entièrement désossé. Pierre Bratschi

Le président de la FIFA avait pointé du doigt les retards dans les travaux de préparation pour la Coupe du Monde 2014 au Brésil. Le Suisse Sepp Blatter semble satisfait de la réaction des Brésiliens. Pour autant, ils ne sont pas sortis d’affaire.

«Les Brésiliens étaient fâchés, mais ils ont réagi», Joseph Blatter, le président de la FIFA, s’est déclaré satisfait du sursaut du gouvernement brésilien suite à ses déclarations fin mars sur le retard accumulé par le pays dans sa préparation pour la Coupe du monde de football de 2014. Orlando Silva ministre brésilien des sports, avait alors admis: «nous avons effectivement des problèmes pour les stades de Natal et de São Paulo, mais sinon tout va bien».

Joseph Blatter avait-il eu tort de s’inquiéter ? Luis Rodrigues, expert en économie du sport pour le journal O Globo, estime au contraire que l’avertissement du président de la FIFA est justifié. «Des rénovations engagées sur les douze stades prévus pour la Coupe, trois sont dans les délais, sept ont déjà accumulé un important retard et deux n’ont même pas débuté», explique-t-il.

Des casse-têtes

São Paulo, la ville la plus puissante du continent, risque de se voir privée de Mondial. Devant l’incapacité à aménager un stade correspondant aux exigences de la FIFA, la municipalité de la mégapole a décidé d’en construire un neuf. Or, pour être homologué «mondial» un stade doit pouvoir être testé lors de la Coupe des confédérations de 2013. Et les ‘Paulistas’ le savent: leur nouveau stade ne sera jamais achevé à cette date. São Paulo l’orgueilleuse devra certainement se contenter de simples matches de qualification.

Autre stade, autre casse-tête, Maracana. Lors de la rénovation du stade mythique de Rio, des défauts de structure sont apparus, les travaux ont pris du retard et le budget initialement prévu à quatre cent millions de francs a été réévalué à cinq cent cinquante millions.

Partie visible de l’iceberg

«Nous allons devoir travailler jour et nuit si nous voulons terminer dans les délais» explique Icaro Moreno, le président de l’entreprise de construction chargée de la rénovation du stade. «Nous avons dû faire beaucoup de modifications et engager trois mille travailleurs supplémentaires mais maintenant le projet est mûr et nous pouvons aller de l’avant », ajoute le constructeur.

Si les stades représentent la partie visible de l’iceberg, les travaux qui restent à entreprendre pour accueillir les six cent mille personnes attendues pour la Coupe du monde sont titanesques. Notamment en ce qui concerne le transport aérien. Les aéroports brésiliens sont régulièrement saturés, les files d’attentes interminables, les infrastructures obsolètes et les liaisons aux centres des villes inefficaces.

Zurich Airport négocie

A São Paulo, par exemple, le trajet de l’aéroport au centre de la ville situé à vingt cinq kilomètres peut aisément prendre deux heures. La situation est telle que la présidente Dilma Rousseff a décidé de confier la gestion des aéroports brésiliens à des sociétés privées. Attirées par un réseau aérien en pleine expansion, de grandes entreprises internationales sont déjà en phase de négociations avec le gouvernement, dont A-port née d’une alliance entre Flughafen Zurich AG et la chilienne Gestion Ingeneria.

«Le Brésil est en retard sur tous les fronts, non à cause du manque d’argent mais bien à cause des lenteurs administratives et des règles compliquées d’adjudication» explique Luis Rodrigues. «De plus, les exigences environnementales de la FIFA ont passablement compliqué les choses dans un pays où la protection de l’environnement n’est pas encore une priorité», ajoute Icaro Moreno.

Epidémie de dengue

Si les Brésiliens ont décidé de mettre les bouchées doubles pour les stades et les aéroports, ils ne sont pas pour autant sortis d’affaire. La FIFA réclame effectivement des infrastructures hôtelières qui font encore défaut et un système de santé paré à toute éventualité.

Or, à l’image de celui de bien des villes du pays, le système de santé de Rio est incapable de faire face à l’épidémie de dengue qui a touché cent mille personnes et causé la mort de quatre vingt d’entre elles depuis le début de l’année.

«Le Brésil doit faire attention, car si l’Afrique du Sud avait également des problèmes à trois ans du coup d’envoi de sa Coupe du monde, la FIFA a été moins regardante qu’elle ne l’est avec le Brésil» explique Luis Rodrigues, «car l’Afrique du Sud était un projet personnel de Joseph Blatter, le Brésil non».

1er juin à Zurich. Amérique du Sud, Afrique, Océanie, Europe: les soutiens déclarés affluent en faveur de Sepp Blatter, président en exercice de la FIFA. Du coup, le Valaisan semble se diriger vers un quatrième et dernier mandat aux élections le 1er juin 2011.

Cinq fois champion du monde, le Brésil organisera en 2014 sa seconde Coupe du monde de football, après celle de 1950.

Douze stades sont prévus, Rio, São Paulo, Belo Horizonte, Curitiba, Porto Alegre, Salvador, Brasilia Cuiaba, Fortaleza, Recife, Natal et Manaus.

 

Retards. Les travaux des stades de Belo Horizonte, Curitiba et Porto Alegre avancent selon les planning prévus, ceux de São Paulo et Natal n’ont pas encore débuté, et ceux des sept autres villes ont du retard.

São Paulo. Initialement prévu pour le match d’ouverture le stade de Morumbi qui peut recevoir 80’000 spectateurs n’en contiendrait plus que 45’000 s’il devait être aménagé selon les exigences de la FIFA. Nombre largement inférieur aux 65’000 demandés pour un match d’ouverture, une demi-finale ou une finale. Un nouveau stade devra être construit.

Rio. En cours de rénovation, le stade de Maracana est pour l’heure complètement désossé. Tous les fauteuils seront remplacés, la pelouse et le toit refaits, les sorties construites pour pouvoir évacuer le stade en huit minutes. Les accès au stade ainsi que 10’000 places de parking doivent encore être encore construits dans un quartier densément peuplé. Maracana, qui a accueilli 199’000 spectateurs lors de la finale de 1950, ne contiendra «plus que» 80’000 places.

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