Le casino de Campione subit la concurrence suisse
Campione est une anomalie, une enclave italienne à l'intérieur du canton du Tessin depuis 1512.
Sa seule ressource est un casino, qui va devoir affronter les nouveaux établissements de Lugano, Mendrisio et Muralto.
S’il n’y avait pas l’inscription «Campione d’Italia» sur la grande porte en pierre qui marque l’entrée du village, le visiteur ignorerait qu’il vient de quitter la Confédération pour l’Union européenne. En effet, aucune douane ne sépare l’enclave italienne du territoire suisse.
Ce n’est pas la seule spécificité de ce minuscule paradis fiscal coincé entre le lac de Lugano et la montagne. Le franc suisse y circule librement. On atteint par téléphone un correspondant installé à Campione en composant tout simplement le 091, indicatif du Tessin, plutôt que le 0039, indicatif de l’Italie.
Campione est entrée dans l’histoire en 777, lorsque Totone, un riche marchand lombard, fait don de son domaine agricole au monastère milanais de Saint Ambroise. Ce territoire de 2 kilomètres sur moins d’un kilomètre ne rejoindra pas la Suisse comme le reste du Tessin en 1512.
Un demi-millier d’étrangers
Depuis la création d’un casino en 1917, Campione (3000 habitants) est devenue si prospère qu’elle ne réclame plus ni taxes ni impôts à ses habitants. En effet, toutes les grosses fortunes du nord de l’Italie, et notamment de Milan, viennent flamber dans ce petit Monaco.
Résultat, cette enclave italienne est un véritable paradis fiscal, au même titre que les Bahamas ou les Seychelles. Campione accueille un demi-millier de riches Allemands et Néerlandais.
La bourgade italienne abrite également Youssef Mustafa Nada et Ali Ghaleb Himat, deux des administrateurs de la société Al-Taqwa, soupçonnée par les autorités américaines de financer le terrorisme islamiste.
Le casino municipal de Campione, unique ressource de l’enclave italienne, emploie quelque 500 personnes, et réaliserait un chiffre d’affaires de 160 millions de francs, ce qui le classerait numéro un des maisons de jeu italiennes, devant ceux de Venise et de San Remo.
L’œuvre de Mario Botta
Seulement voilà, ce casino risque de subir de plein fouet la concurrence de celui de Lugano, installé à vingt minutes en voiture. Le Tessin a remporté la mise avec trois établissements. Un casino A à Lugano, avec 13 jeux de table, des mises illimitées et des machines à sous illimitées.
Et deux casinos B, ceux de Mendrisio et de Muralto (3 jeux de table, mise limitée, 150 appareils à sous maximum, chacun). Même s’il affirme ne pas craindre la concurrence, le casino de Campione a demandé à l’architecte tessinois Mario Botta d’imaginer une œuvre pharaonique.
La facture s’élèvera à 140 millions de francs et l’ensemble ne sera terminé qu’en 2005. Rien n’est trop beau pour accueillir 400 000 visiteurs par an, et surtout, pour conserver l’unique joyau de ce Liechtenstein latin.
swissinfo/Ian Hamel à Campione d’Italia
Le casino municipal de Campione emploie quelque 500 personnes
Il réaliserait un chiffre d’affaires de 160 millions de francs, ce qui en ferait le premier casino italien
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