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Le changement climatique réchauffe l’esprit des politiques

Keystone

Le rapport de l'ONU sur le climat a un fort impact sur la classe politique suisse. Les réactions se sont multipliées samedi dans le sillage de la conférence de Paris.

Les socialistes vont jusqu’à demander la tenue d’une session parlementaire spéciale sur le thème. Seule la droite dure juge la situation «pas si dramatique».

Le groupe parlementaire socialiste s’est penché sur la thématique lors d’une réunion à huis clos vendredi et samedi. Il est arrivé à la conclusion que les changements climatiques menaçaient la société moderne et que la Suisse en tant que pays alpin était particulièrement concernée.

Dans un communiqué publié samedi, le Parti socialiste (PS) réclame la mise sur pied d’une session extraordinaire pour traiter du sujet. Il a par ailleurs adopté un programme en 10 points dans lequel il exige notamment que dès 2015, tous les bâtiments respectent les standards «Minergie». Les nouvelles constructions doivent, elles, immédiatement intégrer les normes du label garantissant une consommation moindre d’énergie.

Les socialistes proposent aussi que les chauffages au pétrole et au gaz soient remplacés d’ici 2017 par des chauffages soit hybrides, soit basés sur des énergies renouvelables. Et d’également préconiser un programme pour assainir les systèmes de chauffage électrique. La Confédération aurait la responsabilité de vérifier que ces mesures soient mises en place et réalisées.

La taxe CO2 sur le carburant doit maintenant être augmentée et les nouveaux véhicules limités au niveau de leurs émissions de CO2, argumente le PS. Concernant les importations de courant éolien, les socialistes considèrent qu’il doit être subventionné. Côté trafic aérien, la Suisse devrait discuter avec l’Union européenne des émissions produites.

Verts et radicaux pour un débat urgent

De leur côté, les Verts et les radicaux (PRD / droite) réclament un débat urgent sur la politique climatique. «Il est temps d’enfin entreprendre des mesures», ont indiqué vendredi les Verts dans un communiqué. Et d’accuser les partis bourgeois d’avoir empêché l’adoption d’une taxe sur le CO2 efficace.

Le groupe parlementaire radical déclare pour sa part dans un communiqué que le thème des énergies propres et sûres doit être débattu dans le cadre de la session de mars. La menace d’une pénurie de courant dicte cette prise de position, ajoute le PRD.

Les radicaux reprochent au passage au ministre suisse de l’Energie et de l’Environnement Moritz Leuenberger et à l’Office fédéral de l’énergie d’avoir écarté ce sujet depuis beaucoup trop longtemps.

Centrales nucléaires

Un approvisionnement durable en énergie doit aller de pair avec une diminution de la consommation d’énergie grâce à des incitations fiscales ainsi que des mesures techniques. Les radicaux préconisent aussi un soutien ciblé et l’introduction de nouvelles énergies renouvelables.

Le PRD s’oppose toutefois à la proposition de Moritz Leuenberger de développer des centrales à gaz car, selon lui, elles engendrent une quantité énorme de CO2. Les radicaux se prononcent donc en faveur du maintien de l’utilisation de centrales nucléaires «neutres au niveau du CO2».

Rôle-clé du PDC

«Il est important de faire des efforts au niveau international, mais la Suisse doit avant tout remplir ses engagements au plan national», a déclaré vendredi le Parti démocrate-chrétien (PDC / centre droit). Le parti souhaite quant à lui cibler l’action dans les domaines de l’efficacité des énergies tout en développant une discussion «non-idéologique» sur l’énergie nucléaire.

La position des démocrates chrétiens pourrait être décisive dans ce débat. Samedi, le PS lui a demandé de rejoindre le camp socialiste-Verts. Des procédures relatives à la protection de l’environnement sont pendantes au Parlement.

Seule l’Union démocratique du centre (UDC / droite dure) juge la situation «pas si dramatique que ça». Les démocrates du centre n’ont donc fait part d’aucune mesure à entreprendre.

swissinfo et les agences

Plus de 500 scientifiques du monde entier étaient présent cette semaine à Paris pour faire le point sur les enjeux climatiques. Ils ont présenté une synthèse de leurs travaux à l’intention des décideurs.

Ce rapport de 21 pages a mis en évidence l’élévation des températures et ses effets, ainsi que la responsabilité «très vraisemblable» de l’homme dans cette évolution. Les experts prévoient une hausse des températures de 1,1 à 6,4 degrés d’ici 2100 et à une élévation des mers de 18 à 59 centimètres.

Au dernier jour de la conférence, qui s’est achevée samedi, le président français Jacques Chirac a lancé un appel à créer une «véritable organisation internationale» de l’environnement dans le cadre des Nations Unies.

Un groupe de 46 pays (pratiquement tous les pays européens et les pays en voie de développement) a été constitué pour promouvoir ce projet. Une première réunion devrait avoir lieu ce printemps au Maroc.

Mais les Etats-Unis et le Japon, ainsi que les grands pays émergents (Inde, Chine, Brésil) y sont opposés, craignant un système trop contraignant.

La Suisse fait partie du groupe des 46, mais est consciente que la tâche sera rude. «Il reste encore beaucoup de travail de conviction», a déclaré Thomas Kolly, chef de la division internationale de l’Office fédéral de l’environnement.

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