Des perspectives suisses en 10 langues

Le chapeau ne fait pas l’artiste

Charlie Winston: simplement impeccable. Keystone

Peter Doherty et Charlie Winston. Deux musiciens à chapeau sous le chapiteau. L'un brouillon, approximatif, désinvolte, limite prétentieux. L'autre hyper pro, précis, tendu, efficace et chaleureux en même temps. Cherchez l'erreur.

«Les médias devraient plus parler de sa musique, et moins de ses frasques». C’est ce qu’on se dit de Doherty quand on tombe sur une galette des Libertines ou des Babyshambles. Heureuse surprise, le songwriter est original et l’interprète sonne juste.

Récemment, Peter, comme on doit l’appeler désormais (Pete, ça fait trop trash) s’est même offert un album acoustique, marque d’une sérénité retrouvée. L’icône alcoolo-toxico-déglingue est aussi un artiste. Et il faut que ça se sache.

D’accord. Mais sur le disque, il y a des musiciens avec lui (dont le guitariste de Blur), et des choristes. Alors qu’ici, il est seul en scène. Et unplugged.

Plutôt casse-gueule. Captiver 8000 personnes pendant plus d’une heure avec juste sa voix et sa guitare, ce n’est pas donné à tout le monde.

Pas le poids

Disons-le tout net: avec son allure (et ses miaulements) de chat mouillé et sa technique instrumentale vite limitée, Peter Doherty ne fait pas le poids.

Et ses gimmicks de bad boy – qui vide sa bouteille, allume ses clopes, suspend un soutien-gorge à son pied de micro – font un peu léger en fait de contact avec le public. Public dont il a souvent l’air de se foutre assez généreusement.

Bien sûr, il y a des moments qui balancent, surtout quand les fans reconnaissent un air et qu’une partie du chapiteau se met à tanguer. Mais il y a aussi tous ceux où on a envie de lui crier «stop it !», comme au baba cool qui gratouille interminablement et lourdement sa guitare au coin du feu.

Et il y a aussi cette jeune femme dans le public, avec son grand panneau marqué «R.I.P. Mark Blanco», du nom de l’acteur mort défenestré en 2006 après une bagarre avec Peter Doherty, qui lui a valu d’être récemment entendu pour la seconde fois par le juge.

Et c’est reparti. Voilà que l’on se remet à parler de ses frasques…

Evidence

Avec Charlie Winston par contre, c’est bien de musique qu’il est question. Et quelle musique ! Encore boudé dans son Angleterre natale, ce féru de grunge, de reggae et de rythmes indiens (qu’il a étudiés sur place) a rapidement conquis la France, où il réside, et qui a déjà acheté 200’000 exemplaires de son deuxième album.

Eclectique comme son créateur, cette musique est à la fois rock, soul, country, funk, avec un supplément d’originalité et la clarté d’une évidence. Au point que l’on se demande pourquoi personne n’a jamais trouvé ça avant.

Là où Doherty a le chapeau triste, Winston l’a goguenard et sautillant. Avec ses yeux rieurs, son petit collier de barbe et sa prestance de gentleman, il est typiquement le type dont on aimerait se faire un pote.

Cette image l’agace d’ailleurs un peu, comme il l’a dit à la radio Couleur 3 avant son passage à Paléo.

Car Charlie Winston est aussi un formidable «entertainer», un crooner soul qui sait faire hurler 8000 poitrines et se balancer 8000 paires de bras. Et même plus: la semaine dernière aux Vieilles Charrues (le Paléo breton), ils étaient 60’000.

La grande classe

Pour arriver à ça, le chanteur a le soutien d’un band impeccable, avec mention spéciale à Medi (juste Medi), batteur métronymique, omniprésent et «pêchu» en diable. Qui se fait parfois épauler d’un, voire deux percussionnistes – quand Charlie se met à battre le tambour.

Le battement primordial, il le donne aussi en se lançant dans des exercices de beatbox, cette manière de faire une boîte à rythmes avec la bouche. Et ailleurs, il y a du dulcimer, de l’harmonica, un mini synthétiseur qui sonne comme ceux des pionniers des seventies, tout cela pour varier les atmosphères, les couleurs, les émotions.

Puis ce sont quelques notes sifflées au micro, une rythmique entendue mille fois à la radio, et le chapiteau redouble de ferveur. A voir les vagues qui agitent la foule jusqu’à la tribune du fond, on réalise à quel point Like a Hobo est déjà un hymne.

Pas de doute: Charlie Winston au Paléo, la prochaine fois, c’est la grande scène. Et en attendant, c’est déjà la grande classe !

Marc-André Miserez, swissinfo.ch, au Paléo

Tracy Chapman, Francis Cabrel, Ayo, Santigold (ex Santogold), Cold War Kids, Caravan Palace, Les Ogres de Barback, La Grande Sophie, Grace, Evelinn Trouble & Trespassers, DatA, Kate Wax, Nancy Glowbus, The Proteins, Debout Sur Le Zinc, Zedrus

Village du Monde (Inde)
Raghunath Manet, Karsh Kale & MIDIval Punditz, Musafir – Gypsies of Rajasthan, Jaipur Maharaja Brass Band

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision