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Le CICR a besoin d’un milliard pour 2006

Jakob Kellenberger, président du CICR. Keystone

L'année prochaine, le Comité international de la Croix-Rouge aura besoin d'un milliard de francs suisses pour ses opérations. C'est 9,2% de plus qu'en 2005.

En présentant son budget vendredi à Genève, l’organisation a également répété sa préoccupation d’avoir accès à tous les détenus de la «guerre contre le terrorisme» que mènent les Etats-Unis.

Le CICR emploie près de 180 expatriés au Soudan qui restera en 2006 son principal théâtre d’opérations avec un budget de 127 millions de francs. L’Afrique concentre la part la plus importante des activités du CICR, avec 43% du budget.

«Une tendance nous frappe beaucoup, c’est la plus grande diversité et la fragmentation des conflits», affirme le directeur des opérations Pierre Krähenbühl. L’évolution du conflit au Darfour est révélatrice de cette tendance. La multiplication des groupes armés provoque une détérioration des conditions de sécurité et cause des difficultés supplémentaires aux humanitaires.

«Notre inquiétude au Darfour est de ne plus avoir accès à la population dans toutes les régions. Les violences ont pour conséquences l’augmentation du nombre de déplacés, l’impossibilité pour les paysans de s’occuper de leurs terres et une dépendance accrue à l’égard de l’aide internationale», poursuit Pierre Krähenbühl.

Catastrophes naturelles


Fait nouveau, le CICR est actif dans des situations de catastrophe naturelle, comme à Aceh (Indonésie) et au Sri Lanka après le tsunami du 26 décembre 2004, ou plus récemment au Pakistan. «Nous y intervenons uniquement parce qu’il s’agit de régions sensibles sur les plans politique et militaire, où nous étions déjà présents», indique Pierre Krähenbühl.

L’organisation demande ainsi 97 millions pour aider jusqu’en avril les victimes du séisme du 8 octobre au Pakistan. «Il y a tellement à faire et nous avons une expertise particulière dans le domaine des amputations et des centres orthopédiques», affirme le directeur des opérations.

Les besoins en Israël et dans les Territoires palestiniens resteront également élevés (au troisième rang des opérations avec 42,8 millions de francs), alors que le CICR diminue de 10% son aide en Afghanistan (39 millions).

Difficultés en Irak


Au cinquième rang (38 millions), l’Irak représente également un contexte difficile pour le CICR. Il n’a toujours pas de délégation dans ce pays, depuis l’attentat qui l’a frappé en 2003, et les délégués opèrent avec des missions ponctuelles depuis la Jordanie.

«Notre mode opératoire est inhabituel en Irak. Nous ne pouvons y travailler à visage découvert, mais nous avons l’espoir d’élargir progressivement nos activités. L’impact que nous avons sur les lieux de détention justifie la prise de risque», explique Pierre Krähenbühl.

Entre mai et septembre, le CICR a visité plus de 8800 détenus en Irak au cours de 33 visites ainsi que 2800 internés. Il est en négociation avec le gouvernement de Bagdad pour avoir un accès plus large aux détenus en mains irakiennes.

Accès aux prisons secrètes


Par ailleurs, Jakob Kellenberger, président de l’organisation, rappelle vendredi que la question des personnes détenues par les autorités américaines dans des lieux secrets reste pour elle un sujet de «préoccupation majeure».

«Nous rendons déjà visite à de très nombreux détenus gardés par les Américains à Guantanamo, en Irak et en Afghanistan. Nous sommes toujours en dialogue intense avec eux dans le but d’obtenir un accès à toutes les personnes détenues dans le cadre de ce qu’on appelle la guerre contre le terrorisme», déclare Jakob Kellenberger.

John Bellinger, conseiller juridique du département d’Etat américain, a reconnu devant la presse à Genève que les équipes du CICR n’avaient pas accès à l’ensemble des suspects détenus par les forces américaines. Mais il a refusé d’évoquer le fameux réseau présumé de «sites noirs» dont on parle tant depuis les premières révélations de la presse américaine.

swissinfo et les agences

Les six plus gros donateurs du CICR sont les Etats-Unis, la Commission européenne, la Suisse, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et la Suède. Ensemble, ils fournissent 60% du budget de l’organisation.
Les dix plus importantes zones d’opérations du CICR sont le Soudan, le Pakistan, Israël et les Territoires palestiniens, l’Afghanistan, l’Irak, la région de Moscou, la République démocratique du Congo, le Liberia, l’Ethiopie et la Somalie.

– L’année dernière, les délégués du CICR ont visité plus de 570’000 détenus dans quelque 80 pays.

– Les projets d’alimentation en eau, d’assainissement des eaux et de construction du CICR ont permis de satisfaire les besoins de près de 20 millions de personnes.

– Le CICR soutient également des hôpitaux et des dispensaires de santé utiles à près de 2,8 millions de personnes.

– L’organisation a également fourni des biens de première nécessité à 2,2 millions de personnes, de l’aide alimentaire à 1,3 million de personnes et encore de l’aide à la production alimentaire durable et des micro-crédits à 1,1 million de personnes.

– Au total, le CICR emploie 12’000 collaborateurs, dont 1700 expatriés. Sur le milliard de francs du budget 2006, 895 millions sont destinés aux opérations sur le terrain et 154 millions pour le siège de Genève, où travaillent 750 employés.

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