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Le CICR rejette les reproches de partialité

Le CICR a critiqué les conditions de détention des prisonniers de Guantanamo depuis le départ. Keystone

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) juge faux et non fondé le rapport des républicains américains qui met son impartialité en doute.

Son président Jacob Kellenberger réaffirme la neutralité de l’organisation. Il rappelle que ses rapports avec le gouvernement de Washington sont bons et se dit confiant quant au maintien de la contribution américaine.

Dans un rapport du 15 juin, intitulé “Les intérêts américains sont-ils desservis par le CICR?”, un comité de la majorité républicaine du Sénat américain rappelle que les Etats-Unis sont le premier bailleur de fonds de l’organisation basée à Genève.

Ledit document demande à l’administration Bush de déterminer si cette contribution est vraiment dans l’intérêt du contribuable américain…

«Sous son actuelle direction, le CICR semble avoir dévié de ses principes fondamentaux en adoptant vis-à-vis des Etats-Unis une approche qui non seulement viole le principe d’impartialité de cette organisation mais aussi entre directement en opposition avec la promotion des intérêts américains», écrivent les sénateurs.

Ces derniers accusent le CICR d’étendre «aux terroristes et aux insurgés» le bénéfice des conventions de Genève sur la protection des prisonniers de guerre, dont la Croix-Rouge est dépositaire.

Récemment encore, le CICR avait critiqué les conditions de détention dans le centre américain de Guantanamo, à Cuba, ou dans celui d’Abou Ghraïb, en Irak.

Jeter le discrédit


Selon Jakob Kellenberger, ce rapport «semble chercher à discréditer le CICR en avançant de fausses allégations et des accusations non corroborées».

Contrairement à ses accusations, «le personnel du CICR n’a jamais comparé des soldats américains aux nazis et le CICR n’a jamais dévoilé à l’opinion publique ou aux médias des rapports confidentiels soumis aux autorités américaines», ajoute le patron de l’organisation.

Jakob Kellenberger insiste par ailleurs sur le fait que ledit rapport «est celui d’un comité parlementaire républicain et n’émane pas du gouvernement». Gouvernement avec lequel il tient à souligner que le dialogue est fréquent et de qualité.

«Ce dialogue nous permet de discuter de toutes les questions ainsi que de nos divergences de vues. Car elles existent», reconnaît le président du CICR, qui rappelle avoir rencontré en février le président Bush et en février et mai la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice.

Engagement renouvelé


«Le CICR n’est pas au-dessus de la critique. Il est ouvert au dialogue», assure aussi le Suisse, ajoutant que le auteurs du rapport en question n’ont «manifestement pas le dialogue pour objectif».

Jacob Kellenberger insiste également sur l’engagement de son organisation à respecter les principes d’indépendance, de neutralité et d’impartialité de manière à avoir accès à toutes les victimes de conflits dans le monde.

Interrogé sur les conditions de détention à Guantanamo et en Irak, le même Jacob Kellenberger affirme que «le dialogue avec Washington n’a pas été sans résultat. Les Etats-Unis ont tenu compte de certaines demandes du CICR, même si nous n’avons pas tout obtenu».

Sur le fond, le patron du CICR dit ne pas craindre une diminution de la contribution des Etats-Unis (167 millions de francs sur un budget de 940 millions). Il s’attend même à la voir augmenter cette année.

swissinfo et les agences

Le budget 2004 du CICR se monte à 940 millions de francs suisses.
Les Etats-Unis en sont les premiers donateurs, avec 167 millions de francs.
La Suisse figure en deuxième position, avec 92 millions.
Ses délégués visitent plus de 2400 lieux de détention dans 80 pays.
Il emploie 12’450 personnes dans le monde.

– Le CICR a été fondé en 1863 par le Suisse Henri Dunant en tant qu’organisation neutre.

– Celle-ci vient en soutien des victimes de conflits armés à travers son aide humanitaire.

– Sa mission implique notamment les visites au prisonniers et le contrôle de l’application des Conventions de Genève.

– Le CICR est dépositaire des Conventions de Genève sur les droits de l’homme, qui définissent les droits en période de guerre ou d’occupation.

– En arrière-plan figure la protection des populations civiles.

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