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Le CICR reste discret sur le conflit tchétchène

Soldats russes masqués et fortement armés patrouillant dans les rues de Grozny, capitale de la Tchétchénie. Keystone Archive

Les atrocités de la guerre en Tchétchénie sont régulièrement dénoncées par les organisations de défense des droits de l'homme.

Pourtant le CICR se refuse à tirer publiquement la sonnette d’alarme et s’en tient à sa politique de confidentialité.

Une ONG russe l’a encore martelé mercredi: «Nous considérons la prise d’otages de Moscou comme un acte de barbarie injustifiable. Dans le même temps, nous sommes persuadés que cet acte terroriste est la suite logique de la politique criminelle menée par les autorités russes depuis 1994 en Tchétchénie».

L’ONG russe ‘Pour les droits de l’homme’ estime même que les forces de l’ordre russe ont également commis des atrocités lors de la libération des otages à Moscou le 26 octobre dernier. Elle demande donc une enquête internationale sur cette opération.

Utilisation d’une substance chimique en question

A Genève, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a tenu le même jour un tout autre langage à propos de la prise d’otages et du conflit tchétchène en général. Lors d’une conférence de presse, Michel Minnig s’est en effet refusé à faire le moindre commentaire sur les méthodes employées par les autorités russes pour libérer les otages.

«Ce que nous pouvons exprimer publiquement, c’est notre inquiétude face à l’utilisation d’une substance chimique», a tout de même lâché le chef de la délégation du CICR à Moscou.

«Nous discutons de cette question avec les autorités russes et nous leur avons demandé des éclaircissements», précise, par ailleurs, Michel Minnig

Cela dit, il ne faut pas attendre de révélations futures de la part du CICR. «Nous ne sommes pas une organisation qui dénonce publiquement des faits. Nous perdrions la confiance de nos partenaires», rappelle Michel Minnig.

«Notre priorité va aux victimes de conflits», a renchéri Antonella Notari, porte-parole du CICR.

Pourtant au nom de cette même priorité, le CICR est déjà sorti de sa légendaire réserve.

Le contre-exemple du Proche-Orient

Ainsi, en avril dernier, Paul Grossrieder – président à l’époque du CICR – a fortement dénoncé les violations du droit humanitaire dans le conflit entre Israéliens et Palestiniens.

Un haussement de ton adopté à plusieurs reprises par l’organisation humanitaire au sujet du Proche-Orient.

Pour justifier cette rupture inhabituelle du silence, Antonella Notari rappelle que des acteurs humanitaires avaient été attaqués. «Les démarches confidentielles auprès des autorités israéliennes avaient échoué», souligne encore la porte-parole.

A l’époque, Vincent Lusser, responsable de l’information du CICR, nous avait également précisé: «Tous les acteurs du conflit proche-oriental s’expriment abondamment et nous sommes parfois pris à partie. Nous devons donc répondre publiquement».

Sur le même sujet, Rony Brauman, ancien directeur de Médecins Sans Frontières, nous avait d’ailleurs déclaré: «Les protagonistes de ce conflit sont particulièrement sensibles aux prises de positions publiques. Ce qui les rend plus efficaces qu’en Tchétchénie».

swissinfo/Frédéric Burnand à Genève

Le CICR est présent dans le Nord Caucase depuis 1993

En 2002, c’est la 3ème plus grosse opération du CICR dans le monde

Elle mobilise directement 77 expatriés et 12 collaborateurs locaux

Elle permet d’assister plus de 250 000 civils

Son budget pour le Nord Caucase est de 27 millions de dollars

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