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Le CICR se prépare au retrait israélien de Gaza

Un enfant palestinien devant les bureaux fermés du CICR dans le camp de réfugiés de Khan Younis. Keystone

Suite à l'enlèvement de ressortissants étrangers, le CICR a suspendu ses opérations dans la bande de Gaza.

Néanmoins, il se prépare activement à apporter son aide à la population palestinienne pendant et après le retrait israélien.

«Nous surveillons très étroitement le plan de retrait israélien» déclare Iyad Naser, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans la Bande de Gaza, à swissinfo. «Une fois que la situation se sera améliorée en termes de sécurité, nous espérons pouvoir retourner à la normale.»

Rappelons que dimanche 14 août à minuit, la présence des colons juifs dans la Bande de Gaza deviendra illégale.

Et dès lundi matin tôt, les troupes israéliennes iront de maison en maison, frapperont aux portes et diront aux colons encore présents qu’ils doivent quitter les lieux. Le déplacement de force ne commencera que mercredi matin, après un délai de tolérance de deux jours.

Enlèvements

Selon Iyad Naser, la décision du CICR consistant à suspendre ses opérations est intervenue après que deux employés de l’ONU (un Suisse et un Britannique), ainsi qu’un ouvrier palestinien, ont été enlevés lundi passé par des hommes armés du Fatah, dans le camp de réfugié de Khan Younis.

Des tirs ont alors été échangés entre ceux-ci et la police. Les otages ont été libérés, indemnes, mais deux civils ont été blessés au cours du combat.

Plusieurs autres ouvriers de l’aide internationale ont également été brièvement pris en otage à Gaza récemment, dans le cadre de coups de force visant à faire pression sur l’autorité palestinienne à cause du manque de travail ou de l’emprisonnement de parents.

Selon Iyad Naser, le CICR est engagé dans des pourparlers avec les deux parties – l’Autorité palestinienne et les preneurs d’otage – dans le but de fixer au plus vite la reprise normale de ses activités.

«L’autorité palestinienne est responsable de la sécurité du secteur palestinien de la Bande de Gaza», explique-t-il. «Mais ceux qui ont été impliqués dans ces incidents devraient également donner au CICR la garantie que nous ne serons pas visés à l’avenir.»

Le problème des ‘enclaves’

Toujours selon son représentant à Gaza, le CICR est fortement engagé dans la collecte et l’évaluation d’informations afin d’être préparé au mieux pour la situation que connaîtra Gaza pendant et après le retrait.

«Nous nous préparons à n’importe quel type de scénario concernant les problèmes humanitaires que la population palestinienne pourrait connaître», dit-il.

La préoccupation majeure d’Iyad Naser est la situation des ‘enclaves’ palestiniennes cernées de colonies israéliennes: «Certaines d’entre elles pourraient se retrouver bouclées. Le CICR se soucie donc de l’accès des personnes concernées à la santé, à l’eau, à la nourriture, pendant la période du retrait».

Et d’ajouter: «Nous avons déjà entreposé des stocks de nourriture et de matériels divers autour de la Bande de Gaza. Nous avons également donné du matériel médical au Ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne».

Un tournant

Même s’il reste prudent, Iyad Naser est optimiste: «Je pense que pour la population palestinienne, c’est un moment important, qui lui permettra d’accéder à un quotidien normal. J’espère qu’elle aura davantage de liberté de mouvement après le retrait.»

«Pour la première fois, les territoires palestiniens seront ouverts pour le commerce, pour une économie libre. Cela changera beaucoup de choses en termes de dignité humaine».

Pour Iyad Naser, il est impossible de dire combien de temps le CICR demeurera dans Gaza. «Mais le CICR est engagé auprès des victimes aussi longtemps qu’elles ont besoin de notre aide».

swissinfo, Thomas Stephens
(Traduction de l’anglais: Bernard Léchot)

Jusqu’à aujourd’hui, 1,4 millions de Palestiniens et 8500 Israéliens vivaient dans la Bande de Gaza.
En février 2005, le gouvernement israélien a accepté d’appliquer le plan du Premier ministre Ariel Sharon pour un désengagement unilatéral.
Environ 55’000 soldats et policiers seront engagés dans l’évacuation par la force des colons opposés au retrait.
Les sondages montrent qu’une majorité d’Israélien est favorable au retrait de Gaza.

– Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dont le siège se trouve à Genève, a été fondé en 1863 par le Suisse Henri Dunant.

– Il vise principalement à protéger les victimes de conflits en leur apportant une aide humanitaire et en menant des visites aux prisonniers de guerre.

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