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Le ciel suisse est en pleine effervescence

Flybaboo et son jeune patron opèrent vers le sud depuis Genève. Keystone

En Suisse comme dans le reste du continent, le nombre de nouvelles compagnies aériennes ne cesse de croître. Certaines revendiquent le label ‘low cost’.

Toujours est-il que la palette des destinations desservies depuis la Suisse augmente. Ce ballon d’oxygène est une aubaine pour les aéroports de Suisse.

Dès le 21 juin prochain, Helvetic Wings reliera Genève à Bâle et Marseille deux fois par jour. Cette annonce marque le coup d’envoi de cette compagnie qui compte desservir par la suite 10 villes helvétiques, dont Zurich, Berne, Lugano, Sion et même La Chaux-de-Fonds ou Gstaad.

Pour ce faire, la compagnie exploitera une flotte de 12 Pilatus qui permettront également d’atteindre une dizaine de destinations en Europe.

«La plupart de ces petites compagnies visent en priorité les hommes d’affaires. Elles constituent un secteur très dynamique en Suisse», souligne Célestine Perissinotto.

La porte-parole de l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) précise que 15 des 22 compagnies licenciées en Suisse font partie de cette catégorie. Depuis la fin de l’année dernière, deux autres opérateurs se sont ainsi lancés dans le marché régional.

Basée à Zurich, Helvetic Airways reliera dès le 11 juin Amsterdam, et le mois suivant Alicante et Palma de Majorque. Dotée d’une flotte de sept Fokker (100 places) et d’un Boeing MD-83, la compagnie assurera ainsi la desserte de 14 destinations.

L’autre compagnie – Flybaboo – opère depuis Genève. Elle vient d’obtenir la licence AOC (air operator certificate) de l’OFAC. Ce qui lui permet de décoller avec son 1er appareil, un Dash-8Q300 doté de 50 places.

Dirigée par un jeune anglo-saxon de Genève, la compagnie est résolument orientée au sud avec des destinations comme Lugano, Venise, Florence, Saint-Tropez ou Ibiza.

Une foison de projets

«Il ne se passe quasiment pas de jour sans qu’une compagnie aérienne soit lancée ou qu’un projet naisse dans ce secteur», note Philippe Roy, porte-parole de l’aéroport de Genève.

En Suisse, cette effervescence comble le vide laissé par Swissair, l’ancienne compagnie nationale. Les nouvelles compagnies profitent également des opportunités créées par la libéralisation du ciel européen.

Au premier rang de ces nouveaux opérateurs figurent les compagnies low cost. «Huit d’entre elles opèrent depuis Kloten et elles transportent environ 10% des passagers», précise Andreas Siegenthaler, porte-parole de l’aéroport de Zurich.

A Bâle, l’EuroAirport offre depuis le mois dernier plusieurs ligne desservies par Easyjet, l’une des deux principales compagnies low cost en Europe.

Mais c’est à Genève que cette compagnie a pris le plus de place. Easyjet y transporte en effet près du quart des passagers, soit 2 millions de personnes en 2003.

«Nous espérons augmenter ce chiffre avec un 6ème avion qui permet de transporter plus de 300’000 personnes par année», précise Philippe Vignon, directeur pour la Suisse du marketing d’Easyjet.

Des marchés à conquérir

Reste à savoir si la croissance de ces entreprises a des limites. «Cette année, elles se montrent particulièrement offensive en Europe, en particulier en Allemagne et dans les nouveaux pays membres de l’Union européenne», note Oliver Sutton.

Le rédacteur en chef de la revue Interavia estime également qu’à terme les low cost pourraient occuper plus de 30% du marché européen (20% aujourd’hui).

En Suisse, les trois principaux aéroports espèrent aussi profiter de cette croissance. «Les compagnies low cost ne cannibalisent pas la clientèle des autres compagnies» explique Vivienne Gaskell.

«Mais elles nous permettent de diversifier notre offre», ajoute la porte-parole de l’aéroport de Bâle.

«La plupart de nos clients ne prendraient pas l’avion si les billets étaient plus chers», confirme Philippe Vignon.

Et de poursuivre: «En offrant de nouvelles liaisons ou des trajets bon marchés, nous créons de nouvelles opportunités dans la vie des gens et dans l’économie».

Pression sur les prix

Encore faut-il que les aéroports offrent de bonnes conditions à ces compagnies. L’aéroport de Genève prévoit d’ouvrir un second terminal spécialement conçu pour attirer les low cost avec, à la clé, une taxe passager bon marché.

L’aéroport de Bâle propose également de moduler sa taxe passager en fonction des services demandés par la compagnie aérienne.

Rien de tel à Zurich. «Nous avons consenti de gros investissements. La taxe passager est donc la même pour tous», précise son porte-parole Andreas Siegenthaler.

«C’est l’une des raisons pour lesquelles nous ne comptons pas nous développer dans cet aéroport», ajoute Philippe Vignon.

Histoire d’enfoncer le clou, le responsable marketing d’Easyjet rappelle la taille du marché suisse: «Il représente 8% de nos clients».

Cela dit, les compagnies low cost ne constituent pas l’unique source de profit des aéroports helvétiques. Mais ils n’échapperont pas à une pression généralisée sur les coûts et les tarifs.

C’est en tout cas l’avis de Giovanni Bisignani. «Le terme compagnie low cost est en passe d’être dépassé», affirme le patron de l’Association internationale du transport aérien (IATA).

Qui conclut: «Dans l’avenir, c’est l’ensemble du secteur aérien qui sera low cost. Seul quelques compagnies offriront des prestations de première classe pour des consommateurs prêts à y mettre le prix.»

swissinfo, Frédéric Burnand à Genève

– Le terme low cost (bas coût) est un concept publicitaire que revendique – à tort ou à raison – un nombre croissant de compagnies aériennes.

– Ces opérateurs réduisent au maximum leurs coûts de fonctionnement pour proposer des billets bon marchés. Leur rayon d’action est régional.

– La première compagnie low cost, Southwest Airlines, est née aux Etats-Unis au début des années 80.

– Dix ans plus tard, les compagnie Easyjet, Ryanair et Virgin Express se lancent en Europe.

– Aujourd’hui, le phénomène gagne l’Asie avec des compagnies comme AirAsia, Virgin Blue ou Lion Air.

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