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Le comité “Non à l’Etat fouineur” maintient son référendum

(Keystone-ATS) Malgré les attentats de Paris, le comité “Non à l’Etat fouineur” n’en démord pas. Il faut refuser le renforcement de la loi sur les renseignements, “liberticide” à ses yeux. Quelque 25’000 signatures ont déjà été recueillies pour le référendum.

Même si les récents carnages commis par des terroristes à Paris ont provoqué une profonde tristesse, il est “essentiel de maintenir et défendre la démocratie et l’état de droit”, a affirmé mardi à Lausanne Muriel Waeger, vice-présidente de la Jeunesse socialiste suisse (JSS).

Pour le comité qui a lancé le référendum “Non à l’Etat fouineur”, la nouvelle loi sur les renseignements (LRens) veut “suspecter tout le monde et (permettre de) surveiller son voisin comme ce qui se passait dans l’ancienne Allemagne de l’Est”. Il faut refuser “cette paranoïa générale” qui entend supprimer la présomption d’innocence, selon Muriel Waeger.

Nouveaux moyens

Soutenu par les socialistes, les Verts, le Parti pirate et d’autres mouvements, le référendum a déjà recueilli quelque 25’000 signatures, soit la moitié de ce qui est nécessaire. La vice-présidente s’est dite confiante que le quota serait atteint d’ici au délai du 14 janvier.

Pour mémoire, avec la loi, le Service de renseignement de la Confédération (SRC) disposera d’un nouvel arsenal de mesures, mais sera davantage contrôlé. Ses agents pourront surveiller des communications, observer des faits dans des lieux privés ou perquisitionner secrètement des systèmes informatiques et y installer des “chevaux de Troie”.

Loi nuisible

Ces recherches “spéciales” sont estimées à une douzaine par an. Elles nécessiteront toutefois l’aval du Tribunal administratif fédéral, puis du chef du Département de la défense, en consultation avec ses collègues de la justice et des affaires étrangères.

Il ne faut “pas accepter n’importe quoi parce que cela porte l’estampille ‘lutte contre le terrorisme'”, a dénoncé le conseiller national socialiste vaudois Jean Christophe Schwaab. La loi sur les renseignements est “nuisible”, alors que la police dispose aujourd’hui des moyens nécessaires pour lutter contre les terroristes.

Aucune efficacité

Rappelant à plusieurs reprises “l’affaire des fiches”, le Vaudois a souligné qu’il n’était pas aisé de contrôler un service de renseignement, qui serait prompt à déraper selon lui. “La France a renforcé sa loi sur le renseignement et cela n’a servi à rien”, selon Jean Christophe Schwaab.

Vert zurichois, le conseiller national Balthasar Glättli a pourfendu les mesures prévues par la LRens. La sphère privée de chacun pourra être violée en l’absence de tout soupçon concret, a-t-il affirmé. Pire, le renforcement du SRC risque d’affaiblir les autorités de poursuites pénales traditionnelles. Il faut craindre “plus de mal que de bien”.

Pas en guerre

Aux yeux du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA), la “militarisation de notre pays” doit être clairement refusée, a lancé Amanda Gavilanes, secrétaire générale. “L’Europe et la Suisse ne sont pas en guerre, il n’y a pas besoin de renforcer la législation” qui menace la neutralité.

Au contraire, le GSsA romand plaide pour l’investissement dans le social et la formation, un accueil digne des réfugiés ou la lutte contre la pauvreté. “La Suisse peut et doit faire mieux”, selon la secrétaire.

Difficile collaboration

La coopération entre services de renseignement est aussi critiquée. Avec les Etats-Unis, cela semble exclu puisque l’agence NSA ne respecte pas les droits de l’homme, estime le comité. Questionné sur les partenaires possibles pour collaborer, aucun des intervenants n’a pu donner de réponse claire.

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