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Le cor résonne à nouveau dans les Alpes

Le valaisan Gérald Pot est l'un des rares artisans à fabriquer des cors des Alpes. swissinfo.ch

Pour la seconde année consécutive, la station valaisanne de Nendaz organise ce week-end une rencontre internationale de cor des Alpes.

Après avoir frôlé l’oubli, cet instrument ancestral retrouve ses lettres de noblesse dans le paysage helvétique.

Samedi et dimanche, les Alpes valaisannes résonnent au son de la tradition.

L’an passé, la première édition de la manifestation avait attiré 70 musiciens. Cette année, plus d’une centaine de souffleurs se sont donnés rendez-vous à Nendaz. Certains ont fait le voyage depuis la Suisse centrale, d’autres depuis l’étranger.

En Suisse, on recense aujourd’hui quelque 4000 joueurs de cor des Alpes, dont environ 150 en Valais.

Une tradition vivante

Ce symbole du patrimoine culturel helvétique est en train de se refaire une belle santé. Car cet instrument – dont on trouve la première trace écrite en 1555 déjà – n’a pas toujours connu une telle notoriété.

Il a même failli disparaître au début du 20e siècle. En 1910, lorsque la société fédérale de jodle fut fondée, elle ne comptait qu’un seul cor des alpes.

Mais, depuis, cet instrument peu banal a su peu à peu reconquérir ces lettres de noblesse.

Une entreprise lucernoise s’est spécialisée dans sa fabrication. Et une bonne poignée d’artisans confectionnent amoureusement cet emblème de la tradition suisse.

Gérald Pot figure parmi ces irréductibles. Mécanicien retraité, artisan et musicien amateur, ce Valaisan s’adonne à sa passion depuis plus de 30 ans.

Dans son atelier installé au sous-sol de sa maison de Choex au-dessus de Monthey (VS), il a donné naissance à plus d’une centaine d’instruments qui résonnent désormais dans différents pays du globe.

Les forêts du Risoux

Outre un savoir-faire certain, la fabrication de l’instrument requiert pas mal de patience. Il faut en effet plus de 80 heures de travail pour fabriquer un cor des Alpes.

Auparavant, l’instrument était construit d’un seul bloc. Pour des raisons de commodité, il compte aujourd’hui deux, trois parties.

Et, de préférence, il est réalisé dans un bois d’épicéa provenant des forêts du Risoux dans le Jura vaudois.

Le pavillon en est la pièce la plus délicate. Car elle ne permet pas l’utilisation d’un tour.

A l’aide d’un gabarit de traçage, l’artisan délimite donc les parties à évider. Les deux pièces obtenues sont alors provisoirement assemblées de l’extérieur du pavillon façonné.

Les deux «coquilles» sont ensuite séparées pour permettre de travailler l’intérieur du pavillon dont l’épaisseur sera de six ou sept millimètres.

«Plus l’épaisseur est constante, précise Gérald Pot, meilleure est la résonance.»

Lorsque l’intérieur est terminé, les deux composantes du pavillon sont recollées et enfin poncées.

La fabrication du tube s’effectue selon un procédé identique. A la différence que les machines viennent à la rescousse de l’artisan.

Quant aux pièces décoratives – les extrémités du pavillon, l’embout et le pied – elles sont réalisées en noyer.

Une fois terminé, l’instrument est gainé de rotin, sorte de «couche protectrice» qui assure la longévité et garantit la tonalité constante de l’instrument.

Puis, quelques fleurs des Alpes, peintes à l’huile, viennent orner le pavillon. Et touche finale, l’artisan appose sa signature sur chaque instrument.

Un certain perfectionnisme

Manque encore l’embouchure, une pièce essentielle qui se fabrique à part. «L’importance de cette pièce est fondamentale, souligne Gérald Pot. Elle détermine la hauteur et le timbre du son de cor.»

Un cor des Alpes pèse généralement moins de trois kilos. Et il mesure 3,50 mètres. Sa tonalité, qui est fonction de sa longueur, est le plus souvent en fa ou fa dièse.

«Pour permettre de choisir entre ces deux tonalités, explique Gérald Pot, j’ai conçu un élément amovible.»

Mais le perfectionnisme de l’artisan ne s’arrête pas là. «Je projette de réaliser une étude acoustique en collaboration avec l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), confie le Valaisan. Mon objectif est d’améliorer la qualité et la justesse des sons de l’instrument.»

Et de conclure: «En fait, je voudrais pouvoir fabriquer un cor des Alpes qui soit le plus simple possible à jouer».

swissinfo et les agences

Quelque 4000 joueurs de cors des Alpes sont recensés en Suisse, dont environ 150 en Valais.
L’instrument pèse généralement un peu moins de trois kilos et mesure 3,50 mètres.
Les premières traces écrites concernant cet instrument datent de 1555.

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