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Le Credit Suisse traîné en justice pour licenciement abusif

Christopher Chandiramani réclame un demi-million au Credit Suisse. Keystone

Un ex-analyste du Credit Suisse réclame un demi-million de francs pour licenciement abusif. Son ancien employeur lui reprochait d'avoir rédigé un rapport critique sur SAirGroup. Le procès s'est ouvert mercredi devant le tribunal des prud'hommes de Zurich.

L’ancien collaborateur, âgé de 43 ans, avait provoqué un tollé en publiant sur l’Internet, une analyse sur les affaires aériennes du SairGroup, le 6 juillet dernier. Ses prévisions de pertes de 500 millions à 1 milliard de francs avaient entraîné le titre de SAirGroup sur une pente abrupte dans les heures qui ont suivi.

Les réactions ont été immédiates. Quatre jours plus tard, l’analyste était sommé de remettre sa démission.

Selon l’avocat, le collaborateur a servi de victime. Le plaignant a droit non seulement à six mois de salaire, mais aussi aux bonus, gratifications et frais ainsi qu’au paiement de 1240 heures supplémentaires. Il réclame également 200 000 francs pour atteinte à la personnalité. Le Credit Suisse devrait même fournir des excuses, de même qu’un certificat de travail positif.

Au total, les prétentions portent sur un demi-million de francs. L’avocat fait par ailleurs valoir que les prévisions de son client se sont largement vérifiées. Il n’aurait fait que donner des indications de marché aux médias, le thème «Swissair» défrayant déjà auparavant la chronique, notamment après une émission «10 vor 10» de la TV alémanique DRS.

Dans sa plaidoirie, l’avocat s’en prend aussi à Lukas Mühlemann, patron du CS Group, qui a également un mandat au conseil d’administration de SAirGroup. Il y a conflit d’intérêt évident, estime l’avocat pour qui le licenciement de l’analyste s’est fait sous la pression.

Le représentant du CS réfute la quasi-totalité des arguments de l’accusation. La banque est tout au plus disposée à payer des frais de voyage pour un montant de 1466 francs à son ex-employé.

Selon lui, Christopher Chandiramani a violé ses devoirs contractuels et outrepassé ses compétences en accordant une interview à l’agence de presse Reuters. Il aurait dû aiguiller les journalistes au service de presse de la banque, selon l’avocat du CS.

Il affirme aussi que l’employé licencié avait commis, à plusieurs reprises avant cette affaire, des infractions aux prescriptions de service, et que ses supérieurs avaient décidé de lui signifier son congé. Il dément que le renvoi a été décidé sur la seule base de son analyse pessimiste sur Swissair, et que des pressions auraient été exercées à son encontre.

Compte tenu de la longueur des plaidoiries, l’examen de la cause par le tribunal de prud’homme a été renvoyé au 21 mars. Le président du tribunal a toutefois déclaré que son objectif serait de dégager un compromis acceptable pour les deux parties.

swissinfo et les agences.

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