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Le déminage ne se mesure pas uniquement en hectares

Le succès d’une opération de déminage ne se mesure pas forcément en nombre de mines détruites. Keystone Archive

A Genève, le Centre international de déminage humanitaire fait dans la discrétion. Mais il joue son rôle. Il héberge cette semaine une nouvelle réunion d'experts. Et il publie une étude qui devrait permettre de mieux cerner les priorités dans les actions de déminage.

Le Centre international de déminage humanitaire de Genève, qui n’en est qu’à sa troisième année d’existence, fait partie de ces institutions que la Suisse a voulu mettre à la disposition de la communauté internationale pour une promotion concrète de la paix.

Il sert, entre autres, de lieu de concertation entre les conférences qui sont désormais chargées de faire régulièrement le point sur l’application de la Convention d’Ottawa interdisant les mines antipersonnel. C’est le cas ces jours-ci, en attendant le rendez-vous officiel de septembre prochain au Nicaragua.

Cette semaine, à Genève, les quelque 250 personnes qui participent à cette nouvelle réunion de travail, parlent de l’assistance aux victimes, de leur réhabilitation psychosociale comme de leur réinsertion économique, des technologies de déminage ou encore des problèmes de destruction des stocks de mines antipersonnel.

Ce qui est intéressant dans ce genre de réunions informelles, nous dit l’ambassadeur Martin Dahinden, le directeur suisse du Centre, «c’est qu’elles favorisent les rencontres entre les experts et les gens de terrain, mais aussi avec des personnes handicapées, victimes de mines: ces contacts sont aussi importants que les séances plénières».

L’événement de cette semaine, c’est aussi la publication d’une étude menée conjointement par le Centre et par le Programme des Nations unies pour le développement. 200 pages pour se convaincre que le succès ou non d’une opération de déminage ne se mesure pas forcément en nombre de mines détruites ou en hectares de terrain nettoyés.

On peut comprendre et il est normal – lit-on dans ce document basé sur des recherches menées au Kosovo, au Mozambique et au Laos – que dans un premier temps l’on s’interroge sur le «comment déminer?» et sur le besoin de sécurité des gens. On se pose moins la question du «pourquoi» et des retombées socio-économiques des opérations de déminage. Vues sous cet angle, on ne peut les poursuivre sans en analyser les coûts et les bénéfices.

Chaque situation a quelque chose d’unique. Ce qui est prioritaire dans un pays comme le Laos où la moindre parcelle de terre est précieuse ne l’est peut-être pas au Mozambique où les terrains sont vastes. Faut-il d’abord déminer tel ou tel champ, ou plutôt le chemin qui mène à la source ou à l’école, ou la route nécessaire à la reprise du commerce?

«On n’a sans doute pas porté suffisamment attention à ces aspects socio-économiques, commente l’ambassadeur Martin Dahinden. Mais, au fil de l’expérience, on s’est rendu compte qu’il fallait développer une vraie méthodologie du déminage, et se poser des questions du genre: quelles mesures avec quels effets?»

Cette étude ne prétend pas fournir de recettes prêtes à l’emploi: les problèmes ne se déclinent pas de la même manière dans un pays qui sort de la guerre ou dans celui qui ne pense déjà plus qu’à son développement. Mais elle montre clairement la nécessité de prendre en compte le mieux-être global des populations et pas seulement les dangers qui peuvent peser sur elles.

Bernard Weissbrodt, Genève

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