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Le délégué pour les musulmans de l’OSCE pas le bienvenu

Ömür Orhun s'inquiète de la situation des musulmans en Suisse.

Les autorités suisses ne veulent pas de la visite du représentant de l'OSCE contre la discrimination envers les musulmans avant les élections fédérales, selon la «Sonntagszeitung».

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) craint une controverse politique, indique le journal. Une position critiquée.

«Je suis étonné par les derniers développements à propos des musulmans – en particulier l’initiative sur les minarets», indique Ömür Orhun dans la «Sonntagszeitung».

Cette initiative populaire a été lancée en mai par des milieux de la droite nationaliste et de chrétiens fondamentalistes. Elle veut introduire dans la Constitution un nouvel article interdisant la construction de minarets en Suisse.

«J’aimerais conseiller aux gens d’utiliser leur temps et leur énergie pour des débats productifs et positifs plutôt que de discuter sur les minarets, (…) qui appartiennent aux mosquées comme les clochers aux églises.»

En clair, le représentant de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) chargé de combattre la discrimination envers les musulmans est inquiet.

Techniquement, il ne peut officiellement venir en Suisse sans invitation des autorités. «En réponse à ma demande, le gouvernement suisse a estimé que ma visite pouvait susciter la controverse dans la période précédant les élections parlementaires [en octobre]», indique l’ambassadeur turc.

Par l’intermédiaire de son ambassade en Turquie, «le gouvernement suisse m’a fait savoir que ma visite pourrait avoir lieu après les élections», précise-t-il.

Porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), Carine Carey indique, toujours dans la «Sonntagszeitung», que son département a bien étudié la question et consulté. «Nous sommes d’avis que le moment le plus indiqué pour cette visite est la fin de l’année.»

«Rien à cacher»

Cette décision est critiquée par plusieurs politiciens suisses, à gauche comme à droite. La député radicale Christa Markwalder «ne voit aucune raison de ne pas inviter» le représentant de l’OSCE.

«La Suisse n’a rien à cacher», reprend Boris Banga, maire socialiste de Granges et membre de la Commission de politique étrangère.

Représentant de la droite nationaliste, Christoph Mörgeli dit aussi son étonnement mais précise ne pas vouloir «que [le délégué de l’OSCE] s’immisce dans nos débats.»

«On scie la branche»

Président de la Commission fédérale contre le racisme, Georg Kreis n’est pas plus enthousiasmé par la décision des Affaires étrangères.

«A court terme, le DFAE peut obtenir un petit effet. Mais à long terme, on scie la branche sur laquelle on est assis», indique à swissinfo le professeur bâlois.

Inévitablement, cette décision rappelle la récente controverse autour de la venue du rapporteur de l’ONU contre le racisme en Suisse.

Dans son rapport, Doudou Diène avait relevé une instrumentalisation du racisme dans le débat politique en Suisse. Un constat vilipendé par certains représentants de la droite nationaliste.

swissinfo

Ömür Orhun œuvre à temps partiel depuis trois ans comme ambassadeur de l’OSCE pour la lutte contre l’intolérance et la discrimination à l’encontre des musulmans. Il travaille le reste du temps au ministère turc des affaires étrangères.

Depuis un an, Ömür Orhun critique l’Allemagne à propos de ses tests de naturalisation pour les musulmans. Cette année, il s’en est pris au gouvernement danois et aux discriminations à l’œuvre dans ce pays selon lui.

L’OSCE regroupe l’ensemble des 56 pays d’Europe. C’est la plus importante des organisations de sécurité régionale. Elle déploie un large éventail d’activités relevant des trois dimensions de la sécurité: humaine, politico-militaire et économico-environnementale.

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