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Le Forum de Davos s’achève dans l’optimisme

Le président de la Confédération, Joseph Deiss, était l'un des quatre conseillers fédéraux présents. Keystone Archive

Plus de 250 sessions et de nombreuses réunions de haut niveau ont alimenté les cinq jours de ce 34e sommet annuel du Forum économique mondial (WEF).

Alors que le calme revient dans la station alpine, certains se demandent si le forum a abouti à des résultats concrets.

«L’état d’esprit est plus important que les faits tangibles». Philippe Bourguignon, codirecteur du WEF, ne cache pas sa satisfaction.

Politiciens, scientifiques, représentants de l’économie et des médias venus du monde entier ont ainsi pu profiter de «l’esprit de Davos», estiment les organisateurs.

Cette année, l’agenda a été largement occupé par les défis de la reconstruction de l’Irak, le commerce mondial et la fracture entre l’Europe et les Etats-Unis.

Lorsque plus de 2100 dirigeants politiques et économiques les plus puissants de la planète se réunissent ainsi, on serait pourtant en droit d’attendre des résultats concrets. Et là, le bilan est plus mitigé.

La Suisse a soigné ses contacts

La Suisse, elle, a profité du WEF pour soigner ses contacts internationaux. Tandis que les relations se réchauffaient avec la Turquie, le vice-président américain Dick Cheney a évoqué une éventuelle participation suisse à la reconstruction de l’Irak.

Parmi les quatre conseillers fédéraux présents, le président de la Confédération Joseph Deiss et la cheffe de la diplomatie Micheline Calmy-Rey auront été les plus sollicités.

M. Deiss a ainsi rencontré une dizaine de chefs de gouvernement et une trentaine de ministres.

Négociations commerciales

M. Deiss a également organisé un mini-sommet avec 19 ministres du Commerce et autres responsables du monde entier afin de relancer la ronde actuelle des négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Ces négociations sont dans l’impasse depuis l’année dernière, en raison des désaccords entre Américains et Européens sur les subventions agricoles.

Les ministres ont profité de Davos pour appeler les 148 Etats membres de l’OMC à ne pas gaspiller les 12 prochains mois. Si cet appel est entendu, il sera à mettre au crédit des organisateurs du WEF.

Tensions transatlantiques

De même, ce 34e forum de Davos devait être une occasion de replâtrer les relations transatlantiques ternies par le conflit en Irak.

Le vice-président américain, Dick Cheney, a été dépêché à Davos pour y délivrer un message de conciliation.

Durant ce qui n’était que son deuxième voyage à l’étranger en trois ans, Dick Cheney a appelé l’Europe a collaborer avec les Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme et dans la promotion de la démocratie au Proche-Orient.

«Nous appelons nos amis et alliés du monde entier, et en particulier en Europe, à se joindre à notre effort», a notamment déclaré le numéro deux de la Maison Blanche.

Certains observateurs ont vu dans ce discours une volonté nouvelle de la part de l’Administration Bush d’engager le dialogue avec l’Union européenne.

Le voyage à Davos de Dick Cheney pourrait donc avoir émoussé quelque peu le fort anti-américanisme qui avait marqué le sommet précédent, alors que planait la menace du conflit irakien.

«Vive inquiétude»

Selon Kenneth Roth, directeur de Human Rights Watch, certains signes attestent que l’on reconnaît «que l’Europe et les Etats-Unis doivent trouver le moyen de travailler ensemble en dépit de leurs différences».

«Le ton est un peu plus conciliant, mais cela ne suffit pas pour réduire la vive inquiétude suscitée ici et là par l’approche unilatérale de l’Administration Bush», a notamment déclaré Kenneth Roth à swissinfo.

D’autre part, la portée symbolique de la visite de Dick Cheney a été quelque peu amoindrie par la défection des Européens.

Les dirigeants britanniques, français et italiens ont en effet brillé par leur absence cette année à Davos, empêchant une réconciliation.

L’Accord de Genève

Le document israélo-palestinien soutenu par la Suisse, connu sous le nom d’Accord de Genève, a également occupé les débats.

Micheline Calmy-Rey, ministre suisse des Affaires étrangères et marraine du projet, a noué des contacts avec des personnes concernées par le conflit.

L’ancien président américain Bill Clinton a notamment déclaré que ce texte exprime le désir de trouver une solution.

De son côté, Javier Solana, chef de la diplomatie européenne, a estimé qu’il y avait une «valeur pédagogique fondamentale» à rappeler aux deux parties l’ampleur des sacrifices à faire pour trouver un accord.

Marwan Jamil Muasher, ministre jordanien des Affaires étrangères, a également apporté son soutien à l’accord, estimant qu’il résoud «chaque point de détail» du conflit.

«Cela prouve qu’il y a des gens raisonnables dans les deux camps qui ne font pas partie de leur gouvernement», a-t-il ajouté.

Police satisfaite

De son côté, la police s’est montrée satisfaite. La tactique de tolérance zéro déployée pour limiter les débordements des activistes anti-WEF a payé. A Coire, la principale manifestation (autorisée) a réuni 1200 personnes et provoqué des dégâts minimes (35’000 francs).

Au retour, un millier de militants ont été pris au piège à la gare de Landquart. Les dégâts se chiffrent, là, à quelques centaines de milliers de francs.

La police a fait usage de canons à eau, de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes afin de déloger les semeurs de trouble des rails. Quatre blessés légers sont à déplorer côté manifestants, aucun parmi les forces de l’ordre.

swissinfo, Jacob Greber à Davos
(Traduction/adaptation: Isabelle Eichenberger)

– La police grisonne tire un bilan positif.

– Elle a effectué plus de 1200 contrôles d’identité parmi les opposants au WEF.

– A Coire, où un millier de personnes ont participé à une manifestation autorisée, les dégâts se montent à 35’000 francs.

– A la gare de Landquart, les dommages sont estimés à plusieurs centaines de milliers de francs.

– Quatre blessés légers sont signalés côté manifestants, aucun parmi les forces de l’ordre.

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