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Le géant Carrefour débarque en Suisse

Carrefour menace le monopole de Migros et Coop. Keystone

Carrefour, numéro un européen du commerce de détail, repeint à son enseigne les onze Jumbo de Suisse.

Dans les prochaines années, le géant français ouvrira dix nouveaux hypermarchés. Objectif: la place de numéro trois helvétique, derrière Migros et Coop.

L’arrivée du géant français sur sol helvétique est encore discrète. Pour l’instant, ses couleurs ne flottent que sur les onze hypermarchés Jumbo. Mais ce n’est qu’un début.

«Nous avons de fortes et grandes ambitions en Suisse», affirme Jean-Claude Burtin, directeur de Carrefour Suisse. Et d’annoncer l’ouverture en quelques années de dix hypermarchés supplémentaires.

Par ailleurs, des acquisitions ne sont pas à exclure. Mais on n’en saura pas plus pour l’instant.

Objectif affiché: dépasser le milliard de francs de chiffre d’affaires pour 2002 et doubler la mise en trois à quatre ans. Carrefour viendrait ainsi se positionner comme numéro trois du secteur, derrière Migros et Coop.

Changement d’enseigne

Pour y parvenir, Carrefour et le groupe Maus frères (maison mère de Jumbo, mais également de Manor) ont créé il y a deux ans déjà une joint venture, détenue à 40% par Carrefour et à 60% par Maus. D’ici 2006, la répartition du capital passera à 50-50.

Aux termes de l’accord, c’est le groupe français qui est chargé de la gestion des magasins. Après Bienne l’an dernier, les dix autres hyper Jumbo viennent donc de se muer en Carrefour, au prix d’un lifting à 50 millions de francs.

En revanche, les 38 centres Jumbo brico et loisirs gardent leur enseigne et restent dans le giron exclusif du groupe Maus.

Choix européen, prix européens

«Nous sommes capables d’offrir un assortiment nettement plus vaste que nos concurrents, annonce Jean-Claude Burtin. En Suisse, les prix sont plus élevés qu’ailleurs en Europe et notre but est d’offrir des prix compétitifs au niveau européen».

Concrètement, Carrefour promet dans un premier temps quelque 1200 articles à prix discount. Mais c’est surtout au niveau du choix que le géant français entend faire la différence.

Sous le slogan «En Suisse, plus de libertés», les nouveaux magasins offrent quelque 13 000 produits alimentaires différents, alors que l’offre de base de Migros, par exemple, se limite à 4500 articles.

Une première dans l’alimentation

Ce débarquement d’un concurrent étranger est une première sur le marché suisse du commerce de détail, jusqu’ici dominé par Migros, Coop, et dans une moindre mesure, Denner.

De leur côté, les détaillants suisses ne s’aventurent guère hors des frontières nationales. Migros a depuis longtemps revendu sa filiale turque (même si elle a conservé le nom et le logo) et à la fin des années 90, son incursion en Autriche a tourné à la débâcle.

Aujourd’hui, le géant orange n’a plus que trois magasins à l’étranger: deux en France, aux portes de Genève et un à Lörrach, une des banlieues allemandes de l’agglomération bâloise.

Ainsi, même avec ses vingt milliards de francs suisses de chiffre d’affaires, Migros ne pèse jamais qu’un cinquième de Carrefour, numéro un européen et numéro deux mondial du secteur.

Un marché bétonné

«L’arrivée de Carrefour fait souffler un vent frais sur le commerce de détail en Suisse», se réjouit Bernhard Loeb, consultant chez Retail Vision à Zurich.

Même son de cloche à la Banque cantonale de Zurich, où les analystes saluent ce regain de vie dans un secteur jusqu’ici «totalement bétonné».

Bétonné même au point que les Suisses ont depuis longtemps pris l’habitude du «tourisme des achats». Chaque année, on estime que les incursions des consommateurs helvétiques en zone frontalière font perdre quelque six milliards de francs au commerce national.

Et Carrefour compte bien récupérer une partie de ces «capitaux en fuite».

swissinfo

Onze Carrefour en Suisse.
Bienne, Vernier (GE), Villars-sur-Glâne (FR), La Chaux-de-Fonds (NE), Conthey et Viège (VS), Schönbühl et Heimberg (BE), Dietlikon et Hinwil (ZH), Canobbio-Lugano (TI).
Dix autres sont prévus, notamment à Bâle, Lausanne, Lucerne et éventuellement Berne.
Chiffre d’affaires prévu pour 2002: un milliard de francs suisses. Devrait doubler dans les trois à quatre ans.

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