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Le golf commence à changer de statut

De plus en plus de Suisses sont attirés par le golf. Keystone

Alors que le monde du golf a les yeux tournés vers la station de Crans-Montana, de plus en plus de Suisses s’initient à ce sport. Ils sont attirés par la baisse des prix.

Le développement de nouveaux parcours et l’implication du géant du commerce de détail Migros dans ce sport font qu’en Suisse le golf commence à perdre sa réputation d’activité réservée à une élite.

Les European Masters, qui ont débuté mardi, ont amené les meilleurs joueurs du continent vers la station valaisanne de Crans-Montana. Mais le côté glamour de la compétition n’a pas grand-chose à voir avec le golf tel que la plupart des gens le pratiquent aujourd’hui.

En deux décennies, le nombre de parcours a pratiquement triplé en Suisse, passant de 33 en 1987 à 94 à la fin de cette année. Durant la même période, le nombre de membres dans les clubs a lui aussi augmenté de manière significative, passant d’un peu moins de 14’000 à plus de 50’000.

«Le développement du golf en Suisse reflète ce qui s’est passé ailleurs, déclare John Storjohann, secrétaire général de l’Association suisse de golf (SGA). Nous avons juste un peu de retard.»

Selon John Storjohann, il y a eu beaucoup de changements au cours des dix dernières années, notamment en raison des changements dans l’utilisation des sols et dans la politique agricole.

«Il est plus simple maintenant d’obtenir les autorisations nécessaires pour créer un terrain de golf, précise le secrétaire général. Les agriculteurs sont prêts à céder des terrains dont ils n’ont plus besoin.»

Le rôle de Migros

Pour John Storjohann, un autre facteur capital dans le développement du golf a été la décision de Migros d’ouvrir ses propres parcours de golf. Cette décision a surpris de nombreux observateurs, étant donné la réputation élitiste du golf. Elle était toutefois logique pour le géant de commerce de détail.

«Migros a eu l’approche qui avait déjà été la sienne avec le tennis, un sport qui lui non plus n’était pas accessible à tout le monde, explique Andrea Ming, responsable du projet golf de Migros. La philosophie de l’entreprise est de rendre l’éducation et la formation accessibles à chacun. Cette philosophie a été initiée par le fondateur de Migros, Gottlieb Duttweiler.»

Pour l’heure, Migros dispose de sept parcours de golf, dont six en Suisse alémanique. Malgré ce nombre limité de parcours, le géant du commerce de détail estime qu’il a participé à la démocratisation du golf.

«Il est devenu possible de jouer sans être membre d’un club hors de prix, déclare Andrea Ming. Le golf est devenu un peu comme le ski, où l’on paye un forfait journalier. Nous tarifs sont donc plus bas que ceux pratiqués sur des parcours comparables et cela a aidé à attirer de nouveaux joueurs.»

Mais le golf reste encore cher en Suisse. Devenir membre d’un club peut coûter quelques milliers voire quelques dizaines de milliers de francs et il faut souvent débourser autour d’une centaine de francs pour faire un parcours.

Andrea Ming fait remarquer que le golf n’est pas vraiment accessible à chacun, pas plus d’ailleurs que le ski, une activité populaire en Suisse.

John Storjohann est encore plus direct: «Si vous n’êtes pas prêt à payer 75 francs pour un parcours, mieux vaut oublier», dit-il. Pour le secrétaire général de la SGA, il serait de toute façon difficile de couper dans les prix.

«Aujourd’hui, ce sont des entrepreneurs qui construisent les parcours et ils attendent un retour sur investissent, explique-t-il. Même Migros considère cela comme un business.»

Migros admet qu’elle ne subventionne pas ses activités de golf, contrairement à ce qu’elle fait avec la culture. «Cela bénéficie à notre image, mais nous ne pouvons pas faire de pertes», précise Andrea Ming.

Attirer les touristes

Le sport étant avant tout une activité commerciale, les stations ont cherché à attirer des joueurs depuis l’étranger. Suisse Tourisme a promu des vacances de golf, mais les experts ne sont pas convaincus que ce sera suffisant pour attirer les étrangers.

«Pour le golf, la Suisse n’a pas le même cachet que des destinations comme l’Angleterre, l’Ecosse, l’Irlande ou les Etats-Unis, déclare Nicolas Délétroz, de l’Institut Economie & Tourisme de Sierre. Nos parcours ne sont certainement pas aussi intéressants, spécialement pour les riches.»

Nicolas Délétroz estime que vendre seulement des destinations de golf ne marchera pas. Mais proposer des paquets pourrait d’avérer plus attractif, tant pour les étrangers que pour les locaux.

«Les gens veulent jouer où et quand ils veulent, explique Nicolas Délétroz. Si les clubs entendent attirer davantage de gens lors des périodes creuses, ils devraient travailler ensemble et proposer des circuits plutôt que d’essayer de faire de la promotion tout seuls.»

swissinfo, Scott Capper
(Traduction de l’anglais: Olivier Pauchard)

Plus de 50’000 personnes sont membres d’un club de golf en Suisse.
On dénombre 12’000 joueurs indépendants.
Fin 2007, il y a 94 parcours en Suisse, dont 6 appartenant à Migros.
En 2006, 357’900 parcours ont été joués sur des terrains de Migros.

Il n’est pas facile de devenir un joueur de golf en Suisse.

Avant de commencer, les clubs demandent d’abord une journée d’initiation. Il faut ensuite prendre des cours pratiques et théoriques.

Après cette préparation, il faut encore passer un examen qui combine les aspects théoriques et pratiques du golf avant d’être autoriser à jouer sur le terrain.

Une fois cette autorisation accordée, il faut encore obtenir un handicap, ce qui implique soit de prendre part à une compétition officielle soit à faire trois parcours.

Une fois tous ces critères remplis, reste encore à choisir son terrain avec soin: certains clubs ne laissent pas jouer quelqu’un qui n’est pas accompagné d’un membre ou dont le handicap n’est pas assez bas.

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