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Le gouvernement roule pour l'ONU

De droite à gauche: Samuel Schmid, Kaspar Villiger et Joseph Deiss face à la presse mardi à Berne. Keystone

Un jour après les «Neinsager», le 8 janvier, le Conseil fédéral lançait sa campagne pour l'adhésion de la Suisse à l'ONU. Une question de bon sens.

Ce contenu a été publié le 30 janvier 2002 minutes

«Le temps est venu d'adhérer pleinement à l'Organisation des Nations Unies.» Ce credo a été développé de long en large, mardi 8 janvier à Berne, par trois conseillers fédéraux.

Kaspar Villiger, président de la Confédération et ministre des Finances, Joseph Deiss, ministre des Affaires étrangères et Samuel Schmid, ministre de la Défense, ont appelé les citoyens à faire preuve de bon sens le 3 mars prochain.

Les temps ont changé

Et des arguments Joseph Deiss en a développé un certain nombre. «Il ne faut pas, dit-il, oublier que le monde change vite. La guerre froide est finie depuis plus de dix ans et l'ONU est devenue une organisation universelle d'où seuls le Vatican et la Suisse sont absents».

Et d'ajouter que «la Suisse a changé également depuis cette époque. Au point qu'elle applique d'elle-même les sanctions de l'ONU dans les domaines de l'économie».

Autant dire que rien n'empêche désormais la Suisse de participer activement à l'ONU. «Rester en dehors serait un renoncement à nos droits et à la défense de nos principes en matière de politique étrangère», avertit le chef de la diplomatie.

Comme la Finlande et la Suède

Joseph Deiss a balayé d'un revers de la main les arguments des «Neinsager». Notamment sur la perte supposée de la neutralité et de la souveraineté. «Sur le plan du droit international, l'appartenance à l'ONU ne pose aucun problème en matière de neutralité. A l'exemple de la Finlande ou encore de la Suède».

Samuel Schmid pose le même diagnostic. «La qualité de membre de l'ONU est compatible avec la neutralité. Aucun pays n'est obligé de participer à des actions militaires décidées par l'ONU». Jusqu'ici, plus de 60 pays membres des Nations Unies n'ont jamais été impliqués dans des actions de guerre.

Quant à la souveraineté, «les décisions de l'ONU sont prises par tous les pays qui ont les même droits», rassure Joseph Deiss. «Le droit de veto a été attribué aux membres du Conseil de sécurité de l'ONU pour permettre aux grandes puissances de s'intégrer aux Nations Unies. Et aux autres pays de les avoir comme partenaires.»

La Suisse connaît d'ailleurs un système comparable lors des votations fédérales sur les initiatives populaires. «Le système d'adoption par la majorité des cantons peut permettre à une douzaine de cantons représentant moins de la population de la Suisse de bloquer une initiative, explique le chef de la diplomatie. C'est le même principe qui prévaut au sein du Conseil de sécurité de l'ONU».

Renforcer le rôle humanitaire

Joseph Deiss va jusqu'à formuler une promesse. En cas d'adhésion, le rôle humanitaire de la Suisse ne peut que s'accroître. «Il ne faut pas croire que la politique actuelle y perdrait, bien au contraire. Car c'est l'ONU qui gère de nos jours l'action humanitaire. C'est elle qui mène un dialogue de fond sur les principes fondamentaux.»

Pour preuve, ajoute Joseph Deiss, «l'ONU, charge déjà la Suisse de missions spéciales en tant qu'Etat dépositaire des Conventions de Genève».

La réunion qui s'est tenue au mois de décembre à Genève l'illustre. La Suisse a en effet organisé la «Convention de Genève sur l'application du droit international et humanitaire dans les territoires occupés» par Israël.

Un bon investissement financier

Reste l'argument financier sur le coût annuel de 70 millions de francs à cette participation, en plus des 470 millions que coûte la participation de la Suisse à des programmes liés à des organismes de l'ONU.

Pour le grand argentier et actuel président de la Confédération, Kaspar Villiger, cet investissement de 70 millions est loin d'être à fonds perdus.

«L'ONU commande pour 4 milliards de biens et de services par année aux pays membres. Et en l'an 2000, les commandes passées en Suisse dépassaient les 240 millions de francs». En ce sens, on ne peut pas parler de surcoût, en cas d'adhésion.

Jean-Louis Thomas

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