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Le monde noir et blanc de Yannick Pelletier

Pour la sixième fois, Yannick Pelletier se bat dans ses murs. Keystone

Meilleur joueur suisse, Yannick Pelletier est engagé au tournoi des grands maîtres du 37e Festival international d’échecs de Bienne, du 17 au 30 juillet.

Rencontre avec le Biennois de 27 ans qui réalise un excellent parcours et fait bien mieux que de la figuration contre les grands maîtres les plus prestigieux du monde.

swissinfo: Yannick Pelletier, que représente pour vous le tournoi des grands maîtres de Bienne?

Yannick Pelletier: Ce rendez-vous dans ma ville reste en général le point culminant de l’année, le tournoi que j’ai envie de réussir. C’est aussi une chance unique de me frotter à des joueurs d’un niveau incroyable.

swissinfo: Sur la ligne de départ, vous êtes de loin le moins bien classé des 6 grands maîtres. Quels objectifs poursuivez-vous?

Y. P.: Je vise un taux de réussite de 50% des points, ce qui serait déjà un excellent résultat. Après les cinq premières parties, la mission est remplie.

Mais je dois en permanence lutter, me montrer extrêmement vigilent. Face à des adversaires de ce calibre, la moindre inexactitude sur l’échiquier se paie au prix fort. Vous vous retrouvez immédiatement sous pression.

swissinfo: Depuis 1999, vous disputez ce tournoi comme outsider. Et vous n’avez jamais terminé au dernier rang, décrochant même à plusieurs reprises la 4e place…

Y. P.: Par le passé, chaque grand maître avait à cœur de gagner ses 2 parties contre moi. Désormais, je me sens plus respecté et mes adversaires me prennent beaucoup plus au sérieux.

Le fait que j’ai battu en 2001 Peter Svidler (actuel numéro 6 mondial) y est sans doute pour quelque chose.

swissinfo: S’agit-il de votre meilleur souvenir au Festival d’échecs de Bienne?

Y. P.: Au niveau sportif, oui. Mais je n’oublierai jamais non plus mon premier tournoi des grands maîtres. En 1997, j’avais 20 ans et on m’avait permis de me frotter à des champions du calibre de Viswanathan Anand ou Anatoly Karpov, l’ancien champion du monde. Contre Karpov, je me sentais quasiment étouffé à chaque coup qu’il effectuait.

swissinfo: Vous vous êtes hissé voici deux ans parmi les 70 meilleurs joueurs du monde, avant de perdre quelques plumes. Quelles sont vos ambitions à moyen terme? A 27 ans, vous ne faites plus partie de la catégorie des espoirs?

Y. P.: L’âge ne joue pas le même rôle pour tous. Moi, je n’ai pas reçu d’éducation échiquéenne comme les Russes ou les joueurs des ex-pays de l’Est. Je ne suis pas encore arrivé au maximum de mes possibilités, j’ai des lacunes techniques à combler, tant au niveau des ouvertures que des finales.

Mais bon, même si j’étais né à Moscou, je ne serais pas devenu champion du monde. Il me manque simplement du talent pour viser les toutes premières places.

swissinfo: Les champions sont toujours plus précoces. Aujourd’hui, le plus jeune grand maître du monde, le Norvégien Magnus Carlsen, a 13 ans. Comment l’expliquer?

Y. P.: Si Karpov était né en 1980, il aurait été tout aussi précoce. Les amateurs d’échecs disposent aujourd’hui d’outils informatiques, d’internet, de programmes performants qui n’existaient pas par le passé. Ils ont accès très facilement à toutes les parties disputées dans le monde entier.

swissinfo: Votre favori dans le tournoi des grands maîtres de Bienne?

Y. P.: Le Russe Alexander Morozevich. C’est le grand maître le plus imprévisible. Avec lui, on ne sait jamais ce qu’il va jouer.

interview swissinfo, Jonathan Hirsch à Bienne

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