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Le Mozart de 1784 par Zacharias et son OCL

Christian Zacharias, chef d'orchestre et soliste. swissinfo.ch

En 1784, Mozart est particulièrement inspiré. Le pianiste Christian Zacharias et l'Orchestre de Chambre de Lausanne ne l'étaient pas moins, samedi soir à Martigny, à la Fondation Gianadda.

Dans le cadre du Festival Tibor Varga, le soliste et chef d’orchestre Christian Zacharias et l’OCL ont joué deux concertos et une sonate pour piano composés par Mozart, précisément en 1784. Dans une très belle interprétation, à la fois rigoureuse et inspirée.

Tout est virtuosité et délicatesse chez Wolfgang Amadeus Mozart. Plus encore en 1784. C’est d’ailleurs à partir de cette année-là qu’il se considère compositeur et répertorie ses oeuvres dans un catalogue.

Le Concerto pour piano No 14 en mi bémol majeur K. 449 qui figure en tête de son cahier est celui-là même avec lequel Zacharias et l’OCL ouvrent le concert de samedi. Et là, on sent que Mozart a revisité Bach et Haydn. Ce qui, à l’époque, approfondit son oeuvre et la projette dans la modernité.

«Avec un orchestre de chambre, explique Christian Zacharias, il est toujours possible de mélanger les formes et de moduler l’effectif (2 hautbois et 2 cors, mais sans flûte ni bassons). Ainsi, on peut commencer seul au piano, puis avec quelques cordes, pour finir avec tout l’ensemble.»

Le très nombreux public de samedi soir est alors replongé dans l’Europe des Lumières, qui précède de cinq ans la Révolution française. Car, même à Vienne, Mozart, le musicien, pressent ce tournant fatidique.

C’est à l’image d’un Wolfgang constamment en train de réagir de manière créative que Christian Zacharias dirige avec fougue son orchestre, pour l’instant d’après, le mouvement suivant, se remettre au piano (un Steinway) avec passion.

La Sonate en do mineur K. 457 vient ensuite souligner combien Zacharias est un excellentissime pianiste soliste. Au toucher fin et virevoltant. Lui qui aime par-dessus tout Mozart, le prodige.

Samedi soir, il pleuvait sur juillet et le Vieux Pays du Valais faisait peine à voir. Quand, soudain, la musique de Mozart raisonna de toute sa lumière éclatante dans le grand hall de la Fondation Gianadda.

Et cela, tout particulièrement à la fin du récital, dans le Concerto pour piano No 19 en fa majeur K. 459, où les basses profondes ont répondu joyeusement aux aigus cristallins, où les violons de l’OCL ont dialogué savoureusement avec le piano de Zacharias. Bref, où l’échange des uns et des autres a donné le vertige à la médiocrité et a su redonner un peu de sens à nos vies.

Emmanuel Manzi

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