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Le Musée alpin sonne l’alerte

L’évolution significative des glaciers. Ici, celui d’Aletsch, en 1856 et en 2000. SP

Le Musée alpin suisse, à Berne, propose une exposition intitulée «Halte, changement climatique!»

Etat des lieux en matière de recherche et projections dans le futur… L’exposition, informative, relève aussi d’un engagement.

Cet été, le ciel européen devait être au courant des projets immédiats du Musée alpin de Berne: une exposition consacrée aux modifications climatiques. «Nous espérons que chacun est désormais très curieux de savoir ce qui se passe», dit en souriant Urs Kneubühl, le directeur.

Le climat évolue, se transforme: plus personne ne met cette affirmation en doute. Mais les causes de cette métamorphose varient selon les interlocuteurs. Priorité à la responsabilité humaine ou évolution normale de la planète Terre?

A Berne, on a choisi son camp: «Ce que nous voyons ici, ce sont les résultats des chercheurs. Or, ce que l’on constate, c’est qu’ils sont sûrs que l’influence de l’Homme est très marquante. Le CO2, avant tout, est responsable du réchauffement», répond Urs Kneubühl.

Lequel affirme par ailleurs que, sans qu’il y ait eu au Musée alpin une volonté préalable de défendre un point de vue réellement politique, l’intention était tout de même de sensibiliser le public à cette problématique.

Pas de «prise de tête»

Le rose pétant et le vert fluo habillent la salle où se tient l’exposition. Démarche qui n’est pas gratuite: le but est d’informer, pas de donner dans le catastrophisme.

Vastes panneaux, illustrations nombreuses et textes courts, les organisateurs ont choisi l’efficacité. Avec une approche vulgarisée, mais qui se veut rigoureuse, car dûment contrôlée par toute une équipe de scientifiques.

La réflexion peut être prolongée grâce aux bornes informatiques qui balisent l’exposition, mais aussi grâce à l’abondante documentation que le visiteur pourra emmener avec lui en fin de parcours.

«Le thème est si compliqué qu’on n’a pas pu tout développer. Ce que nous voulons ici, c’est réveiller l’intérêt des gens et leur donner les références qui leur permettront de trouver des détails complémentaires», précise Urs Kneubühl.

La liste est longue

Pour commencer, l’exposition aborde le phénomène dans sa globalité. La dimension planétaire de la problématique, et surtout, l’interaction de tous les éléments qui participent du climat.

Des expériences récentes et douloureuses sont évoquées: extrêmes météorologiques, tempêtes (Lothar), inondations (le village de Gondo), ainsi que leurs répercussions en matière de coûts.

Puis, bien sûr, la responsabilité de l’homme: industrie, chauffage, et surtout transports. Le poids est mis sur les effets différés de ces atteintes: «La vie des générations futures est conditionnée par les substances agissant sur le climat que nous émettons actuellement», dit un panneau.

Alors l’exposition nous amène dans un futur proche: érosion stupéfiante des glaciers, appauvrissement du «château d’eau» helvétique, enneigement de moins en moins garanti.

«D’après des modèles numériques, seuls les domaines skiables situés au-dessus de 1600 mètres auront un enneigement assuré dans trente ans», apprend-on. Actuellement, seule la moitié des stations suisses répondent à ce critère. Un canon à neige, trônant au milieu de la salle, illustre le propos.

Prise de conscience

En supervisant le montage de l’exposition, le directeur a-t-il été particulièrement frappé, voire choqué par un aspect de cette vaste thématique? «Oui, par le recul des glaciers. C’est quelque chose qui se visualise très clairement», répond-il.

Et d’ajouter: «Et également par le fait qu’on sait depuis vingt ans que les combustibles fossiles sont le problème. Et qu’il n’y a toujours pas de diminution de leur utilisation.»

Raison pour laquelle le musée interpelle son public à travers différentes animations. Quelques questions sous forme de sondage, dont les résultats sont publiés sur son site web. Ou des bulletins à remplir, sur lesquels on peut inscrire ses bonnes résolutions.

Ou encore grâce à une étrange balance qui, une fois que vous avez déplacé des poids représentant vos différentes habitudes de vie (bain ou douche, voiture ou train, type de repas ou de vacances etc.), vous dira si votre niveau de consommation d’énergie est comparable à celui d’un Africain, d’un Européen occidental ou, pire, largement pire, d’un Nord-Américain.

swissinfo, Bernard Léchot

– L’exposition «Halte, changement climatique!», au Musée alpin de Berne, est à voir jusqu’au 31 mai 2004.

– Elle a été montée dans la perspective des 54e Journées des géographes de langue allemande, qui se tiendront du 28 septembre au 4 octobre à Berne.

– Elle a été conçue sous la direction d’un groupe de travail comprenant des professeurs de l’institut de géographie de l’Université de Berne, le directeur du centre de compétence suisse sur le climat et des spécialistes du Musée alpin.

– Jusqu’au 12 septembre, la Kunsthalle de Berne propose une déclinaison artistique du même thème. Avec des œuvres de Leo Fabrizio (photo), Ari Marcopoulos et Mike Tyler (vidéo), Josef Felix Müller (peinture), Mariele Neudecker et Jean Stern (sculpture), George Steinmann (installation).

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